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Les rapports entre Donald Trump et sa base

Quels que soient les événements, les actes, les déclarations qui feraient changer d’avis n’importe qui sur l’ancien président des Etats-Unis, il semblerait qu’ils aient l’effet inverse et qu’ils renforcent l’adhésion et le soutien de ses supporters. C’est là une étrange relation qui s’est créée entre Donald Trump et ceux que l’on appelle sa base. Donald Trump l’avait très vite compris et sait en jouer avec une extraordinaire virtuosité. « I could stand in the middle of Fifth Avenue and shoot somebody, and I wouldn’t lose any voters, OK?” avait-il déclaré en janvier 2016 lors des primaires à Dordt College in Sioux Center (Iowa). “It’s, like, incredible. »

C’est là un phénomène difficile à comprendre auquel s’est attelé Bob Altemeyer, professeur émérite de psychologie de l’Université du Manitoba où il a étudié les régimes autoritaires pendant quarante ans et publié plusieurs ouvrages et études sur le sujet (The Authoritarians).

En avril 2018, un an et demi après l’entrée de Donald Trump à la Maison Blanche, Il a publié un premier article intitulé Why Do Trump’s Supporters Stand by Him, No Matter What?. On avait déjà l’expérience de la campagne et de première moitié de son mandat pour se poser cette question.

La liste des failles du candidat et du président est pour l’auteur plutôt longue : « He has made so many unforced errors because of his lack of understanding and low problem-solving intelligence, his vast ignorance, his enormous, never-ending dishonesty which seems as reflexive as his breathing, his explosive hostility, his uncontrollable vanity, his despicable demeaning of women, his squalid vulgarity, the stupidity of his stereotypes, the shabbiness of his thinking, the buffoonery of his parading, his attacks on the institutions he needs most to safeguard the country, his incredibly poor judgment about the character of those whom he has brought into his administration, his equally mind-numbing lack of judgment about foreign leaders, friend and foe, and  his willingness to inflame Americans’ disagreements and turn them into conflagrations which make us that deeply divided house which the Gospels and Abraham Lincoln warned against—how can his supporters have stood so solidly behind him? You’d think they’d be having some second thoughts at least ».

En 2020, même s’il a été largement battu par Joe Biden de sept millions de voix, il a malgré réuni 74 millions de votes populaires contre 62 millions en 2016. Il est vrai que la participation était beaucoup plus élevé : 158 millions contre 135 millions.

En mai 2023, après l’expérience du 6 janvier, de la tentative de coup d’état, de la perpétuation du big lie, Bob Altemeyer, complète sa liste d’infamie (Why Do So Many People Still Support Donald Trump?) lui permettant de reposer la même question à la lumière de ce qu’il a fait en tant que président : « The attempted bonding with Putin, and Kim Jong Un, the threats to NATO and other allies, the further degradation of the climate, the Ukraine scandal, the complete mishandling of the COVID threat that cost hundreds of thousands of American lives, the endless proven lies that cascaded out of @realDonaldTrump ».

Pourquoi tous ces agissements n’ont aucun impact sur les supporters de Donald Trump ? ce dernier utilise principalement deux méthodes : D’abord en les présentant comme de l’acharnement de tous ceux qui lui veulent du mal avec des messages du type :

« The same people that illegally spied on my Campaign, created the Fake Dossier, cheated and rigged our sacred Presidential Election, tried and failed with Impeachment Hoax #1, Impeachment Hoax #2, pushed for years the Russia, Russia, Russia Scam, invited the “No Collusion” Mueller Bull…., FBI/Twitter Files, FBI FACEBOOK Collusion, put the top DOJ official into the local D.A.’s Office to run the Witch Hunt in Manhattan, and more, are those that are now pushing the Boxes Hoax against TRUMP. » (Message tiré de son fil sur le site Truth Social)

