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Betsy DeVos, fossoyeuse de l’enseignement public

« Do think if you were not a multimillionaire, if you’re family has not made hundreds of millions of dollars in contributions to the Republican Party, that you would not be sitting here today? » (Pensez-vous que vous soyez là où vous êtes aujourd’hui si ce n’est parce que vous avez donné des dizaines de millions de dollars au parti républicain ?). La question de Bernie Sanders, sénateur du Vermont et candidat malheureux à la primaire démocrate des élections de 2016, lors de son audience devant la commission du Sénat est plutôt directe mais totalement justifiée. C’est d’ailleurs plus une affirmation posée sous la forme d’une question pour lui donner plus de poids (on parle de 200 M$ de donation).

Betsy DeVos est sans doute l’une des ministres de l’Éducation ayant le moins d’expérience dans l’éducation et plus généralement dans la politique et le service public. Mais dans l’administration Trump, cette expérience n’est que de peu d’importance, seul le poids du compte en banque compte. D’ailleurs sa confirmation s’est faite à l’arraché puisqu’il a fallu le vote de Mike Pence pour emporter la nomination. Du jamais vu.

Un peu à l’image d’Alain Madelin, ministre de l’industrie sous le gouvernement de Jacques Chirac, qui voulait supprimer le ministère de l’industrie au nom du libéralisme, Betsy DeVos ne serait pas contre supprimer le ministère de l’éducation au motif que « the government really sucks » allant encore plus loin que Ronald Reagan qui voyait seulement un problème dans le gouvernement.

90 % des petits Américains vont à l’école publique. Une réalité qui n’intéresse pas beaucoup Betsy DeVos qui n’a qu’une idée en tête donner le choix aux enfants, évidemment les enfants dont les parents ont le compte en banque nécessaire pour envoyer leurs enfants dans les écoles privées. Les 10 % restants vont dans des écoles indépendantes ou liées à une congrégation religieuse le plus souvent catholique. La ministre met l’accent sur la souveraineté des Etats et promeut une politique de « voucher » consistant à financer avec de l’argent public l’éducation d’élèves dans des établissements privés, souvent confessionnels. Interrogé sur le sujet, son adjoint Mitchell Zais n’avait pas connaissance que des études avaient montré que les élèves recevant des vouchers dans des états comme l’Indiana, la Louisiane, l’Ohio ou Washington DC avaient de moins bons résultats aux tests que les enfants allant dans les écoles publiques de ces mêmes états. Betsy DeVos ne s’est pas caché de son souhait de rediriger des financements de l’école publique vers les écoles privées.

Pour le premier budget de l’administration Trump, Betsy DeVos a opéré une coupe sombre de 9 ,4 milliards de dollars, soit un peu plus de 14 %. Difficile ensuite de prétendre que l’éducation est une priorité du gouvernement Trump. C’est la 7e coupe la plus importante des ministères du gouvernement actuel. Les réductions budgétaires revenant à l’agence pour la protection de l’environnement (- 31 %), et le ministère des Affaires étrangères (- 29%).

Ce budget 2018 de l’éducation réduit les programmes et les subventions pour la formation des enseignants, les aides après l’école et l’été, et les aide aux élèves à faible revenu. Élimine 1,2 milliard de dollars dans le programme du Centre d’apprentissage communautaire du 21e siècle (21st Century Community Learning Center program).

Les Américains connaissent leurs ministres encore moins bien que les Français connaissent les leurs. Néanmoins, une enquête réalisée début octobre plaçait Betsy DeVos en avant dernière position dans l’administration Trump en termes de popularité.

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