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Complot contre l’Amérique

Certains observateurs de la vie politique américaine considèrent clairement ce qui s’est passé entre les élections du 3 novembre et le 6 janvier, jour de la certification des voix des grands électeurs, comme une tentative de coup d’état. Et plus les révélations mises en lumière par l’enquête de la Commission du 6 janvier sortent, plus cette hypothèse prend corps. Les plus optimistes expliquent que les institutions ont tenu, signe de vitalité de la démocratie américaine. Mais cet argument peut être assez facilement remis en question C’est l’idée que défend Philip Rotner dans un article intitulé « Five Rudys from the Abyss » publié par The Bulwark dans lequel il explique qu’il s’en ait fallu de peu pour les élections de 2020 basculent en faveur de Donald Trump : Il aurait suffi de cinq Rudy Giuliani aux postes clés de cette élection pour atteindre le résultat.

A ce jour, deux actions doivent être poursuivies. La première consiste à faire aboutir l’enquête en cours pour identifier les responsables et les sanctionner. La seconde, tout aussi importante, vise à déjouer toutes les mesures que mettent en place les républicains pour orienter les élections à leur avantage en 2024. Car les républicains ne chôment pas pour créer les conditions pour que la tentative de 2020 réussisse si besoin était en 2024. Ce que Donald Trump avait entrepris de manière un peu artisanale, ces affidés le préparent de manière beaucoup plus méthodique.

Est-ce que sérieux ? « The core of the Republican Party is engaged in a systematic, sophisticated, and serious plot to execute a coup ». Matt Bennett, Executive Vice President for Public Affairs de Third Way, un think tank démocrate modéré n’y va donc pas par quatre chemins et considère que les démocrates ne prennent pas la chose assez au sérieux. Et pour s’en apercevoir, il ne faut pas s’appesantir sur les bouffonneries de Rudy Giuliani, Sydnet Powell ou Mike Lindell, alias My Pillow Guy, mais plutôt sur ce que les républicains sont en train de mettre en place.

« It is a systematic, sophisticated, and serious plot to execute a coup » articulé en 5 points :

  1. Suppressing the Vote
  2. Installing Big Lie Vote Counters
  3. Threatening Election Officials
  4. Seizing Legislative Control
  5. Sabotaging the Electoral College

1. Suppressing the vote

Cela consiste à rendre le vote plus difficile et vise particulièrement les minorités (noires, hispaniques) qui votent en assez grande majorité démocrate. En 2021, 19 états ont voté 33 lois imposant des restrictions sous des formes variées et 245 sont en préparation. Sachant qu’en fait, une dizaine d’états, dits états bascules, font l’élection. Il serait totalement inutile de s’intéresser à ce qui se passe dans la très démocrate Californie ou le républicain Texas. Et les républicains contrôlent cette dizaine d’états (gouverneurs et congrès)

2. Installing Big Lie Vote Counters

Cette opération commence par installer le Big Lie dans l’opinion publique, ce à quoi s’est attaché Donald Trump depuis que son concurrent a été déclaré vainqueur. Il répète à l’envi et l’a imposé comme ligne de partage entre les « bons » et les « mauvais » républicains. Sachant qu’il s’attachera à soutenir des candidats dans des primaires face à ces derniers. Dans son meeting du Texas, il a déclaré qu’il accorderait le pardon présidentiel aux insurrectionnalistes du 6 janvier 2021. Ce nouveau slogan pourrait bien être ajouté au test du Big Lie. En attendant, les partis républicains locaux remplacent peu à peu les officiels qui gèrent le processus électoral et qui seront prêts à déclarer des fraudes ou à trouver plus votes comme l’avait demandé Donald Trump au secrétaire d’état de Géorgie Brad Raffensperger, un républicain qui avait Trump en 2016 et 2020 et avait pourtant résisté. « Imaginez que le représentant de Géorgie Jody Hice soit de l’autre côté du fil en lieu et place de Brad Raffensperger ? interroge l’auteur de l’étude.

Trump: “I think it’s pretty clear that we won… I just want to find 11,780 votes, which is one more than we have because we won the state.”
Raffensperger: “We don’t agree that you have won.”
Hice to CNN: “I believe if there was a fair election, it would be a different outcome. Absolutely.”

