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2020 : une élection pas serrée que ça

Alors que Donald Trump continue à contester les résultats de l’élection, contre toute évidence, contre tous les recours juridiques, l’écart de voix populaires entre les deux candidats n’arrête pas de se creuser, car le dépouillement se poursuit. Au 5 décembre, Joe Biden a obtenu 81 283 735 votes soit 51,3 % des voix populaires, Donald Trump a, de son côté, 74 221 580 votes soit 46.9%. Plus de 7 millions d’écarts soit 4,4 % des voix.

Mais on le sait, les voix populaires ne comptent pas vraiment, ce sont les voix des grands électeurs qui sont seuls les arbitres du résultat final. Et sur ce point, le candidat démocrate a obtenu 306 voix et son opposant 232 voix. Le score inverse de l’élection de 2016 que Donald Trump avait qualifiée de « landslide » (victoire écrasante). Il avait pourtant près de 3 millions de voix populaires de moins que son opposante.

Ce système électoral d’un autre temps qui s’éloigne de plus en plus de l’idée « un citoyen, une voix » met la loupe sur les quelques états qui font l’élection et sur l’écart de voix existant dans ces états. En 2020, Joe Biden a gagné la Pennsylvanie avec un avantage de 1,2 % des voix, le Wisconsin avec 0,6 %, l’Arizona avec 0,3 %, La Géorgie avec 0,25 %. Au total, un écart de 125 000 voix pour ces quatre états sur plus de 18 millions d’électeurs a donc donné l’avantage au démocrate. Mais il faut rappeler les 77 000 voix sur le Michigan, la Pennsylvanie et le Wisconsin, trois états de ce que l’on avait le Blue Wall, avait donné la victoire à Donald Trump en 2016. Le lendemain de l’élection, Hillary Clinton avait concédé l’élection.

Mais un regard historique montre qu’il y a beaucoup d’élections qui ont été extrêmement serrées. Le Pew Research Center recense 187 instances depuis les élections de 1824 ce qui représente 3,87 états à courte victoire (moins de 2% d’écart). Selon cette définition (assez contestable il est vrai), les élections de 2020 ont donc été serrées puisqu’elle compte 5 états à victoire serrée ; il faut ajouter la Caroline du Nord (1,4 %) aux quatre susmentionnés.

Mais, selon ce critère, l’élection la plus disputée a été celle de 1976 qui opposait Jimmy Carter et Gerald Ford avec 11 états représentant 156 grands électeurs sur 517. Et pourtant, le démocrate avait 1,7 million de voix de plus que Ford (50,1 % contre 48 %). Gerald Ford concéda la victoire conformément à la tradition. Il avait été le seul président des Etats-Unis non élu. A la faveur de la démission forcée du vice-président Spiro Agnew, il avait été nommé vice-président par Richard Nixon, puis devenu président à la suite de la démission, tout aussi forcée, de ce dernier pour raison de Watergate. L’élection de 1976 est la première où le virage des États du Sud vers le parti démocrate a pris toute son envergure.

 

Mais l’élection la plus disputée selon ce critère du nombre d’états gagnés avec moins de 2 % est celle de 1844 qui opposait le démocrate James Polk et le champion du parti Whig (le parti républicain n’existait pas encore) Henry Clay. Six des 26 états qui participaient aux élections étaient dans cette marge de 2 %, soit 117 des 275 voix de grands électeurs. Bien sûr, la carte des Etats-Unis n’a rien à voir avec celle d’aujourd’hui. Au total James Polk l’a emporté avec 39 413 voix sur un total de quelque 2,5 millions de voix et avec 65 voix de Grands électeurs. Les États où l’écart est inférieur à 2 % et qui représentent 117 grands électeurs auraient donc pu largement faire basculer le résultat final. Cette occurrence est arrivée à neuf reprises. La plus récente étant l’élection de 2016 où six États à faible écart représentent 89 grands électeurs, là où l’écart est de 77 voix.

Toujours selon ce critère, cette année n’est pas une élection disputée : 5 États à faible écart qui représente 73 grands électeurs alors que Joe Biden à un avantage de 74 voix de Grands électeurs.

Mais les élections récentes les plus contestées ont été celles de 2000 où 513 voix populaires de l’état de Floride sur millions d’électeurs, une différence de 0,009 % ont entraîné une bataille qui est remontée jusqu’à la Cour Suprême qui emporté la décision et sans doute changé le cours de l’histoire. Finalement, Al Gore a concédé l’élection sortant ainsi le pays dans une impasse qui aurait pu être lourde de conséquences. Ce que ne semble pas prêt à faire son successeur à 20 ans d’intervalle.

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