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Quel rôle pour les évangéliques ?

« If a critical percentage – say 5% – of evangelicals who voted for Trump in 2016 don’t this year, he can’t win. That’s why I’ve decided to dedicate much of my time and efforts in 2020 to reaching those voters. Because a deal with Democrats is better than a deal with the devil ».

C’est ce qu’écrit Robb Ryerse, pasteur à Fayetteville dans l’état de l’Arkansas dans un article intitulé « I’m a Pastor Who Ran for Congress as a Republican. Here’s Why I’m Encouraging My Fellow Evangelicals Not to Vote for Donald Trump ». On le sait le vote des chrétiens blancs évangéliques sera décisif dans la prochaine élection comme il l’a été en 2016. Donald Trump a fait le plein en engrangeant 80 % de leur voix contre seulement 16 % à Hillary Clinton. Un score supérieur à celui de George W. Bush (78 %-21 % à la sortie des urnes) qui avait pourtant joué sur la corde religieuse en se présentant comme un « born-again ». Même si leur nombre est plutôt en diminution, les évangéliques restent une force politique puissante avec laquelle il faut composer.

On le sait la religion joue (encore) un rôle important dans la politique américaine. Les républicains jouent cette carte à fond (les évangéliques se disent républicains ou de tendance républicaine à 76 %). Les démocrates ne savent pas toujours le faire. Si Bill Clinton n’avait aucune difficulté à intégrer des messages religieux dans ses discours, d’autres ont eu plus de mal à se connecter avec des audiences religieuses. Dans son livre The Party Faithful: How and Why Democrats Are Closing the God Gap, Amy Sullivan considère que le facteur religieux a joué un rôle important dans la défaite de plusieurs candidats démocrates, Walter Mondale en 1984, Mike Dukakis en 1988 et plus récemment John Kerry en 2000. En revanche, Jimmy Carter et Barack Obama ont gagné grâce à leur capacité à intégrer la religion dans leur discours politique. Dans des registres très différents.

Pour Robb Ryerse, la goutte qui a fait déborder le vase est la participation de Donald Trump à la « March for Life », la manifestation annuelle organisée à Washington DC par les militants anti-avortement. C’est la première fois qu’un président participe à cet événement. Et pour cette initiative, il a reçu le soutien de nombreux leaders politiques et religieux. Mais pour Robb Ryerse, c’est là un simple et unique calcul politique. Et de faire remarquer que Donald Trump n’était pas contre l’avortement quand il a commencé à faire campagne en 2016. D’ailleurs, si pour être réélu il fallait être pour l’avortement, il est clair que cela ne lui poserait aucune difficulté.

Certains électeurs ont voté ou voteront pour Donald Trump uniquement cette question de l’avortement. Mais pour le pasteur « To vote for him because he sees the political expediency of supporting restrictions on abortion is a Faustian deal with the devil that is ultimately more likely to exact greater cost than reward ».

 

 

Cette prise de position n’est pas générale tant s’en faut, mais elle n’est pas unique non plus. En décembre dernier, dans un éditorial qui avait fait grand bruit, Mark Galli, rédacteur en chef de Christianity Today, un magazine créé par Billy Graham, avait pris position clairement : « Trump Should be Removed from Office ». Les arguments avancés par Mark Galli sont politiques – l’affaire ukrainienne – mais aussi religieux : « he should be removed, we believe, is not a matter of partisan loyalties but loyalty to the Creator of the Ten Commandments » et aussi « Mr. Trump’s immoral words and behavior in the cause of political expediency ».

Ce sont là deux avis sans appel mais qui ne reflètent sans doute pas l’opinion générale des évangéliques dont la majorité pense que Donald Trump a certes été élu par les citoyens américains mais surtout conformément au dessein formulé par Dieu lui-même. L’interview sur Fox News de Robert Jeffress, pasteur de la First Baptist Church à Dallas, Texas est exemplaire.

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