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Affaire russe : l’étau se resserre

Il est établi depuis quelques jours, dans l’enquête menée par Robert Mueller, l’ancien patron du FBI chargé d’évaluer  l’influence des Russes sur les élections américaines et la possible collusion entre ces derniers et les membres de l’équipe de campagne de Donald Trump, que Jared Kushner, le gendre et un des plus proches conseillers est sous surveillance. On a d’abord découvert que ce dernier à l’ambassadeur russe aux Etats-Unis Sergey Kislyak de mettre en place un système de communications qui échappe à la surveillance des agences américaines de renseignement. Et d’utiliser les facilités russes pour le mettre en place, une demande pour le moins douteuse. Une demande faite en décembre pendant la mise en place de l’équipe de transition dirigée par Mike Pence, le Vice-président, et dans laquelle Jared Kushner jouait déjà un rôle important. Une demande d’autant plus surprenante qu’elle intervient alors que Barack Obama a pris des mesures de rétorsion contre les russes en raison de leur intervention sur les élections américaines. Sachant qu’en outre il avait totalement oublié la tenue de cette réunion.

Quelques jours plus tard, Jared Kushner a eu une réunion avec Sergey Gorkov, un ancien du FSB (le successeur du KGB), nommé par Vladimir Poutine à la tête de la VEB, une banque d’investissement russes qui mène des opérations d’espionnage et des opérations d’investissement qui doivent bénéficier d’une certaine discrétion. Cette banque a été placée sous sanctions russes depuis 2014 et l’annexion de la Crimée lui rendant beaucoup plus difficile l’accès au marché américain.

La question à mille euros est simple : pourquoi les deux hommes se sont-ils rencontrés. Le plus simple est de leur demander. Le problème est que leur réponse est totalement différente ce qui ne manque pas de soulever de lourdes interrogations. Côté Kushner, la Maison Blanche affirme qu’il s’agit d’une parmi des très nombreuses rencontres diplomatiques menées par le gendre-conseiller afin de préparer l’arrivée de Donald Trump dans le bureau ovale et de l’aider à définir sa politique extérieure. Côté Gorkov, il s’agissait d’une rencontre avec Jared Kushner, non pas conseiller de Donald Trump, mais patron de son entreprise en proie à de sérieuses difficultés financières suite notamment l’investissement d’un immeuble de bureau sur la 5e avenue pour un montant de 1,8 milliard de dollars. Quelle que soit la réponse, il est assez peu probable que Jared Kushner ait engagé ces initiatives sans en avoir parler, voire demander l’autorisation à son patron-beau-père.

Cette dernière option mène logiquement à un quid pro quo entre les deux parties : Jared Kushner proposera une levée des sanctions à l’encontre des russes leur permettant d’investir plus facilement dans les affaires de la famille Kushner et plus généralement sur le marché américain, les russes feront ce qu’ils peuvent pour faciliter l’élection de Donald Trump. Rien n’est à ce jour prouvé mais l’idée percole et est clairement explicitée par les médias américains.

L’affaire devrait connaître de nouveaux développements avec la déposition de James Comey devant le Sénat ce jeudi 8 juin. L’ancien directeur du FBI a certainement des choses à dire. Il a été dit pendant un temps que Donald Trump réfléchirait à faire usage de son Executive privilege pour empêcher Comey de témoigner. Le New York Times a indiqué que la Maison Blanche avait infirmé cette information.

Pour faire sauter un nouveau fusible, Donald Trump pourrait « virer » (you’re fired !) Jard Kushner. Sauf que renvoyer un gendre n’est pas chose facile, que son départ entraînerait sans doute celui de sa fille Ivanka. Et qu’ainsi Donald Trump se retrouverait encore plus isolé à la Maison Blanche où plu grand monde bénéficiera de sa pleine et entière confiance. Dans un édito, le New York Times mentionne que les Kushner parlent régulièrement de retourner à leurs affaires de gros sous. Sauf que maintenant il est trop tard et quelle que soit leur décision, Jared Kushner est pris dans la nasse du FBI et selon Walter Shapiro, ancien rédacteur des discours de James Carter et chroniqueur à Roll Call, « sa vie va être un enfer dans les mois, voire les années à venir ».

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