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Les syndicats des carottes et des tomates contre-attaquent

En ce jour du 26 février 2021, l’heure était grave. Le syndicat des carottes et le syndicat des tomates tenaient une réunion pour réagir à l’offensive des pommes de terre visant à accentuer leur hégémonie et plus particulièrement pour étudier le cas de Mr Potato Head. Car pour asseoir un peu plus le monopole de ce champion du monde des tubercules, son concepteur avait décidé de supprimer son titre de civilité « Mr » pour l’appeler de manière un peu cavalière Potato Head. Une telle familiarité ne pourrait-elle pas heurter ? Non dans le milieu des pommes de terre, la pratique était devenue courante. C’était une communauté particulièrement avancée dans ses conceptions sociales, car qu’est-ce qui ressemble plus à une pomme de terre qu’une pomme de terre. Pourquoi créer des différences qui n’existent pas ? Les familles de pomme de terre étaient très malléables, on pouvait les créer à sa guise. Un parent, deux parents, pas d’enfant, un enfant, plusieurs enfants, toutes les combinaisons étaient désormais possibles.

Mais les syndicats des carottes et de tomates n’étaient pas naïfs. Ils avaient bien compris les motivations de cette nouvelle offensive. Ils en appelèrent au Haut Conseil des sages des légumes qui regroupait des populations très diverses : celles des racines, des tubercules, des pétioles, des feuilles, des fleurs, des graines. Il s’était même élargi aux algues, à certaines catégories de champignons et aux truffes. Ce qui n’avait été sans créer de problèmes pour celles qui n’avaient pas été acceptées. Ils envoyèrent une pétition intitulée : « pour en finir avec la supériorité des pommes de terre ». Ce titre ne faisait pas dans la dentelle et allait droit au but. Les carottes et les tomates s’étaient associées pour le moment face à celle qui était devenue l’adversaire du moment : la pomme de terre. Mais défendaient-elles les mêmes intérêts ?


Face aux réactions suscitées par l’annonce de supprimer le titre de civilité « Mr », Hasbro s’est fendu d’un tweet indiquant qu’il continuerait à commercialiser Mr et Ms Potato Head individuellement. On est rassuré.


Le Haut Conseil des Sages des légumes se réunit en assemblée extraordinaire pour étudier cette question de la plus haute importance et la traiter dans les plus brefs délais pour éviter que d’autres catégories de légumes ne reprennent à leur compte ces mêmes revendications. Il fallait éteindre l’incendie au plus vite. Après de longues délibérations où chaque famille de plante potagère défendait ses intérêts propres plus que le bien commun, le Haut Conseil fut néanmoins en mesure de voter une motion commune qu’il publia ensuite sous la forme d’un long communiqué alambiqué dont la clarté le disputait souvent à la complexité des formulations. Il est vrai, le sujet n’était pas simple.

Et l’effet ne fut pas celui qui était recherché, car si la rédaction était souvent obscure, la compréhension en fut immédiate. Le syndicat des carottes avait compris que, malgré toutes les qualités dont elles faisaient état, les carottes avaient un gros problème : une forme allongée qui n’était pas adaptée. Il réagit violemment contre cette déclaration en affirmant que c’était une discrimination insupportable. Oui la carotte est allongée, mais pourquoi faudrait-il qu’elle soit ronde ? Faudrait-il qu’elle s’engage dans une une transformation qui peut-être, à terme, permettrait de prendre un peu plus de rondeur ? Non, trois fois non, la carotte est allongée et le restera. S’il était possible d’avoir des Potato Heads, il doit tout aussi possible d’avoir des Tomato Heads. Le syndicat n’en démordrait pas et poursuivrait sa lutte.

En lisant le communiqué, les responsables du syndicat des tomates reprenaient espoir. Car quoi de plus rond qu’une tomate. Bien plus rond que la pomme de terre et le plus souvent dans des formes beaucoup plus régulières et harmonieuses. Et si besoin était, elles pouvaient aussi se présenter sous toutes les formes et les couleurs souhaitées : allant de l’allongée, à la biscornue, en passant par l’ovale et la ronde charnue, elle peut être jaune, orange, verte, noire blanche, rose, bariolée, zébrée, tâchée. Bref, un légume idéal pour représenter la diversité pensaient les responsables du syndicat. Peut-être, mais le Haut Conseil des Sages des légumes ne l’avait pas vu de cet œil-là. Le problème était que la tomate n’avait jamais réussi à se positionner en légume ou en fruit. Cette question n’était pas nouvelle. De telle sorte que le communiqué indiquait que le Haut Conseil des Sages des légumes ne pouvait donc pas prendre de décision sans en référer au Haut Conseil des Sages des fruits. Le syndicat des tomates n’étaient pas dupe. Il avait compris que c’était là un moyen de procrastiner et de ne pas prendre position.

La situation n’avait donc pas vraiment évolué. Le syndicat des pommes de terre s’était bien gardé de s’exprimer sur une question aussi délicate. Il publia néanmoins un communiqué expliquant qu’il comprenait la démarche des syndicats des carottes et des tomates, mais qu’il prenait acte de la décision du Haut Conseil des Sages des légumes. En clair, il savourait sa victoire, mais en se gardant bien de le manifester. D’autant qu’une autre question avait surgi depuis quelques temps. Fallait-il changer le nom et ne plus écrire « le syndicat des pommes de terre », mais « syndicat.e des pommes de terre » et adopter ainsi une forme indéterminée plus dans l’air du temps. Evidemment, cela compliquait un peu à l’oral : « Syndicat point e des pommes de terre ». Une autre question était aussi à l’ordre du jour : fallait-il élargir le syndicat aux patates douces ?


Au début, les accessoires de Mr Patate pouvaient être piqués sur n’importe quel légume et pourquoi pas n’importe quel fruit. Mais son appellation poussait à utiliser la pomme de terre.  

Créé par l’inventeur George Lerner en 1949, Monsieur Patate est commercialisé aux États-Unis pour la première fois en 1952, sous le nom de Mr. Potato Head, par Hasbro. La même année il est le premier jouet à bénéficier d’une publicité télévisuelle. Il s’agit alors d’un ensemble d’accessoires en matière plastique à ficher sur un légume qui fait office de tête ; il est ainsi possible de fixer sur une pomme de terre des mains, des pieds, un nez, des yeux, des oreilles, une bouche, un couvre-chef, des lunettes, une pipe, des cheveux, des sourcils, etc. Le but de George Lerner est de faire aimer les légumes aux enfants.

Mme Patate apparaît dès 1953 et se marie avec M. Patate le jour de la Saint-Valentin, ce qui donne naissance à toute une gamme de produits : la voiture du couple, leur bateau, leur avion, etc.

(Source : Wikipédia)


 

 

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