Il est de coutume que les présidents en vie ne fassent pas de commentaires sur leurs successeurs. Mais rien n’empêche ceux qui ne le sont plus de donner leur opinion sur le président actuel. C’est ainsi que nous avons pu obtenir une interview exclusive de John F. Kennedy, 36e président des États-Unis, et obtenir son opinion sur la situation actuelle des États-Unis et sur son lointain successeur.
Propos recueillis à titre posthume par un journaliste fictif du « New Republic » – juillet 2025
Journaliste : Monsieur le Président, si vous observiez l’Amérique d’aujourd’hui, que penseriez-vous de Donald Trump ?
John F. Kennedy : Je pense que le rôle d’un président n’est pas de diviser, mais d’unir. Pas d’attiser les rancunes, mais d’élever les esprits. Je vois en Donald Trump un homme habité par le ressentiment plus que par le sens de l’histoire.
Journaliste : Commençons par l’économie. Donald Trump vante son usage des droits de douane comme un retour au protectionnisme patriote.
JFK : La grandeur d’une nation ne repose pas sur le repli ni sur la taxation punitive. En mon temps, j’ai réduit les barrières commerciales pour stimuler la croissance. Ce n’est pas en érigeant des murs tarifaires qu’on bâtit des ponts vers l’innovation. Je croyais à l’avenir fondé sur l’investissement dans la science, l’éducation, la productivité. Donald Trump parle de commerce comme un casino, où il “fixe les prix” du “grand magasin” qu’est l’Amérique. C’est une vision marchande, non républicaine.
Journaliste : Vous avez lancé des programmes pour lutter contre la pauvreté. Donald Trump dit que son gouvernement fait « énormément » pour les petites entreprises, mais les faits montrent une politique très favorable aux grandes fortunes.
JFK : Dans une société démocratique, la prospérité partagée est la condition de la paix intérieure. Ce que je crains dans l’approche trumpienne, c’est qu’elle sacrifie l’équité à la brutalité du marché. Quand le gouvernement devient le serviteur des plus riches, il trahit sa mission. Mon frère Robert disait : “Certaines personnes voient les choses telles qu’elles sont et se demandent pourquoi. Moi, je rêve de choses qui n’ont jamais existé et me demande pourquoi pas.” Donald Trump rêve d’une Amérique des années 1880, sans sécurité sociale, sans garde-fou.
Journaliste : Donald Trump a affaibli des mécanismes de protection civique, ouvert la porte à l’expulsion massive, évoqué la prison pour des citoyens américains à l’étranger… Et il vante ses décisions comme un retour à l’ordre.
JFK : Les États-Unis se sont construits sur l’idée que tous les hommes sont créés égaux. La sécurité ne doit jamais devenir une excuse pour l’injustice. Je n’ai jamais reculé devant les résistances des États ségrégationnistes ; j’ai envoyé des marshals pour défendre un étudiant noir face à une foule haineuse. La justice sans égalité est un déguisement de la tyrannie. Quand je vois un président mépriser la notion de due process, ou proposer d’exporter ses propres citoyens en prison à l’étranger, je vois non pas un patriote, mais un homme qui craint sa propre Constitution.
Journaliste : Vous avez lancé le programme de conquête de la Lune. Donald Trump semble peu préoccupé par la recherche fondamentale, et glorifie plutôt les industries extractives ou la spéculation immobilière.
JFK : Le progrès humain ne se résume pas à la taille des immeubles ou à la dorure d’un plafond. Il se mesure à la capacité d’une nation à explorer l’inconnu, à guérir les malades, à éduquer les enfants. Nous sommes allés sur la Lune non parce que c’était facile, mais parce que c’était difficile. Aujourd’hui, où est le défi partagé ? Où est la flamme ? Je ne vois que des calculs. La science est devenue suspecte, l’université un ennemi. Ce n’est pas l’Amérique que j’ai servie.
Journaliste : Vous étiez internationaliste. Donald Trump, lui, remet en cause l’OTAN, parle d’humilier le Canada, et joue un jeu trouble avec Vladimir Poutine.
JFK : J’ai affronté Nikita Khrouchtchev avec fermeté, mais aussi avec sens du dialogue et de la retenue. Donald Trump flirte avec le cynisme. Il flatte les dictateurs, minimise les alliances, ridiculise l’ordre multilatéral. On ne défend pas la liberté en insultant ses alliés ou en marchandant la souveraineté de l’Ukraine. L’Amérique doit être un phare, pas un paratonnerre d’intérêts égoïstes.
Journaliste : Donald Trump évoque une présidence « plus puissante » que lors de son premier mandat. Il s’attaque aux universités, aux juges, aux journalistes. Il parle de vengeance, de bannir ceux qui lui ont « fait du mal ». Vous qui avez tant valorisé l’équilibre des pouvoirs, que répondez-vous ?
JFK : J’ai juré de défendre la Constitution, non ma réputation. Une démocratie ne peut survivre si chaque président voit dans ses opposants des traîtres. La vengeance n’est pas une politique. Lorsqu’un homme concentre en lui seul la volonté de punir, il cesse d’être un chef d’État : il devient un tyran. Même lorsque la Cour suprême me contrariait, je l’acceptais. Car l’alternative, c’est le chaos.
Journaliste : En somme, que diriez-vous aux jeunes Américains qui hésitent entre la vision trumpienne et un autre avenir ?
JFK : Je leur dirais : ne vous laissez pas voler votre idéal. N’écoutez pas ceux qui vous disent que la politique n’est qu’une guerre ou qu’une affaire de murs. L’Amérique est née d’un pari sur la liberté, la dignité et le progrès. Ne vous contentez pas de survivre. Exigez une nation qui donne à chacun la possibilité de s’élever.
Nous pouvons faire mieux. Nous devons faire mieux. Et je crois, avec toute la force de ma foi, que cette génération est prête à écrire une nouvelle page de grandeur. Mais elle ne le fera pas en regardant dans le rétroviseur.
Journaliste : Dernière question, Monsieur le président : si vous aviez pu rencontrer Donald Trump ?
JFK : Je lui aurais dit ceci : “La véritable grandeur ne se mesure pas aux buildings, mais aux ponts que l’on tend. Elle ne se lit pas dans les sondages, mais dans les vies qu’on améliore. Le pouvoir sans idéal n’est qu’un mirage. Et vous, Monsieur, vous êtes peut-être puissant — mais ce n’est pas cela qui fait un président.”
(Rédigé avec l’aide de ChatGPT)
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