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I pour Impeachment

Est-ce la goutte (très grosse) qui a fait déborder le vase ou « a crime and misdemeanor » défini dans la Constitution qui justifie de lancer une procédure d’Impeachment ? Ou les deux ?

Donald Trump va donc être le 3e président de l’histoire des Etats-Unis à être confronté à une telle action après Andrew Johnson et Bill Clinton, tous deux acquittés par le Sénat. Richard Nixon a démissionné avant même que soit lancée la procédure pour éviter d’être confronté à une telle infamie.

Avant même son élection, Donald Trump s’est présenté comme un candidat antisystème et hors norme défiant toutes les bonnes pratiques et faisant des déclarations provocantes. Cette approche a plu à toute une frange de l’électorat, lui a permis de se défaire de 16 concurrents dans les primaires républicaines et de son adversaire dans l’élection générale.

Une fois qu’il a été élu, certains pensaient – a tort à l’évidence – qu’il endosserait l’habit de président. Mais de fait, Trump a continué à faire du Trump. D’ailleurs, le contraire eut été surprenant, car comment penser qu’un homme de cet âge, habitué presque toute sa vie à diriger une PME familiale sans aucune contradiction ou contre-pouvoirs, puisse changer.

Le média conservateur en ligne « The Bulwark » fait la liste des agissements « anormaux » du candidat et président Trump.

– rire quand un de ses supporters lui suggère de tirer sur les migrants ;

– gouverner via twitter ;

– décider de rencontrer tous les autocrates (dictator) de la Terre sans rien leur demander en retour ;

– un turn over sans précédent des membres de son cabinet et de sa proche administration ;

– demander à l’un de ses directeurs de campagne de passer des notes à son ministre de la Justice (censé être indépendant) ;

– avoir un directeur de campagne condamné à de la prison ferme ;

– Affirmer qu’il n’avait jamais vu un avocat prendre des notes à l’issue de réunions (allusion à Don McGahn) ;

– déclarer qu’il était favorable à l’intrusion d’une puissance étrangère qui lui fournirait des informations sur ses opposants ;

– demander au responsable d’une puissance étrangère d’enquêter sur un rival politique.

Et cette liste n’est pas close

– accorder plus de confiance au président d’une nation étrangère, loin d’être amie (la Russie) qu’à ses propres agences de renseignements ;

– Insulter, intimider et menacer ses opposants politiques ;

– Attaquer quotidiennement la presse en la traitant d’ennemie du peuple.

Et tant d’autres choses encore dont proposer sans vergogne d’organiser le prochain G7 dans l’une de ses propriétés.

A la suite de la publication du rapport Mueller, les démocrates ont tergiversé sur la question de l’Impeachment. En dernier ressort, Nancy Pelosi avait décidé de ne pas lancer la procédure craignant que cette initiative – qui n’avait pas alors le soutien de la majorité des Américains – se retourne contre les démocrates lors de l’élection de 2020 et préférant se débarrasser de Donald Trump à la faveur des urnes. Au grand dam de certains démocrates qui pensent que l’Impeachment est une affaire de principe et non de calcul politique. Toujours l’opposition entre les principes et le pragmatisme.

Après les révélations du lanceur d’alertes à propos de l’affaire ukrainienne, la Speaker a changé d’avis estimant que la situation était suffisamment grave. Même si elle sait que la procédure n’ira vraisemblablement pas à son terme puisqu’il faut une majorité des deux tiers au Sénat pour sanctionner le président. Etant donné les prises de position à chaud dans les jours qui ont suivi, ont peut le penser raisonnablement. Seul Mit Romney a fait part de sa préoccupation, les autres sont restés silencieux, ont minimisé l’histoire, changé son contenu expliquant qu’il n’y avait pas de chantage (quid pro quo) : vous enquêtez sur Biden sinon vous n’aurez pas vos 400 millions de dollars… Bref, ils sont restés fidèles à eux-mêmes apportant un soutien sans faille à leur nouveau patron. Une preuve de plus que le parti républicain est devenu le parti Trumpublicain.

Quelle issue aura cette affaire ? Donald Trump en sortira encore une fois indemne et saura-t-il retourner la situation à son avantage en se présentant à nouveau en martyr, souffre-douleur, tête de Turc des méchants démocrates qui ne pensent pas à gouverner, mais seulement à attaquer le président ? Pas sûr parce que cette histoire ukrainienne est sérieuse, a éclaté en quelques jours contrairement au rapport Mueller qui a trainé en longueur et dont les conclusions étaient à la fois accablantes et confuses (tout au moins dans l’esprit des Américains). Là le narratif est très simple, facilement explicable et compréhensible. Donald Trump a demandé au président de l’Ukraine, nouvellement élu, de lancer une enquête sur opposant politique. Et pour ceux qui en veulent un peu plus : il a demandé ça en échange d’une aide de 400 millions de dollars. Pas bien compliqué à comprendre.

L’opinion américaine semble d’ailleurs en train de se retourner puisque selon les derniers sondages 49 % sont favorables à lancer une procédure d’impeachment contre 48 % qui sont défavorables. Côté républicain, un changement n’est pas totalement à exclure même s’il est douteux. Les TST (Tout Sauf Trump) des dernières semaines avant les élections qui ont muté en peu de temps en TAT (Tous avec Trump) pourraient reprendre leur précédente posture craignant d’être emporté avec leur nouveau mentor dans une déchéance probable se soldant par une défaire cuisante aux prochaines élections. Si Donald Trump était destitué ou largement défait lors des prochaines élections, le parti républicain pourrait bien connaître une période de glaciation plutôt longue.

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