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Chaos et désolation à la Chambre des représentants

On ne connait pas la fin de l’histoire après deux jours de votes pour le Speaker de la Chambre des représentants, mais il s’agit déjà d’une session historique en matière de chaos et de désolation. Après sept tours (au jeudi 14 heures), Kevin McCarthy, le chef de la très courte majorité républicaine, n’a pas réussi à collecter les 218 voies nécessaires pour être élu. Jusqu’à ce qu’il le soit, rien ne peut être fait et rien ne peut être décidé dans la chambre basse. Deux jours non concluants, cela peut paraître mineur et pourtant, la dernière fois que la Chambre des représentants n’avait pas élu le Speaker au premier tour était en 1923. C’est donc un moment historique qui n’est que le résultat des années erratiques engagées depuis l’élection de Donald Trump en 2015.

La règle est simple, le vote se poursuit jusqu’à ce qu’un candidat obtienne la majorité des voix, soit 218. Aujourd’hui, la difficulté est que les républicains n’ont qu’une courte majorité de 4 voix et que donc 5 votes républicains contre Kevin McCarthy suffisent à empêcher son élection. Malheureusement pour lui, une vingtaine d’irréductibles ont voté pour un candidat tiers lors des six premiers tours malgré les concessions répétées faites aux républicains radicaux.

Sur les 14 sessions qui ont nécessité plus d’un tour pour élire le Speaker, 13 ont eu lieu avant la guerre de Sécession. Et l’élection la plus mémorable fut en 1856 (5 ans avant le début de la guerre) où il a fallu 133 votes et plus de deux mois pour arriver à un vote majoritaire et donc à l’élection du Speaker.

Mais le vote le plus long du Speaker a commencé le 3 décembre 1855, lorsque le 34e Congrès s’est réuni, rappelle le Washington Post (When the House needed two months and 133 votes to elect a speaker). Les démocrates contrôlaient le Sénat, mais aucun parti ne contrôlait la Chambre après la désintégration du parti Whig[1]. Environ un tiers des membres de la Chambre étaient démocrates. Le reste appartenait à un mélange de partis, y compris le nouveau Parti républicain. Beaucoup étaient membres du très secret American Party, également connu sous le nom de parti Know Nothing[2].

Le premier jour, 21 candidats se disputaient le poste de Speaker. Quatre votes ont eu lieu. Le premier dirigeant était le représentant William Richardson (D-Ill.), qui était favorable à ce que les futurs États autorisent l’esclavage, avec 74 voix, en deçà des 113 voix nécessaires. Quelques jours plus tard, des membres anti-esclavagistes se sont rangés derrière « Bobbin Boy » Banks du Parti américain, qui, enfant, travaillaient dans une usine textile en portant des bobines de fil aux femmes qui exploitaient les métiers à tisser.  

Au 33e décompte, à la mi-décembre, Banks a reçu 100 voix contre 73 pour Richardson, et l’impasse s’est poursuivie dans la nouvelle année alors que le débat sur l’esclavage s’enflammait.

Le 1er février 1856, les démocrates adoptèrent une nouvelle stratégie. Tout d’abord, ils ont soutenu un nouveau candidat à la présidence, le représentant pro-esclavagiste William Aiken Jr. (D-S.C.), le fils de 50 ans du magnat des chemins de fer William Aiken Sr. Ensuite, les dirigeants démocrates ont annoncé qu’ils proposeraient le lendemain une résolution précédemment rejetée pour élire un président avec seulement un vote majoritaire. Selon ce plan, si une majorité de membres ne parvenait pas à élire un président lors de trois votes consécutifs, le candidat qui obtiendrait le plus de votes lors d’un quatrième décompte gagnerait.

Aiken était sûr de gagner suffisamment de membres de la Chambre du Sud pour obtenir une pluralité et la présidence, ont rapporté les journaux.  Le samedi 2 février, à Washington, le représentant Samuel Smith (D-Tenn.) a proposé la résolution de pluralité, « laissant entendre qu’il croyait qu’il élirait M. Aiken ». La résolution a été adoptée. Au troisième vote, Banks mena Aiken par 103 voix contre 95, sans majorité. Certains des candidats restants à la présidence ont ensuite abandonné, Aiken étant sur le point de récupérer leurs partisans. Mais aucun vote n’a permis de dégager une majorité.

Au 133 tour, ce samedi 2 février 1856, Nathaniel Banks fur élu Speaker de la Chambre des représentants.

L’intelligence artificielle sur l’élection du Speaker en 1856
Question au moteur d’IA ChatGPT : Pouvez-vous me donner le contexte de l’élection du speaker de la chambre Nathaniel Banks en 1855
Réponse : Nathaniel P. Banks était un démocrate du Massachusetts qui a été élu speaker de la Chambre des représentants des États-Unis en 1855. Cette élection a eu lieu pendant une période de tension politique importante aux États-Unis, alors que le pays était divisé sur la question de l’expansion de l’esclavage et de l’abolition.
Au milieu des années 1850, le débat sur l’esclavage et l’abolition s’intensifiait aux États-Unis, avec les abolitionnistes appelant à l’éradication de l’esclavage et les partisans de l’esclavage soutenant que cela devait être maintenu dans les États du Sud. Cette tension a conduit à la guerre de Sécession de 1861-1865.
Banks était considéré comme un modéré sur la question de l’esclavage et a été élu speaker avec l’appui des démocrates du Nord et des républicains, qui étaient alors une nouvelle et croissante force politique opposée à l’expansion de l’esclavage. En tant que speaker, il a tenté de trouver un terrain d’entente entre les deux parties pour résoudre la crise de l’esclavage, mais il a fini par être critiqué par les deux côtés pour ne pas être assez ferme dans ses positions. Banks a finalement été réélu speaker en 1857, mais a été remplacé par James L. Orr en 1859.


[1] Le Parti whig (en anglais : Whig Party) est un ancien parti politique américain de droite libérale, créé durant l’hiver 1833-1834 pour s’opposer à la politique du président Andrew Jackson. Le nom de Whig est une référence à un parti politique homonyme libéral existant depuis le XVIIe siècle en Angleterre, opposé à un fort pouvoir royal.

Parmi les personnalités célèbres qui ont adhéré à un moment aux idées du Parti whig sont notables Henry Clay, John Quincy Adams, William Henry Harrison, John Tyler, Horace Greeley, Abraham Lincoln et Zachary Taylor (Source : Wikipedia)

[2] Le Know Nothing est un mouvement politique américain nativiste du milieu du XIXe siècle. Organisé à la faveur du rejet de l’importante immigration catholique de la fin des années 1840 par les classes moyennes protestantes, ce courant fut tout d’abord structuré par une société secrète avant de former un véritable parti en 1854 en rejoignant l’American Party. Ce dernier, installé dans un espace politique libéré par la dissolution du puissant Parti whig, ne compta cependant pas de personnalité politique majeure et ne survécut pas à la bipolarisation de la scène politique américaine, une grande partie de ses troupes finissant par être absorbée par le Parti républicain avant la Guerre de Sécession (Source Wikipedia)

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