Ensuite par la méthode du relativisme. Pourquoi s’attaquer à lui alors que d’autres (à commencer par Joe Biden qui sera son adversaire en 2024) ont fait bien pire : « HOW CAN DOJ POSSIBLY CHARGE ME, WHO DID NOTHING WRONG, WHEN NO OTHER PRESIDENT’S WERE CHARGED, WHEN JOE BIDEN WON’T BE CHARGED FOR ANYTHING, INCLUDING THE FACT THAT HE HAS 1,850 BOXES, MUCH OF IT CLASSIFIED, AND SOME DATING BACK TO HIS SENATE DAY WHEN EVEN DEMOCRAT SENATORS ARE SHOCKED. ALSO, PRESIDENT CLINTON HAD DOCUMENTS, AND WON IN COURT. CROOKED HILLARY DELETED 33,000 EMAILS, MANY CLASSIFIED, AND WASN’T EVEN CLOSE TO BEING CHARGED! ONLY TRUMP – THE GREATEST WITCH HUNT OF ALL TIME! ».

Ces deux méthodes sont très efficaces.

Dans son article de 2018, Bob Altemeyer explique que la plupart des supporters de Trump appartiennent au camp des adeptes des régimes autoritaires : « The main reason, I submit, is that most of Trump’s backers are authoritarian followers—people who submit too much to the leaders they consider legitimate, trust them too much, and give them too much leeway to do whatever they want ». Et selon les études sociologiques réalisées depuis les années 1970, ils se recrutent principalement dans les rangs des conservateurs. Toujours selon l’auteur, les études montrent que ces personnes valident leurs opinions en choisissant leurs amis et leurs cercles de relation en vue de les renforcent. De ce point de vue, les réseaux sociaux accentuent considérablement ce phénomène en créant un univers du « nous versus eux ». Dogmatisme et préjugés y prennent une place importante.

Donald Trump a su habilement utiliser ces éléments structurants dès l’annonce de sa candidature en 2015 en se présentant comme un homme fort (rappelons qu’il a tout fait pour ne pas aller faire la guerre du Vietnam, certainement pas par conviction) capable de les défendre contre les immigrants mexicains voleurs et violeurs en faisant construire un mur.

Dans son article de 2023, forts de leur expérience de l’ex-président, les supporters inconditionnels (entre 30 et 40 % du parti républicain) ne semblent ébranlés de tous les agissements du personnage depuis cinq ans. Au contraire. Bob Altemeyer indique qu’ils sont à classer en deux grandes catégories : les évangélistes blancs et les hommes blancs ayant moins de quatre ans d’études supérieures (typiquement les cols bleus de la Rust Belt).

Les premiers qui ont voté dans leur très grande majorité Donald Trump en 2016 et 2020 sont le plus souvent mobilisés par un seul thème : l’avortement dont ils souhaiteraient ardemment qu’ils soient interdits. De ce point de vue, l’ex-président a tenu ses engagements en nommant trois juges conservateurs à la Cour Suprême dont la présence dans la troisième branche du pouvoir a permis d’abroger l’arrêt Roe v. Wade, vieux de près d’un demi-siècle.

Les seconds sont des nostalgiques d’une époque révolue dans laquelle l’Amérique chrétienne blanche gouvernait le pays et dirigeait la société. L’auteur évoque la chanson d’Archie Bunker, un personnage de fiction de la série télévisée américaine All in the Family (1971-1983) qui « met en scène ce personnage particulièrement antipathique : petit blanc obtus du quartier New Yorkais du Queens, contraint de partager son toit avec sa fille et son gendre, tous deux engagés dans les mouvements contestataires de la gauche américaine (Source : Wikipedia) : « Everybody knew their place, guys like us we had it made ». Ils se reconnaissent dans le slogan Make American Great Again (MAGA), l’une des deux devises de Donald Trump avec America First. Depuis son inculpation dans l’affaire des documents classés secret défense, Donald Trump a eu l’occasion de s’exprimer sur le fil de son réseau Truth Social et lors d’une réunion en Géorgie. Et il n’hésite pas une seconde de faire tout ce qui est son pouvoir pour mobiliser ses soutiens. Générer le chaos ne lui pose aucun problème (Trump Supporters’ Violent Rhetoric in His Defense Disturbs Experts). Le 6 janvier 2021 l’a prouvé.  

Il a juste oublié les socialistes!

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