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Vacciné ou pas vacciné, telle est la question

Le réseau d’hôpitaux texan Houston Methodist medical system a franchi le Rubicon. Il a mis à pied pour deux semaines sans solde, les 178 salariés qui, au 7 juin, n’étaient pas vaccinés. Et s’ils ne l’étaient pas au 21 juin ou n’apportaient pas la preuve d’une exemption, ils seraient tout simplement licenciés. A l’annonce de la décision, quelques douzaines de salariés antivaccins se sont réunis avec des mots d’ordre récurrents « Vaxx is venon » ou « Don’t Lose sights of our right » qui font écho  ceux que l’on a pu entendre de ce côté-ci de l’Atlantique. On pourrait par exemple citer la petite manifestation organisée par Jean-Marie Bigard soutenue par la généticienne de renom Alexandra Henrion-Caude (qui est peut-être sous l’effet des effets secondaires du BCG !).   

La décision ne devrait pas être une surprise. En mars dernier, le président du Houston Methodist medical system a informé tous les salariés de la décision et des conséquences qui tomberaient les 7 et 21 juin. Les salariés pouvaient faire une demande d’exemption pour des raisons médicales ou religieuses. De fait, 285 salariés ont pu faire appel à ces clauses d’exception et 332 ont eu droit à un délai supplémentaire. Cette petite minorité ne doit pas masquer les 25 000 salariés qui sont totalement vaccinés.

POLICY STATEMENT

To create a safe environment, free of infection/transmission of disease and to protect our patients, employees, and the community from Sars-Cov-2 (COVID-19) infection, Houston Methodist is requiring mandatory immunization of all covered Houston Methodist (HM) employees.

Cette décision a fait l’objet de fortes critiques, notamment de certains médias,  sous fond d’atteinte à la liberté et a donné matière à un procès engagé par une centaine de salariés qui « ne veulent pas jouer le rôle de cobayes » (Guinea pigs).

L’hôpital s’est fendu d’un communiqué très policé mais ferme à l’égard des salariés qui ont décidé de ne pas se faire vacciner : « I know that today may be difficult for some who are sad about losing a colleague who’s decided to not get vaccinated (…) we only wish them well and thank them for their past service to our community, and must respect the decision they made ».

Mais en rappelant aussi quelques évidences : « The science proves that the vaccines are not only safe, but necessary if we are going to turn the corner against COVID-19. The mRNA technology behind the Pfizer and Moderna vaccines isn’t new or experimental. It’s been around for many years. With more than 300 million doses distributed in the United States alone, the vaccines have proven to be extremely safe. The number of both positive cases and hospitalizations continue to drop around the country, too, proving the vaccines’ efficacy ».

Jennifer Bride, infirmière de l’hôpital et l’un des leaders antivaccin explique qu’elle n’est pas contre les vaccins en général mais contre celui-là en particulier parce qu’il n’offre pas le recul nécessaire pour mesurer ses effets secondaires potentiels. On pourrait donc l’appeler une antivaccin modérée et raisonnable. Il est vrai que le processus d’approbation standard par la FDA est normalement de deux ans alors que le présent vaccin a bénéficié d’une autorisation en urgence. Mais attendre aussi longtemps c’est un peu comme si on voulait installer un airbag dans une voiture alors que l’accident a déjà eu lieu.

A l’inverse on pourrait se féliciter des progrès faits par la médecine et la science qui ont permis de développer un vaccin aussi rapidement. Mais peut-être est-ce trop demander. Pour autant, ces mouvements antiscience et antiprogrès en général ne sont pas nouveaux mais paradoxalement ils auraient tendance à se développer alors qu’on aurait pu penser le contraire (écouter l’émission de France Culture Vaccination : histoire d’une défiance française avec l’historien Laurent-Henri Vignaud).

Dès son arrivée à la Maison Blanche, Joe Biden a élaboré un plan de vaccination national très ambitieux qui s’appuyait sur une disponibilité des produits et sur une logistique très développée. Et tout s’est très bien engagé de telle sorte qu’il a dû révisé ses objectifs des 100 premiers jours à la hausse en passant de 100 millions de doses administrées à 200 millions. Mais aujourd’hui, il est confronté à un mouvement antivaccin important qui va rendre difficile l’objectif actuel que 70 % des adultes aient reçu leur première dose au 4 juillet, jour de la fête de l’indépendance. Car le rythme de vaccination a singulièrement baissé pour atteindre une moyenne de 1 millions par jour alors qu’il était de 3,4 millions en avril (quasiment 100 millions de doses administrées en un mois). Certaines zones de vaccination sont devenus désertes. Ce mouvement n’est pas le même partout. Il est particulièrement marqué dans le Sud et le MidWest. Dans le petit état du Vermont, 60 % de la population est totalement vaccinée, en Alabama et dans le Mississippi on est respectivement à 30 et 28 %.

Selon un article du Washington Post, la chute de la vaccination a coïncidé avec la suspension du vaccin Johnson & Johnson. Le phénomène AstraZeneca que l’on a connu en Europe Pour atteindre les 70 % au 4 juillet, il faudrait vacciner au rythme de 4,2 millions par jour ce qui est hautement improbable. Des sondages récents indiquaient qu’un tiers des Américains n’avaient pas de projets de se faire vacciner dans l’immédiat. Les arguments sont coLes arguments sont connus : le doute sur le vaccin et sur celui-là en particulier, notamment en raison du manque de recul et de l’approbation en mode d’urgence, le refus de la pression des autorités considéré comme une atteinte à la liberté, le calcul risque /bénéfice a titre strictement personnel (l’individualisme et la déclinaison de la philosophie Ayn Rand The Virtue of Selfishness), et aussi le fait que l’épidémie recule (vous voyez bien, je ne suis pas vacciné et l’épidémie recule !), la défiance de la science et de la médecine…  On ne parlera pas ici des possibilités d’être magnétisé par l’introduction du vaccin dans le corps. Ou encore du fait que le vaccin tue (voir vidéos ci-dessous).

Il est dommage alors que toutes les conditions soient réunies : disponibilité du vaccin, logistique rodée que les Américains ne soient pas au rendez-vous pour améliorer radicalement la situation sanitaire. Alors que les Etats-Unis avaient pris une bonne avance par rapport aux pays européens, en particulier la France, l’écart entre les deux régions diminue peu à peu. Et comme sur beaucoup de sujet, il faudra faire les comptes lorsque l’épidémie sera terminée. On l’a bien vu pendant les différents périodes la situation des pays a changé. Le plus important sera de faire le bilan pour être mieux armés lors des prochaines crises sanitaires et ne pas répéter les mêmes erreurs.

Comparaison France / Etats-Unis

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