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Une deuxième vague ? Non, la première n’est pas finie

Comme un arbre qui cache la forêt, l’amélioration de l’état de New York masquait la détérioration dans de très nombreux états de la situation sanitaire aux Etats-Unis. La crise était laissée à l’appréciation de chaque état. On se retrouve aujourd’hui avec quasiment autant de cas différents que d’états que comptent les Etats-Unis.

Face à l’épidémie, le site endcoronavirus.org créé par le New England Complex Systems Institute (NECSI) divise les nations entre trois catégories : celles qui sont en train de gagner la bataille contre le virus, celles qui s’en approchent et celles qui doivent prendre des mesures pour stopper la crise.

Et dans chaque catégorie, on trouve des pays très différents critères : situation géographique, développement économique, système de santé, composition démographique…

Dans la première catégorie, il y a par exemple, le Burkina-Fasso, Cuba, le Cambodge, la Hongrie ou l’Uruguay. La courbe de l’épidémie est une classique courbe en cloche avec un ou plusieurs pics, mais qui est clairement retombée.

Dans la seconde, on retrouve la plupart des pays européens dont la France, mais aussi la Corée du Sud, la Chine et la Somalie. La courbe en cloche, à un ou plusieurs pics, est bien retombée, mais il reste un peu de chemin à faire.

Enfin, dans la troisième catégorie, la plus nombreuse, figurent les Etats-Unis. La courbe en cloche avait bien amorcé sa descente, mais est repartie de plus belle.

Mais étant donné la grande superficie des Etats-Unis, cette courbe se décompose en de multiples courbes, chacune traduisant une réalité spécifique à chaque état. Deux états seulement semblent totalement sortis d’affaire : Hawaï et le petit état du Vermont. Une dizaine, dont l’état de New York qui a été l’épicentre de la pandémie pendant plusieurs semaines, sortent de la crise. Et tous les états restants ont plongé ou replongé. Il faut que certains aient bouclé très tard, rouvert très tôt et n’aient pas voulu diffuser des messages clairs. Par le gouverneur du Texas avait signé fin avril un décret encourageant les texans à porter un masque, mais en indiquant explicitement qu’aucune juridiction de l’état ne pouvait imposer une quelconque amende à quiconque n’en porterait pas. Pas très incitatif. Avec en toile de fond le sacro-sainte liberté individuelle qui contrairement au proverbe bien connu – La liberté des uns s’arrête là où commence celle des autres – ne s’arrête nulle part.

De telle sorte que la situation globale des Etats-Unis est aujourd’hui très préoccupante. Et pourtant le groupe de travail dirigé par le vice-président Mike Pence qui a tenu sa première conférence depuis deux mois au ministère de la Santé (et non à la Maison-Blanche qui veut décidément prendre ses distances avec l’épidémie, voire l’ignorer) s’est voulu très rassurant contredisant les faits. Avec comme argument que plus on teste et plus on trouve de cas et que la moitié des cas sont relativement jeunes (moins de 35 ans).

 

« Nous sommes dans une situation nettement meilleure aujourd’hui qu’il y a un ou deux mois » a-t-il martelé. Quant à Donald Trump, il n’aborde le sujet que pour se féliciter du nombre de tests effectués sans s’intéresser au résultat final : le nombre de morts causés par le virus. On pourrait d’ailleurs être en mesure de se demander : à quoi servent tous ces tests ?  Lors de son meeting de Tulsa en Oklahoma, il était même jusqu’à demander à « my people to slow down the tests » obligeant les conseillers à faire le service après-vente en expliquant qu’il plaisantait. « Do you think that’s funny » demande à Brianna Keilar, la journaliste de CNN à Tim Murtaugh, directeur de la communication de la campagne Trump pour 2020.

 

Après avoir nié l’épidémie, minimisé son importance, demandé à ses conseillers médicaux devant les 330 millions d’Américains si on ne pouvait pas les faire boire du désinfectant (bleach) juste une minute, réduit le financement fédéral des centres de tests, Donald Trump veut assener le coup final en demandant à la Cour Suprême de déclarer inconstitutionnel l’Obamacare – où ce qu’il en reste – à un moment où tant d’Américains devenus sans emploi en auront bien besoin.

Très rapidement, Donald Trump a exprimé sa préférence pour l’économie que pour la pandémie. Mais finalement, il va peut-être avoir affaire à une économie chancelante et à une épidémie sans fin sous fond de crise raciale. Un environnement qui n’est pas favorable à une réélection.

L’appartenance partisane est encore déterminante quant à l’appréciation de l’épidémie. Une majorité des républicains pensent que la crise sanitaire est derrière, une minorité des démocrates a le même sentiment.

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