Tout le monde a en tête la fameuse pièce de Ionesco. Dans la communauté républicaine, tout le monde, y compris les élus, se transforme en MAGAcéros. Seuls quelques réfractaires[i], à l’instar de Béranger, ont résisté à cette métamorphose collective.
Arrivons-nous à la fin de ce phénomène ? Les médias commentent régulièrement la baisse de popularité du président américain. Ils présentent la baisse du taux d’approbation qui passe 42 % à 41% comme le début de la fin. Le problème est que ça dure depuis plusieurs mois et que la fin n’arrive jamais.

Sauf peut-être en ce début novembre 2025, au moment où les États-Unis viennent de terminer leur plus long shutdown, où le président essaie de tout faire pour geler l’affaire Epstein, où il détourne l’attention en demande au DOJ de lancer une investigation des démocrates qui seraient impliquées dans cette affaire, où il vient de faire démolir l’East Wing de la Maison-Blanche pour reconstruire une inepte Ballroom, où il donne une indécente fête pour Halloween à Mar-a-Lago alors que la banque alimentaire ne distribuait plus les chèques permettant à 40 millions d’Américains de s’alimenter, où il ordonne des frappes sur des bateaux au simple motif qu’ils pourraient transporter de la drogue et où surtout les prix des biens de consommation sont repartis à la hausse (merci les droits de douane)… les craquelures dans la base MAGA commencent peut-être à se faire jour. Des craquelures qui ne demandent peut-être qu’à se transformer en crevasses.

Conséquence, l’approbation de la manière dont le président Donald Trump gère le gouvernement a fortement baissé depuis le début de son second mandat, selon un nouveau sondage AP-NORC, le mécontentement croissant provenant en grande partie de ses propres partisans républicains.
Cette enquête du centre de recherche AP-NORC pour les affaires publiques a été réalisée après les récentes victoires des démocrates lors des élections de mi-mandat, mais avant que le Congrès ne prenne des mesures majeures pour tenter de mettre fin à la plus longue fermeture partielle de l’histoire des États-Unis. Elle révèle que seulement 33 % des adultes américains approuvent la manière dont le président républicain gère le gouvernement, contre 43 % dans en mars.
Cette baisse est principalement due à la diminution de l’approbation parmi les républicains et les indépendants. Selon l’enquête, seulement environ deux tiers des républicains, soit 68 %, déclarent approuver la gestion gouvernementale de Trump, contre 81 % en mars. L’approbation des indépendants est passée de 38 % à 25 %.
Ces résultats mettent en lumière les risques liés à la fermeture partielle du gouvernement, que Trump et son administration ont (vainement) tenté d’attribuer entièrement aux démocrates, alors que les Américains reprochent aux deux partis les conséquences de cette paralysie : perturbations du trafic aérien, centaines de milliers de fonctionnaires privés de salaire, et réduction de l’aide alimentaire pour les plus vulnérables. Cela pourrait également refléter un mécontentement plus large envers les changements radicaux — et polarisants — apportés par Trump à l’administration fédérale ces derniers mois, notamment la réduction drastique des effectifs et les vagues de licenciements massifs.
L’organisation de la fête sur le thème de Gatsby le magnifique à Mar-à-Lago, à l’heure où Donald Trump s’opposait à la distribution des bons alimentaires à quelque 40 millions d’Américains, n’a certainement été du meilleur goût, et en tous cas, assez mal appréciée.
Le sondage indique qu’une écrasante majorité de démocrates, soit 95 %, continuent de désapprouver la gestion du gouvernement fédéral par Trump, contre 89 % en mars.
L’approbation globale de Trump reste stable
Malgré la baisse de soutien pour sa gestion du gouvernement, le taux d’approbation global de Trump est resté stable dans ce nouveau sondage. Environ un tiers des adultes américains, soit 36 %, approuvent sa gestion globale de la présidence, un chiffre proche des 37 % enregistrés dans un sondage AP-NORC d’octobre. L’approbation de sa gestion des questions clés comme l’immigration et l’économie a également peu changé depuis le mois dernier.
La santé est devenue un enjeu central dans le débat sur la fermeture partielle, les démocrates exigeant des républicains qu’ils négocient avec eux pour prolonger les crédits d’impôt qui expirent le 1er janvier. L’approbation de Donald Trump sur cette question, déjà faible, n’a guère évolué. Environ un tiers des Américains, soit 34 %, déclarent approuver sa gestion de la santé dans le sondage de novembre, contre 31 % en octobre.
[i] On peut citer Liz Cheney ou Adam Kinzinger chez les politiques, ou Charlie Sykes, Rick Wilson et les fondateurs du Lincoln Project.