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Le pickleball peut-il sauver l’Amérique ?

Tel est le titre surprenant de l’article publié récemment par le magazine The New Yorker (CAN PICKLEBALL SAVE AMERICA? – The sport, beloved for its democratic spirit, could unite the country – if it doesn’t divide itself first). Peu encore il y a quelques années, le pickleball (non ce n’est pas le sport des cornichons !) est le sport qui connait le développement le plus rapide aux Etats-Unis.

Le pickleball a été inventé en 1965, sur l’île de Bainbridge, dans l’État de Washington, par trois pères : Joel Pritchard, représentant républicain de l’État et plus tard membre du Congrès américain ; Bill Bell, un homme d’affaires ; et Barney McCallum, propriétaire d’une imprimerie. Ils voulaient créer un jeu qui puisse se jouer avec leurs enfants. Ils sont partis d’un terrain de badminton dont ils ont baissé le filet d’un mètre et ont défini des règles de telle sorte que la mise en jeu, le service, ne soit pas aussi dominant que dans le tennis. Le court est le quart de celui d’un court de tennis et les règles sont relativement simples. Le pickleball se joue avec raquettes qui ressemblent à de grosses raquettes de ping-pong et une balle rigide, légère et trouée qui ne rebondit pas beaucoup et dont les trajectoires sont parfois surprenantes.

En 1972, Barbey McCallum a fondé Pickle-Ball Inc., une société de marketing et de production, pour produire des raquettes et des trous n dans des balles importées de l’Ohio. Ils ont été expédiés dans tout le pays et le jeu s’est développé, en particulier dans les programmes sportifs scolaires. (En 1990, Pickle-Ball Inc. vendait environ cent cinquante mille balles et trente mille raquettes par an, principalement aux écoles ; en 2016, il a été vendu au plus grand détaillant d’équipement du sport, Pickleball Central.) Le pickleball est aujourd’hui le sport officiel de l’État.)

Le pickleball en tournoi

ou en famille ou entre amis

Pendant la pandémie, plus d’un million d’Américains ont commencé à y jouer, portant le total à environ cinq millions. Des stars et des athlètes qui jouent au pickleball comme Michael Phelps, Leonardo DiCaprio, George Clooney ont fait la promotion de ce jeu qui est devenu un sport à part entière. L’apprentissage initial est très rapide surtout si l’on a déjà l’expérience de jeux de raquette (tennis, squash, racket ball, ping pong, badminton) sachant qu’il faut essayer de se départir de ses habitudes liées à autre jeu de raquette, comme au pickleball comme si on jouait au tennis (ce qui est mon cas). Après, comme tous les sports, la maîtrise du jeu nécessite beaucoup de pratiques.

On y joue essentiellement en double de telle sorte que quatre personnes se retrouvent sur une surface relativement petite ce qui en fait une activité très sociale contrairement au tennis par exemple où il est difficile de maintenir une conversation avec son adversaire situé de l’autre côté du filet. Là, il est possible d’entretenir de véritables conversations. Autre avantage, le pickleball ne nécessite pas de grandes surfaces pour y installer ses courts. Ce qui en fait un sport adapté aux grandes métropoles.

Le jeu se joue le plus souvent dans des domaines récréatifs, dans les parcs publics, les installations de tennis converties et la zone en expansion des restaurants de pickleball festifs. Depuis 2020, la dimension professionnelle en plein essor et pris en charge par l’A.P.P. Tour et la P.P.A. (Professional Pickleball Association), qui, combinées, organisent plus de cinquante tournois par an. Les prix ne sont pas encore importants mais ils vont augmenter avec la popularité du sport et aussi sa diffusion sur les chaines de télévision. Ben Johns, la plus grande star du sport, affirme qu’il a gagné deux cent cinquante mille dollars en 2021.

« Le livre de Robert D. Putnam « Bowling Alone », de 2000, pleure la perte de groupes communautaires bien-aimés – un club de bridge en Pennsylvanie, un chapitre de la N.A.A.C.P. à Roanoke, une ligue caritative de couture à Dallas – qui, pendant des décennies, ont favorisé les normes de réciprocité, de fiabilité et de bonne volonté générale », explique Sarah Larson, l’auteur de l’article. « Une envie de tels sentiments est un élément clé de la popularité du pickleball. Lors d’un tournoi, un professionnel senior m’a dit : « La chose la plus importante dans ce sport, ce sont les amitiés. Je viens de perdre mon mari il y a une semaine, et la seule raison pour laquelle je suis ici aujourd’hui, c’est parce que ma communauté de pickleball m’a soulevée. » Elle a eu des larmes. « Il n’y a pas d’autre sport comme ça. Le tennis n’est pas comme ça. Tu vas à un tournoi de tennis, c’est eux contre toi. »

Mais la professionnalisation et l’institutionnalisation de ce sport ne vont-ils le transformer comme un autre sport et lui enlever son innocence ? Par ailleurs, l’objectif qui est assigné n’est-il pas beaucoup trop important par rapport à la division et la polarisation qui existent actuellement dans la société américaine. Je doute que Ted Cruz et Lindsey Graham se réconcilient sur un terrain de pickleball avec Bennie Thompson et Jamie Raskin, même le temps d’une partie.

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