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Qui contrôlera Facebook ?

« Facebook, c’est notre gagne-pain mais c’est votre problème » pourrait dire Mark Zukerberg paraphrasant Richard Nixon qui parlait du dollar en s’adressant à une délégation européenne. On pourrait aussi dénoncer « la convention qui attribue au réseau social des privilèges exorbitants » en paraphrasant le général de Gaulle lors la conférence de presse tenue en 1965.

Donald Trump est interdit à vie sur Twitter et sur Facebook (et Instagram) jusqu’en 2023. En fonction de ses propres opinions, on pourrait s’en féliciter, s’en offusquer voire s’en étrangler. Examinons déjà la décision prise par le réseau social qui réunit plus de 2 milliards d’habitants. Pour cela, il suffit d’analyser le texte que Nick Clegg a publiée cette semaine (In Response to Oversight Board, Trump Suspended for Two Years; Will Only Be Reinstated if Conditions Permit). Le Vice President of Global Affairs de Facebook rappelle d’abord qu’une commission ad hoc instituée pour statuer sur la question Trump et au-delà pour la mise en œuvre d’une sorte de charte de bonne conduite.

A la suite des sombres événements du 6 janvier, la commission a donc suspendu le compte Facebook pour une durée indéterminée mais en demandant au réseau social de définir une réglementation et de réviser la décision prise à l’encontre de Donald Trump au regard de cette nouvelle réglementation.

Cette semaine donc, Facebook a annoncé la mise en place d’un protocole pour examiner les cas exceptionnels. Etant donné la gravité des circonstances, Facebook a suspendu le compte de Donald Trump pour deux ans à l’issue desquels elle pourra revoir cette sanction en évaluant les différents éléments : « instances of violence, restrictions on peaceful assembly and other markers of civil unrest ».

Si Bill Gates voulait mettre un PC sur chaque bureau et dans chaque salon, Facebook a défini sa mission de manière beaucoup plus ambitieuse : « Our mission is to give people the power to build community and bring the world together ». On peut juger le résultat.

Par le biais de l’affaire Trump, le réseau social a donc revu sa politique de régulation du contenu avec un niveau de sanctions proportionnées aux manquements. Même si elle se prétend « proportionné », juste et transparente », elle n’en n’est pas moins problématique. On peut juger déjà des maladresses du texte de Nick Clegg lorsqu’on lit : « Of course, this penalty only applies to our services – Mr. Trump is and will remain free to express himself publicly via other means ». On se demande pourquoi il se sent obligé d’écrire une telle évidence.

Mais surtout, le réseau social ne semble pas comprendre la notion de checks and balances : « The Oversight Board’s decision is accountability in action. It is a significant check on Facebook’s power, and an authoritative way of publicly holding the company to account for its decisions. It was established as an independent body to make binding judgments on some of the most difficult content decisions Facebook makes, and to offer recommendations on how we can improve our policies ».

Car c’est Facebook qui nomme ce comité qui n’a pas de pouvoir contraignant et qu’elle peut révoquer à tout moment. On ne peut que douter de sa volonté de prendre des décisions qui mettrait en péril son business model : attirer le plus de membres et vendre leurs informations personnelles. Un peu comme si on demandait à un incendiaire de jouer le rôle de pompier. Facebook ne peut et ne pourra jamais être son propre régulateur.

Les patrons des réseaux sociaux, notamment Mark Zuckerberg et Jack Dorsey, ont été auditionnés à plusieurs reprises devant des commissions du Sénat. Mais à ce jour, il n’en n’est pas sorti grand-chose. Les républicains veulent les casser plus parce qu’ils considèrent qu’ils leur sont défavorables que pour tout autre raison. Donald Trump avait menacé de réviser la section 230 du Communication Decency Act même s’il n’avait aucun pouvoir pour le faire. Cet amendement de la loi votée en 1996 est indispensable à la survie des réseaux sociaux. Il permet de les considérer comme des plateformes n’ayant aucune responsabilité sur ce leur site et non comme un média de presse. On ne pourra faire l’économie d’une réforme en profondeur de la réglementation des réseaux sociaux.

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Liste des santions établies par Facebook

For most violations on Facebook, strikes will lead to the following restrictions:

One strike: Warning and no further restrictions
2 strikes: One-day restriction from creating content, such as posting, commenting, using Facebook Live or creating a Page.
3 strikes: 3-day restriction from creating content.
4 strikes: 7-day restriction from creating content.
5 or more strikes: 30-day restriction from creating content.

La lecture des sanctions établies par Facebook fait un peut penser au sketch de Coluche : « Parce qu’au bout de 30 avertissements, on peut avoir un blâme ! Et au bout de 30 blâmes, on passe devant un conseil de discipline et on peut être dégradé ! Robert y s’en fout, lui, il est pas gradé ! »

Counting strikes

Taking down violating content
Restricting accounts
Restricting accounts by public figures during civil unrest
Disabling accounts
Removing Pages and groups
Reducing the distribution of problematic content
Providing context on sensitive or misleading content

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