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Joe Biden : aura-t-il les moyens de sa politique ?

Joe Biden a deux ans devant lui pour mettre en œuvre sa politique. Et encore, les majorités des démocrates à la Chambre des représentants (222 contre 213) et au Sénat sont très fragiles. Une poignée de défection d’élus démocrates à la chambre basse suffit pour faire capoter toute initiative. Un seul sénateur démocrate ne souhaitant pas soutenir une politique aussi volontariste et tout est remis en cause.

Pour les deux ans qui suivent, la logique ou plutôt l’histoire politique voudrait qu’il perde la majorité dans l’une des deux chambres. Et donc, si les événements se reproduisent à l’identique, c’est l’immobilisme assuré pour la deuxième moitié de son mandat tant les républicains sont dans une posture d’opposition et non de conciliation et de compromis. Le pont de la discorde de Cincinnati le montre assez clairement (voir encadré ci-dessous).

Toutefois, l’histoire ne se répète pas toujours à l’identique. On compare le début de mandat de Joe Biden à celui de Franklin Roosevelt ou de Lyndon Johnson. Il n’est donc pas inutile de se reporter à ces deux périodes. Aux élections de 1934, les démocrates ont gagné 9 sièges (36 étaient en jeu dont 5 élections spéciales) au Sénat, et 9 à la Chambre des représentants. Cette élection donna une majorité écrasante aux démocrates (69 sièges au Sénat et conforta la majorité encore plus écrasante à la Chambre des représentants (332 contre 103) leur donnant ainsi toute latitude d’action. Ces élections ont été présentées comme un référendum au New Deal du président Roosevelt.

La situation de Lyndon Johnson est très différente puisque les élections de mi-mandat de 1966 donne un net avantage aux républicains qui regagnent 3 sièges au Sénat et 47 sièges à la chambre des représentants. Et pourtant, ce succès électoral ne leur permet pas de regagner la majorité dans les deux chambres tant l’avance des démocrates était grande (64 sièges au Sénat et 248 à la Chambre des représentants contre 187 aux républicains).

Quelle hypothèse retenir, celle de FDR ou de LBJ ? Difficile à dire. Mais quelle que soit l’issue des élections de mi-mandat, Joe Biden doit affronter pour les deux premières années de son mandat un niveau de polarisation jamais atteint. Le « Partisan Gap » qui mesure la différence entre les niveaux d’approbation de Joe Biden par les républicains et par les démocrates est de 85 % alors qu’il n’était que de 77 % pour Donald Trump. Et pourtant, indépendamment des opinions politiques, on peut affirmer sans trop s’avancer que la personnalité de Joe Biden est nettement moins clivante que celle de Donald Trump. Avec le temps, ce niveau de polarisation ne fait qu’augmenter : il était seulement de 51 % pour Bill Clinton avec un niveau d’approbation de 28 % chez les républicains. Pour Obama, il était de 30 %. Il y a eu clairement une aggravation de ce phénomène de polarisation avec Donald Trump qui n’a eu de cesse que de diviser le pays en deux : « ceux qui ne sont pas avec nous sont contre nous ».

Par rapport autres présidents depuis Bill Clinton, Donald Trump se distingue assez singulièrement sur plusieurs critères : il est peu soutenu par les femmes (36 %), par les diplômés (36%) ou encore chez les jeunes (31 % chez les 18-29 ans et 40 % chez les 30-49 ans).

Dans tous ces discours, Joe Biden essaie de calmer le jeu, de faire retomber la pression pour permettre au pays de retrouver un climat social normal. Mais il semble bien difficile de faire rentrer le génie dans sa lampe.

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Le Pont de la discorde

En novembre 2020, un camion transportant de l’hydroxyde de potassium s’encastre dans un autre camion sur le pont Brent Spence (Biden’s Expansive Infrastructure Plan Hits Close to Home for McConnell) qui traverse l’Ohio et permet de passer de l’état du Kentucky à celui de l’Ohio. Cet accident à créé un énorme incendie et entraîné la fermeture du pont pendant six semaines.

Le Brent Spence Bridge a été construit il y a 57 ans et son aspect extérieur n’incite pas à la plus grande confiance. D’autant qu’il a été conçu pour la moitié du trafic qu’il supporte aujourd’hui. Et les huit voies dans les deux sens permettent de transporter annuellement 3 % du PIB des Etats-Unis. Récemment, Amazon a ouvert un centre de tri à l’aéroport de Cincinnati/Northern Kentucky International Airport (qui se trouve, comme son nom l’indique, dans le Kentucky) qui s’ajoute à celui de DHL et des centres de distribution pour Wayfairs et Coca-Cola. Flux de marchandises auquel il faut ajouter la circulation des particuliers qui traversent le fleuve dans les deux sens. Selon une étude c’est le second point de congestion le plus important du pays derrière l’échangeur autoroutier à côté de Fort Lee dans le New Jersey qui mène au George Washington Bridge et relie Manhattan.

C’est donc une artère importante majeure de circulation pour laquelle le plan infrastructure de Joe Biden est le bienvenu car le pont nécessite d’être rénové. Tout est pour le mieux puisque Mitch McConnell, le chef de la majorité au Sénat est sénateur du Kentucky et depuis longtemps favorable à des travaux. Oui, mais comme beaucoup de républicains, il ne veut pas entendre parler du plan infrastructure et encore moins d’un quelconque financement par une augmentation des impôts. La rénovation pourtant si nécessaire de ce pont n’est donc pas pour demain.

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