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New Hampshire : Biden à la peine

Osera-t-on dire qu’un coureur de 10 000 ayant 5 mètres d’avance sur le peloton au bout du premier tour est assuré de gagner ? Cependant, que dire du coureur qui semble claudiquer et se faire lâcher par le groupe de tête dès les 500 premiers mètres ? C’est un peu la situation face à laquelle se trouvent les commentateurs politiques après les résultats de la deuxième étape des primaires démocrates qui s’est tenu hier dans l’état du New Hampshire.

Résultats avec 90 % des bulletins dépouillés

Résultats par rapport aux sondages : la surprise d’Amy Klobuchar

Nombre de délégués obtenus à la suite de l’Iowa et du New Hamphire

A l’issue des deux premières étapes, Bernie Sanders et Pete Buttigieg se détachent des autres candidats et acquièrent donc un capital psychologique et médiatique dans la course à la candidature. L’ex-maire de South Bend a acquis 22 délégués quand Bernie Sanders en a engrangé 21. Mais faut-il rappeler qu’il faudra en amasser plus de 1900 délégués pour remporter la nomination à la convention démocrate qui se tiendra en juillet prochain à Milwaukee dans le Wisconsin ? Et aussi que les petits Etats de l’Iowa et du New Hampshire ne reflètent en rien la démographie des Etats-Unis. Leur électorat à 90 % Blancs n’inclut pas les voix des minorités noires et hispaniques. Et aussi, Michael Bloomberg n’est pas encore entré dans la course. Le fondateur de la société éponyme et l’ex-maire de New York va entrer en piste début mars lors des 14 primaires du Super Tuesday avec son important capital image et ses poches pleines de milliards de dollars.

Au fur et à mesure qu’elles se déroulent, la règle des primaires n’est pas tant de dire qui va gagner, mais plutôt d’observer qui n’est pas en mesure de se maintenir dans la course. Et sur ce point, Joe Biden, alors même qu’il était il y a quelques mois un des favoris, semble aujourd’hui en très mauvaise. Car finir 4e, puis 5e dans une primaire pour un ancien vice-président n’est pas de bon augure. D’ailleurs, les résultats n’étaient pas publiés qu’il a filé en Caroline du Sud pour préparer la prochaine étape. Il devrait pouvoir corriger le tir, notamment en raison de son image vis-à-vis des minorités, nettement meilleur que celle de tous ses concurrents.

Quelles peuvent être les raisons de ces deux contre-performances de Joe Biden ? Est-ce que le doute s’est instauré dans les esprits à la suite de l’affaire ukrainienne et aux attaques répétées de Donald Trump ? Sont-ce des performances très moyennes lors des débats ? Est-ce l’âge avancé du candidat ? On peut juste dire que cette dernière explication n’est pas la bonne puisque Bernie Sanders le précède de quelques mois. Et que la question ne s’est jamais posée pour Donald Trump alors qu’il est à peine plus jeune. D’ailleurs, cette question de l’âge peut être à double tranchant. On se souvient comment Ronald Reagan l’avait transformée à son avantage lors d’un débat qui l’opposait à Walter Mondale. L’ancien président avait, en d’autres occasions, utilisé à son avantage la question de l’âge en rappelant que Thomas Jefferson comptait parmi ses amis. On ne le sait que trop, l’humeur peut être une arme redoutable.

 

Alors que le « vieux » Bernie Sanders attire à lui les voix des plus jeunes, le « jeune » Pete Buttigieg a la force inverse de recueillir le soutien des générations les plus avancées. Un chassé-croisé assez surprenant. Aujourd’hui comme au soir de la convention démocrate, deux questions essentielles se posent et se poseront. Quel est le meilleur candidat pour battre Donald Trump ? Sans doute la question la plus importante pour le camp démocrate et pour ses soutiens. Quelle est l’orientation politique qui va gagner : celles des centristes dont Pete Buttigieg est le représentant ou celle des libéraux dont Bernie Sanders est le porte-drapeau ? Sur un plateau télévisé, face à Donald Trump, cette dernière question est presque secondaire tant il s’agira de déstabiliser le président candidat avec des arguments qui traitent plus du magazine People que de questions par exemple liées à l’équilibre géostratégique du monde. Et aussi de trouver les attaques qui feront vaciller l’ego de Donald Trump. Sur ce chapitre, Michael Bloomberg semble avoir trouvé la recette dans la confection des publicités contre le président en place.

Dans ce duo de tête, Bernie a aussi un avantage financier, car la collecte de fonds qui ne semble pas faiblir (il a récolté 25 M$ en janvier et fait état de 600 000 contributions sur les 9 premiers jours de février) va lui permettre de poursuivre une campagne dans les meilleures conditions.

Quel que soit le gagnant, l’essentiel sera que sa victoire ne soit pas un obstacle à une réunification du camp démocrate avant la convention de juillet. Car on se souvient que, en 2016, dans la lutte parfois obscure, entre Hillary Clinton et Bernie Sanders, le report des soutiens du dernier sur la première ne s’est pas fait sans difficulté.

 

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