“Unfortunately, Democrat Senators are blocking passage of H.R. 5371 in the Senate which has led to a lapse in appropriations” (….) “Due to the lapse in appropriations I am currently in furlough status. I will respond to emails once government functions resume.”
C’est ainsi qu’un message automatique a été rédigé et implémenté dans les messageries des fonctionnaires du ministère de l’Éducation. On le voit, le shutdown est l’occasion pour l’administration en place de faire feu de tout bois et de générer des messages hautement politiques. Et d’autres agences ont également dispensé des messages de ce genre à l’insu des fonctionnaires.
Le shutdown est un moment critique puisque les services de l’État (à l’exception des services essentiels) sont à l’arrêt. Les fonctionnaires sont renvoyés chez eux et ne sont pas payés pendant la période de fermeture. Et même si le droit à la paie rétroactive est parfois garanti, cela ne compense pas l’effet immédiat des retards. C’est donc un manque à gagner pour des citoyens en rien responsables d’une décision purement politique. Mais cette fois pourait marquer une rupture. En effet, Donald Trump pourrait en profiter pour mener à bien leur projet de destruction de l’administration en supprimant des milliers de postes.
Le shutdown est aussi un exercice très politique par lequel chaque parti essaie de faire porter la responsabilité à l’autre de la situation.
Les shutdowns sont relativement fréquents (voir liste ci-dessous). Sous l’ère Biden, plusieurs échéances ont failli y mener, mais ils ont été évités in extremis grâce à des accords temporaires.
Les précédents Shutdonws
Depuis 1976 : Ford, Carter, Reagan
30 septembre – 11 octobre 1976 (Ford) – 10 jours)
30 septembre – 13 octobre 1977 (Carter) – 12 jours.
31 octobre – 9 novembre 1977 (Carter) – 8 jours.
30 novembre – 9 décembre 1977 (Carter) – 8 jours.
30 septembre – 18 octobre 1978 (Carter) – 18 jours.
30 septembre – 12 octobre 1979 (Carter) – 11 jours.
20 novembre – 23 novembre 1981 (Reagan) – 2 jours.
30 septembre – 2 octobre 1982 (Reagan) – 1 jour.
17 décembre – 21 décembre 1982 (Reagan) – 3 jours.
10 novembre – 14 novembre 1983 (Reagan) – 3 jours.
30 septembre – 3 octobre 1984 (Reagan) – 2 jours.
3 octobre – 5 octobre 1984 (Reagan) – 1 jour.
16 octobre – 18 octobre 1986 (Reagan) – 1 jour.
18 décembre – 20 décembre 1987 (Reagan) – 1 jour.Après 1990 : Bush père, Clinton, Obama
5 octobre – 9 octobre 1990 (George H. W. Bush) – 3 jours.
13 novembre – 19 novembre 1995 (Clinton) – 5 jours.
16 décembre 1995 – 6 janvier 1996 (Clinton) – 21 jours
1 octobre – 17 octobre 2013 (Obama) – 16 jours.Période Trump et après
20 janvier – 22 janvier 2018 (Trump) – 3 jours.
9 février 2018 (Trump) – quelques heures (shutdown « technique »).
22 décembre 2018 – 25 janvier 2019 (Trump) – 35 jours, le plus long de l’histoire américaine.
A ce jour, le shutdown le plus long est intervenu pendant le premier mandat de Donald Trump et a duré 35 jours. Donc plus d’un mois de salaire en moins pour les fonctionnaires. Le litige était la demande de financement du mur (5,7 milliards de dollars que refusaient les démocrates).
Le présent shutdown peut être présenté selon plusieurs dimensions.
Politique d’abord. Chaque parti accuse l’autre : les démocrates insistent sur la protection des aides santé (subventions Obamacare, Medicaid), les républicains insistent sur le contrôle des dépenses. Le responsable perçu dans l’opinion publique pourrait être lourdement pénalisé. Sur le plan international, un gouvernement paralysé nuit à la crédibilité des États-Unis dans ses engagements étrangers, à la stabilité financière, et dans ses relations diplomatiques.
Sur le plan économique, le shutdown entraîne un arrêt du versement des salaires pour de nombreux employés fédéraux (furloughs ou travail sans paiement) et un impact sur la consommation, effets sur les petites entreprises dépendantes de contrats publics, etc.
Les populations les plus dépendantes sont les plus touchées. Soutien aux populations vulnérables. Ceux qui comptent sur des aides fédérales (alimentation, santé, etc.) pourraient subir des interruptions ou des retards.
Les républicains essaient de convaincre quelques démocrates pour dépasser le fameux seuil du filibuster des 60 voix. Selon un article du magazine Politico (This Shutdown Won’t Be Like the Others), ce shutdown se distingue des précédents, en particulier car les deux partis y trouvent intérêt (les démocrates pour tenir leur aile gauche, les républicains pour affaiblir l’État et tester de nouvelles coupes). Comme on pouvait s’y attendre, Donald Trump entend exploiter au maximum la situation pour casser la fonction publique via des outils budgétaires unilatéraux (rescissions pour annuler définitivement une dépense autoriser par le Congrès, impoundment c’est-à-dire un refus de dépenser tout ou partie des crédits budgétaires votés par le Congrès).