Trump’s new official portrait tells us everything we need to know about who he wants to be. Waking up every day to news of more horror and chaos. This is dystopian America
Si je faisais une équipe de foot avec des dictateurs
Je prendrais Mussolini en avant centre, mais pas Hitler dans les buts, parce qu’il est trop petit
Pinochet serait aillier gauche et Mao serait aillier gauche, parce qu’il est de gauche
Et Pol Pot lui il serait soigneur : « Ah ça va, ça s’est remis tout seul ça va, ça va… »
Staline carton rouge, Mao carton jaune, va te mettre au poteau hop exécution !
Oh lalalala la jolie tête de Ceausescu
Où sont les supporters ? Où sont les adversaires ? Où sont les arbitres ? Oh, ils sont dans des cages !
Si tu fais du foot avec des dictateurs n’oublie pas de t’échauffer, de t’hydrater ouais
Fatals Picards ‧ 2007
Qu’ont en commun Périclès, Sylla, Richelieu, Louis XIV, Robespierre, Napoléon Bonaparte, Staline, Mustapha Kemal et quelques autres ? Ils font partie du club relativement limité mais au combien néfaste des dictateurs décrit dans le livre des Jacques Bainville. Le livre a été publié en 1926 et constitue un essai politique et historique qui analyse la montée au pouvoir des dictateurs et des autocrates au XXe siècle.
Mais ce club n’est pas complètement fermé et a ouvert ses portes à de nouveaux membres. Ci-dessous un chapitre additionnel à l’œuvre de Jacques Bainville.
Donald Trump ou la Comédie tyrannique de la démocratie fatiguée
« Les démocraties finissent souvent là où elles ont commencé : dans la passion du peuple, mais sans sa raison. »
— Jacques Bainville, Les Dictateurs, édition posthume, 2025.
On croyait, dans les cercles éclairés du monde occidental, que l’Histoire avait enfin abdiqué ses fureurs. Qu’après les Mussolini, les Hitler, les Lénine et autres Napoléon le Petit, la démocratie libérale avait cimenté une paix durable, fondée non sur la force mais sur l’équilibre, non sur la foule mais sur la loi. Et pourtant, voici qu’en 2016, surgit d’une république que l’on disait modèle un personnage sorti d’un carnaval tragique : Donald John Trump, milliardaire par héritage, saltimbanque politique par vocation, tribun par instinct.
Il fut élu non en dépit, mais par excès de démocratie. Ce n’est pas le sabre qui lui donna le pouvoir, mais le bulletin de vote. Ce ne sont pas les baïonnettes, mais les tweets. Ce n’est pas un parti révolutionnaire, mais un parti conservateur devenu véhicule d’un ressentiment national mal contenu. Voilà ce que la postérité retiendra peut-être : le suffrage universel, privé de culture politique, accouche parfois non du progrès, mais de la caricature autoritaire.
I. Le plébiscite de la colère
Comme César avait compris que Rome voulait le pain et les jeux, Trump sentit que l’Amérique voulait des ennemis à haïr et une grandeur mythique à retrouver. L’intuition précéda la doctrine, comme souvent chez les dictateurs improvisés. À une société fracturée par l’inégalité, fatiguée par la globalisation, effrayée par le changement culturel, il promit non l’ordre, mais la revanche.
« Make America Great Again » n’est pas un programme. C’est une incantation. Une liturgie païenne récitant la nostalgie d’un âge d’or où l’Américain blanc, chrétien, rural, se croyait maître de la marche du monde. Comme tous les messianismes décadents, le trumpisme ne propose pas de construire : il propose de punir. Punir les élites, punir les minorités, punir la presse, punir l’Histoire elle-même.
Car Trump n’est pas seulement un acteur politique. Il est le produit d’une mécanique psychologique désormais bien connue : la peur, le ressentiment, l’identité blessée, et le narcissisme collectif
Il incarne cette Amérique qui ne souffre pas d’être pauvre, mais d’être reléguée dans le récit national. Celle qui ne perd pas ses droits, mais croit perdre sa primauté symbolique.
II. L’usurpateur du suffrage
On a trop longtemps cru que les tyrans surgissaient avec l’épée. Mais le XXe siècle nous a appris qu’ils pouvaient venir aussi avec l’urne. Trump a retourné contre la République les principes mêmes qui devaient la protéger : la liberté d’expression devint un instrument de haine, la presse un ennemi intérieur, les institutions des obstacles à contourner, les élections un simple levier de validation.
