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Le pari de General Motors, un pari pour l’Amérique

Ce pari pour GM est un pari pour les États-Unis reprenant la formule du président Eisenhower choisie en 1953 pour secrétaire à la Défense le PDG de la firme automobile, Charles Wilson : « Ce qui est bon pour General Motors est bon pour les États-Unis. » En 2008, au moment de la crise financière la plus grave depuis 1929, General Motors était au bord de l’abîme. Et elle n’a pas fait un grand pas en avant comme le dit l’histoire drôle, grâce au plan de sauvegarde ficelé par Barack Obama. Aujourd’hui, la GM nouvelle manière vient de faire une annonce qui sonne comme un coup de tonnerre dans un ciel qui n’est plus si serein que ça : En 2035, l’entreprise s’engage à ne plus vendre de voitures émettant des gaz à effet de serre, autrement dit des voitures fonctionnant au pétrole.

En fait la déclaration de Maria Bara, la patronne de GM, est un peu plus nuancée et laisse place à quelques interprétations. Elle a indiqué que son entreprise « aspirait » à ne plus construire d’ici à 2035 de voitures à émissions polluantes. Par ailleurs, le fabricant de voitures ne s’est pas ouvertement engagé à n’offrir que des véhicules électriques en 2035, mais « nous prenons des mesures pour y parvenir », a précisé une porte-parole à l’Agence France-Presse (AFP). « Cela demandera la collaboration du reste du secteur, des gouvernements et des clients. » Néanmoins le virage est important et il constitue un immense pari.

On remarque que cette déclaration intervient dans un contexte politique qui a totalement changé en ce qui concerne l’environnement. Pendant tout son mandat, Donald Trump s’était attaché à moquer les défenseurs de l’environnement de tous poils, et à supprimer les réglementations pesant sur cette industrie. Sa seule préoccupation était que les constructeurs automobiles rapatrient les usines aux États-Unis (ce qui du point d’un Américain n’est pas critiquable). À peine arrivé à la Maison-Blanche, Joe Biden a fait un virage à 180 degrés avec quelques mesures comme rejoindre l’accord de Paris sur le Climat, stopper la construction du pipe-line ou l’exploration des zones pétrolifères en Alaska.

 

Le Hummer électrique, un oxymore environnemental ?

L’annonce de GM intervient seulement trois semaines après son entrée dans le bureau ovale de Joe Biden et Maria Bara fait montre d’un opportunisme étonnant. Lorsque Donald Trump est devenu président, elle a fait du lobbying pour relâcher les normes sur la consommation énergétique des automobiles. Avec succès puisque les normes ont été ramenées à 40 miles par gallon (1 mile = 1609 m et un gallon = 128 onces liquides = 3,785 l ; ce qui représente un peu moins de 6 litres au 100 km) alors qu’elles avaient été fixées ) 54,5 miles per gallon en 2025. Juste après les élections, Maria Bara a également retiré la participation de son entreprise du procès contre l’état de Californie pour l’empêcher de maintenir ses propres normes environnementales. Et aujourd’hui, une semaine après le décret sur le changement climatique, elle fait cette annonce sur les véhicules électriques (Source : Washington Post). Bref, le rapport entre les politiques et les entreprises est toujours compliqué.

Cette annonce intervient à un moment où les constructeurs sont en grandes difficultés avec un marché mondial laminé par la crise de la Covid. Et aucun constructeur n’est épargné. Dans ce paysage sombre, Tesla tire son épingle du jeu mais avec un nombre d’unités produites est nettement plus faible : en 2020 la firme de Fresno devrait produire 500 000 véhicules là où les premiers fabricants mondiaux dépassent largement les 10 millions d’unités. Et pourtant, le cours de l’action a connu une véritable envolée en passant de 130 à près de 800 dollars portant la capitalisation boursière à près de 800 milliards de dollars, un montant dix fois supérieur à celui de General Motors.

 

La décision de GM pose n’implique pas seulement le fournisseur et ses clients mais à des implications qui vont toucher l’ensemble du pays en particulier avec la nécessité d’adapter les infrastructures. D’abord modifier les stations essence qui vont devoir devenir les stations électrique avec en plus une période transitoire qui va devoir durer de longues années pendant lesquelles elles devront proposer les deux types d’énergie. Les maisons individuelles pourront être équipées assez facilement mais il n’en sera pas de même pour les zones urbaines denses.

Ensuite, le réseau électrique américain – qui est encore assez vétuste – va devoir se moderniser et faire face à une croissance évaluée à 25 %. Il en est de même pour les centrales électriques. Car fabriquer de l’électricité avec des centrales à charbon, très polluantes, n’est pas l’idée la plus rationnelle pour alimenter des véhicules fonctionnant à l’électricité (Ce changement améliore la situation car les moteurs électriques sont beaucoup plus efficaces que les moteurs à essence). Mais pour qu’elle trouve toute son efficacité, il faut aussi qu’elle s’accompagne d’un passage vers de l’énergie renouvelable et éventuellement du nucléaire (qui représente seulement 20 % de la production d’électricité contre 80 % en France).

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