Elon Musk semble bien décidé à créer un troisième parti baptisé America Party qui constituerait une alternative au bipartisme traditionnel organisé entre les démocrates et les républicains. Au-delà des chances quasi nulles d’un tel projet, quelle confiance accorder à une personne aussi volatile, qui a d’abord été démocrate, puis républicain ou plutôt MAGA et exclusif soutien à Donald Trump en débloquant près de 300 millions de dollars dans la dernière campagne présidentielle. L’intéressé pense qu’il a fait le roi et Donald Trump affirme qu’il aurait été élu sans l’aide de Musk. Et les actions dans le cadre du DOGE laisseraient plutôt perplexe sur les méthodes d’Elon Musk dont on connaissait déjà la brutalité dans le cadre de ses entreprises. Quant au résultat pour réduire les dépenses du gouvernement en faisant la chasse au Waste, Abuse and Fraud, ils sont plutôt ridicules en regard de l’importance du déficit. Sans parler des méthodes utilisées dans les différentes agences. Quant au réel objectif, il s’agissait plutôt pour Donald Trump de consolider des données publiques pour une utilisation n’ayant rien à voir avec l’objectif fixé.
Malgré les poches pleines de l’intéressé et son apparent dynamisme (dopé à la kétamine), les chances de succès d’une telle initiative sont extrêmement réduites. Historiquement, elles n’ont jamais abouti.
Et sur son réseau social, Donald Trump a fait du Donald Trump tournant en dérision l’initiative de son ancien camarade de bureau (ovale). Il est allé pus loin en le menaçant de supprimer tous les contrats gouvernementaux avec les différentes sociétés d’Elon Musk.

La politique américaine repose depuis le début sur deux partis : démocrate et républicain. Ce qui n’empêche pas des évolutions idéologiques au sein de ces deux partis. Le parti républicain d’aujourd’hui n’a plus grand-chose à voir avec celui de l’époque de Ronald Reagan à la fois en termes de fonctionnement que de doctrine. Il en va de même chez les démocrates qui ont largement évolué depuis l’époque de Lyndon Johnson. Au passage, les trois grandes lois signées par ce dernier dans les années 1964-1968 élargissant les droits civiques ont engendré un basculement des États du sud des démocrates vers les républicains.
Quelles ont été les grandes tentatives pour sortir du bipartisme ?
Les tentatives de création d’un troisième parti politique aux États-Unis sont nombreuses, mais très peu ont réussi à ébranler durablement le duopole Parti démocrate / Parti républicain. Voici un aperçu chronologique des principales tentatives et de leurs résultats :
Au début du 19e siècle, le Parti antimaçonnique (1828-1838) est, comme son appellation le suggère, opposé à la franc-maçonnerie. Il a été influent surtout dans le Nord-Est. Mais il a été de courte durée et a fusionné ensuite avec les Whigs.
Le Parti whig (1833-1856) a été créé en opposition à Andrew Jackson (démocrate) et a joué un rôle important pendant deux décennies, notamment en portant à la Maison-Blanche les deux présidents William Henry Harrison et Zachary Taylor. Il s’est effondré dans les années 1850 à cause des divisions sur l’esclavage pour donner naissance au Parti républicain (1854-aujourd’hui). Initialement créé comme un troisième parti, antiesclavagiste, il a supplanté les Whigs et est devenu l’un des deux partis dominants dès l’élection d’Abraham Lincoln en 1860.
A la fin du 19e siècle, le Parti populiste ou Parti du peuple (1891-1908) défendait les fermiers, la nationalisation des chemins de fer, la monnaie bimétallique. Il a fusionné partiellement avec les démocrates en 1896.
Après avoir perdu la primaire républicaine face à Taft, Theodore Roosevelt fonde le Parti progressiste (Bull Moose Party) en1912. Résultat: Roosevelt arrive 2e, devant le président sortant (Taft) avec 27% du vote populaire et permet l’élection du Démocrate Woodrow Wilson.
En 1948, Henry Wallace, opposé à la guerre froide et favorable à une politique plus sociale, crée le parti progressiste. Résultat non significatif. La même année est créé le parti des droits des États (Dixiecrats). Il prône la sécession des démocrates du sud autour de Strom Thurmond, opposés aux droits civiques. Il gagne 4 États du Sud et 39 grands électeurs.
Dans le même esprit sécessionniste, George Wallace, gouverneur de l’Alabama, crée en 1968 l’American Independent Party. Il obtient 13,5% du vote populaire et 46 grands électeurs.
Depuis 1980, l’initiative la plus marquante est celle de Ross Perot. En 1992, il est candidat indépendant et remporte 18,9 voix populaires, mais aucun vote de grands électeurs. En 1996, il fonde le Reform Party mais obtient un score moins important (8,4 % du vote populaire).
Parmi les autres tentatives, on peut mentionner le Parti vert de Ralph Nader, le Libertarian Party et le Green Party (Écologiste, pacifiste, socialiste) représenté par Jill Stein (2012 et 2016) et Cornel West (2024).
Les tentatives les plus récentes sont celles d’Andrew Yang et le Forward Party, créé autour d’un centrisme technophile, réformiste et No Labels, une plate-forme bipartisane souhaitant présenter un “ticket d’unité nationale”. Ce dernier est controversé, car certains craignent qu’il favorise l’a réélection de Donald Trump. Il n’a finalement pas présenté de candidat.