Il n’a pas suspendu la Constitution : il l’a saturée de chaos. Il n’a pas aboli la presse : il l’a noyée dans l’invective et la disqualification permanente. Il n’a pas fermé les écoles : il a tenté de les vider de leur esprit critique, de leur mémoire historique, de leur science émancipatrice
III. Du gouvernement par le peuple au gouvernement par la foule
Ce que Platon appelait ochlocratie — le gouvernement par la masse — Trump en a fait son art. À l’origine, la démocratie repose sur la délibération. Lui la remplace par l’exaspération. La politique devient une arène où il s’agit non de convaincre, mais de humilier. Ses meetings ne sont pas des discours : ce sont des rituels de purification identitaire. Le peuple n’est plus un acteur civique : il est une claque.
À ceux qui parlent de Constitution, Trump répond par l’émotion. À ceux qui évoquent les faits, il oppose le feeling. Il sait que dans une République dégradée, l’autorité ne se conquiert pas par la compétence, mais par la performativité. Comme l’ont montré les chercheurs du V-Dem Institute, ce populisme n’a pas besoin de renverser les institutions : il les vide de l’intérieur, les rend inopérantes, ridicules, corrompues
IV. Le théâtre de la cruauté
Trump ne gouverne pas, il met en scène. Chaque insulte, chaque attaque, chaque dénigrement devient un acte symbolique. Moquer un handicapé, inciter à tirer sur des migrants, promettre des déportations massives ou des représailles judiciaires, voilà les actes fondateurs de son pouvoir.
Ce n’est pas un accident : c’est une dramaturgie du ressentiment. L’ennemi n’est plus un adversaire, mais un traître. La vérité n’est plus à démontrer, elle est à proclamer. Et celui qui souffre n’est plus appelé à surmonter son sort, mais à l’armer contre autrui
On a voulu croire que cette fureur passerait. Mais elle persiste, car elle repose sur une blessure plus profonde : le sentiment d’être déclassé dans une société qu’on ne reconnaît plus. Et Trump, tel un illusionniste politique, transforme cette anxiété en programme. Il n’offre pas de solutions : il désigne des coupables.
V. Le despote sentimental
L’une des ruses les plus dangereuses du trumpisme est de se faire passer pour un mouvement de libération, alors qu’il n’est que contrôle. Il prétend défendre la liberté contre le « wokisme », mais il promeut la censure des livres, la criminalisation des identités, l’uniformité de pensée. Il dénonce les élites, mais agit pour restaurer les privilèges historiques. Il se dit victime, mais ne cherche qu’à dominer.
Dans cette configuration, l’ennemi du peuple n’est plus l’oligarchie, mais la démocratie elle-même. Elle est perçue comme instable, indigne, trop tolérante. Il faut, pour restaurer l’Amérique, en finir avec les contre-pouvoirs. Le droit devient obstacle, la presse ennemie, la science suspecte. L’autorité, elle, devient divine.
C’est ainsi que Trump devient un despote sentimental. Il gouverne par émotion, promet la vengeance, distribue les humiliations comme preuves d’amour. Sa base ne l’admire pas malgré ses mensonges : elle l’admire à cause d’eux. Ils prouvent qu’il est prêt à tout pour la défendre.
VI. Une fin sans leçon ?
Trump ne fut pas le premier, et ne sera pas le dernier. Ce qui importe, ce n’est pas sa personne, mais ce qu’il révèle : la fragilité des républiques fondées sur des mythes qu’elles ne savent plus faire vivre. Il n’a pas inventé la haine, il l’a orchestrée. Il n’a pas semé la division, il en a fait une machine de guerre. Il n’a pas détruit l’Amérique ; il lui a tendu un miroir.
Comme Bainville l’écrivait à propos de Bonaparte : « Il n’a pas créé les forces qu’il utilisa. Il les incarna. » Ainsi de Trump. Il est moins une cause qu’un symptôme. Il est ce que produit une démocratie qui oublie d’éduquer, de réfléchir, de prévenir.
L’histoire jugera. Mais déjà, elle murmure ce que tant de nations ont appris trop tard : le tyran n’entre pas par effraction. C’est la porte grande ouverte de notre paresse civique qui l’accueille.
(Rédigé avec l’aide de ChatGPT)