 

Ceux que l’on appelle les « Big Liards candidates », ceux qui soutiennent Donald Trump dans sa croisade du grand mensonge, sont au nombre de 69 pour les postes de gouverneurs dans 30 états, 55 pour le Sénat, 13 pour être ministre de la Justice et 18 secrétaires d’état. Ces remplacements ne se situe pas seulement au niveau de l’état mais aussi à celui des districts (precincts) avec des intervenants des bureaux de vote (président, assesseurs, secrétaire) aux mains de partisans et non d’officiels indépendants. En septembre 2021, le site Pro Publica a dénombré 8 500 républicains à différents postes dans 65 districts d’états clés. Comme l’avait rappelé Donald Trump : « There’s a famous saying that sometimes the vote counter is more important than the candidate. And we can’t let that ever happen again. They have to get a lot tougher and smarter. » Cette funeste déclaration est attribué au démocrate Joseph Staline.

3. Threatening Election Officials

La menace partisane est à l’œuvre. Les « bons » républicains, ceux qui adhèrent au Big Lie, sont en train de recruter « une armée » d’officiels partisans chargés « d’intimider ou de mettre la pression » sur les officiels indépendants. Cette pratique a déjà été à l’œuvre lors des élections partielles de Virginie en 2021. Ils ont également engagé des menaces juridiques avec des sanctions pénales pour des erreurs mineures (Democracy Crisis in the Making: How State Legislatures are Politicizing, Criminalizing, and Interfering with Elections, rapport réalisé par Protect Democracy). Mais les menaces peuvent au-delà du juridique pour faire appel à la violence. Par exemple, la déclaration du représentant Madison Cawthorn : « If our election systems continue to be rigged and…stolen, then it’s going to lead to one place – and it’s bloodshed. » Et les passages à l’acte ne sont pas des vues de l’esprit. Rappelons la tentative de kidnapping de la gouverneure du Michigan Gretchen Whitmer. Ces menaces s’appuient sur un terreau social désormais favorables, 30 % des républicains pensent que les « true American patriots may have to resort to violence in order to save our country. » Ce qui représente plus de 30 millions de citoyens.

4. Seizing Legislative Control

Les congrès de certains états sont en train de prendre le contrôle des procédures électorales et dans les 8 états qui feront les élections (Arizona, Floride, Géorgie, Michigan, Caroline du Nord, New Hamsphire, Pennsylvanie et Wisconsin), les républicains ont la majorité dans les deux chambres. Et la Constitution donne aux états des pouvoirs importants que les « bons » républicains ne demandent qu’à prendre en charge à leur avantage.

Article I (Congress): The « Times, Places and Manner of holding Elections for Senators and Representatives, shall be prescribed in each State by the Legislature thereof. »

Article II (Presidential Electors): Each state shall appoint presidential electors « in such Manner as the Legislature thereof may direct. »

 

Une nouvelle doctrine baptisée « Independant State Legislature docrine » donne des pouvoirs que sont prêts à saisir les institutions des états. En déclarant des pseudo-fraudes, elles pourraient tout simplement envoyer des votes alternatifs de grands électeurs. C’est ce qu’elles avaient déjà essayé de faire en 2020. Selon le « Presidential Election Day Act of 1845 », il leur serait possible d’appointer leurs propres grands électeurs en s’appuyant sur des prétextes fallacieux.

5. Sabotaging the Electoral College

C’est ce qui avait été tenté le 6 janvier 2021 sans aboutir. Mais cela pourrait se produire à nouveau le 6 janvier 2025, le jour de certification des votes des Grands électeurs. Malgré les pressions directes et l’assaut mené par les supporters de Trump, Mike Pence a su résister. En 2025, c’est Kamala Harris, présidente du Sénat du fait de sa fonction de Vice-président qui sera à la manœuvre. C’est là une difficulté pour les insurgés. Plusieurs options sont possibles. Jeter les votes des grands électeurs qui ne « conviennent » pas ; Si plusieurs jeux de votes de Grands électeurs arrivent au Congrès, retenir ceux qui sont favorables ; Dans l’hypothèse où aucun des deux candidats n’atteint le seuil requis de Grands électeurs (270), c’est la Chambre des représentants qui choisit le vainqueur : 1 voix par état (la Californie avec des près de 40 millions d’habitants et le Wyoming et ses 600 000 habitants auraient une voix chacun). Actuellement, les républicains ont la majorité au niveau des états.

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