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Guerre en Ukraine : jusqu’à quand ? jusqu’où ?

Les questions sont posées et chacun apporte sa réponse. Certains mettent l’accent sur la nécessité de négocier, d’autres poussent jusqu’à la victoire totale des Ukrainiens, militaire s’entend. Mais la réponse qui importe c’est celle qu’apportent les Ukrainiens eux-mêmes. Selon une enquête (réalisée dans la première semaine de septembre) que vient de publier l’institut Gallup, 7 Ukrainiens sur 10 sont favorables à poursuivre la guerre jusqu’à la victoire contre 26 % qui souhaiteraient engager une négociation au plus vite (Ukrainians Support Fighting Until Victory). Les hommes seraient plus favorables à cette idée que les femmes tout comme les diplômes du supérieur contre ceux du secondaire. Toutes les régions y sont favorables. Il faut mentionner que Gallup n’a pas enquêté en Crimée.

Le mandat de Volodymyr Zelensky serait donc clair et il semble d’après sa conduite semaine après semaine est en conformité avec ce souhait des Ukrainiens.

Mais que signifie gagner la guerre ? Sur ce point, la réponse des Ukrainiens est claire et sans appel : Pour plus de 9 Ukrainiens sur 10, cela signifie de récupérer les territoires perdus depuis 2014 – les quatre régions de l’Est – y compris la Crimée.

Est-ce la une vision assez maximaliste ?

La Crimée a été cédée par l’URSS à la République d’Ukraine. C’est le 19 février 1954, Nikita Khrouchtchev « offre » l’oblast de Crimée à la RSS d’Ukraine à l’occasion du 300e anniversaire de la réunification de la Russie et de l’Ukraine. Ce transfert territorial a eu pour conséquence de renforcer le nombre de russophones dans la population. Treize années plus tard, en 1967, les Tatars de Crimée sont réhabilités, sans pour autant être autorisés à revenir dans la péninsule.

En 1991, après l’implosion de l’URSS, l’Ukraine a voté massivement pour son indépendance à plus de 90 % brisant ce mythe véhiculé depuis d’un pays divisé en deux, Russophile à l’Est, Ukrainophile à l’Ouest. Les régions de l’Est qui ont été envahi par les Russes le 24 février dernier ont voté entre 80 et 90 % pour cette indépendance. Même la Crimée que certains veulent « abandonner » à la Russie pour « calmer Poutine » l’a voté à 54 %.

Et lorsque l’Ukraine a transféré ses armements nucléaires à la Russie, cette dernière s’était engagé à respecter l’inviolabilité des frontières. La Russie a d’ailleurs violé tous les toutes ses obligations au titre du mémorandum de Budapest du 5 décembre 1994, mis à part le point 5 : « S’abstenir d’utiliser des armes nucléaires contre l’Ukraine. » (Voir ci-dessous)

Carte tirée d’un article de la Brookings Institute (10 maps that explain Ukraine’s struggle for independence)

Au milieu du succès de la contre-offensive ukrainienne qui a débuté à la fin du mois d’août, les Ukrainiens semblent donc optimistes quant à la poursuite de la guerre jusqu’à ce que la victoire soit obtenue et à quoi ressemblerait cette victoire. Alors que les Ukrainiens ont goûté à la victoire sur le champ de bataille, la guerre est loin d’être terminée selon la note de l’institut Gallup.

La vague massive d’attaques de missiles russes contre des villes ukrainiennes, loin derrière les lignes de front, s’est concentrée sur les infrastructures civiles. Et, bien que les attaques de missiles balistiques dans le passé n’aient pas brisé la volonté des populations civiles de se battre, l’attitude des Ukrainiens peut changer s’ils sont confrontés à un hiver froid et sombre en raison des attaques russes sur les infrastructures et de l’augmentation des coûts de l’énergie – ou, alternativement, de telles attaques continues peuvent renforcer davantage la détermination de la population à se battre.

Mais la poursuite de cette guerre suppose que les Américains continuent à soutenir les Ukrainiens comme ils le font depuis plusieurs mois. Et sur ce point, une certaine incertitude plane avec le résultat des élections de mi-mandat le 8 novembre prochain. Car si les républicains gagnent la Chambre des représentants, placés désormais sous la coupe de Donald Trump, les républicains pourraient réduire, voire réduire cette aide.

« Si j’avais été président, ça ne serait jamais arrivé ». C’est ce que disait Donald Trump dans un meeting à Prescott Valley en juillet dernier. Tout comme le cyclone IAM n’aurait pas déferler sur la Floride ! On pourrait en rire si cela n’était pas tragique.

L’ex-président qui règne en maître sur le parti républicain désormais « MAGAisé » continue son discours en déclarant non pas à qui veut mais à qui doit l’entendre qu’il faut désormais négocier avec Vladimir Poutine (son grand ami) qu’il absolument imposer aux deux parties de négocier. La question posée est donc que si les républicains obtiennent la majorité à la Chambre des représentants, ils pourraient ainsi mettre en œuvre l’idée de leur patron en arrêtant d’aider militairement et financièrement l’Ukraine, les obligeant de facto à s’incliner face aux Russes. Il y a une ligne de partage assez nette entre les républicains traditionnels emmenés par Mitch McConnell, chef de la minorité républicaine au Sénat, favorables à un soutien encore plus important, et les républicains MAGA, placés sous le leadership de Kevin McCarthy, chef de la minorité républicaine à la Chambre des représentants (Mitch McConnell is sounding a different tune on Ukraine than Kevin McCarthy, and vowing the Senate GOP will work to ensure “timely delivery of needed weapons.” The Senate minority leader insists Republicans will continue funding Ukraine’s defense).

Autre paramètre à prendre en compte : le soutien de l’Union Européenne a jusqu’ici été massif (même si les Américains souhaiteraient que l’UE en fasse plus) et sans faille. Mais jusqu’où cette unité sera-t-elle maintenue ? Pour Gérard Araud, ancien ambassadeur de France aux Etats-Unis (voir interview ci-dessous par Pascal Boniface, directeur de l’IRIS), autant la récupération des quatre régions annexées ne pose pas un problème, autant la Crimée pourrait séparer cette ligne de front en deux camps : ceux qui seraient enclins à demander aux Ukrainiens de l’abandonner à la Russie et ceux qui considèrent qu’elle doit être récupérée par l’Ukraine.

Le mémorandum stipule que la Russie, les États-Unis et le Royaume-Uni s’engagent, en contrepartie de l’adhésion de l’Ukraine (ou de la Biélorussie, ou du Kazakhstan) au Traité sur la non-prolifération des armes nucléaires et de l’achèvement du transfert de son arsenal nucléaire à la Russie, à :

  • Respecter l’indépendance et la souveraineté ukrainienne dans ses frontières actuelles.
  • S’abstenir de toute menace ou usage de la force contre l’Ukraine.
  • S’abstenir d’utiliser la pression économique sur l’Ukraine en vue d’influencer sa politique.
  • Demander l’aval du Conseil de sécurité des Nations unies si des armes nucléaires sont utilisées contre l’Ukraine.
  • S’abstenir d’utiliser des armes nucléaires contre l’Ukraine.
  • Consulter les autres parties prenantes si des questions se posent au sujet de ces engagements.

(Source : Wikipedia)

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