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Thierry Breton persona non grata aux Etats-Unis

A lire le communiqué de presse sur le site du ministère des Affaires étrangères, on croit rêver. Mais en fait, c’est la poursuite d’une politique de destruction que plus rien ne semble arrêter. Une annonce qui reprend juste après les gesticulations renouvelées concernant le Groenland.

Le gouvernement américain interdit de séjour cinq personnalités dont l’ancien commissaire européen Thierry Breton pour son action régulatrice dans le domaine du numérique.

Les quatre autres personnalités sanctionnées sont : Imran Ahmed, qui dirige le Center for Countering Digital Hate (CCDH), Clare Melford, à la tête d’un index de la désinformation (GDI) basé au Royaume-Uni, ainsi que Anna-Lena von Hodenberg, fondatrice de HateAid, une ONG allemande, et Josephine Ballon, de la même association.

Announcement of Actions to Combat the Global Censorship-Industrial Complex
Press Statement
December 23, 2025
The State Department is taking decisive action against five individuals who have led organized efforts to coerce American platforms to censor, demonetize, and suppress American viewpoints they oppose. These radical activists and weaponized NGOs have advanced censorship crackdowns by foreign states—in each case targeting American speakers and American companies. As such, I have determined that their entry, presence, or activities in the United States have potentially serious adverse foreign policy consequences for the United States. 
Based on these determinations, the Department has taken steps to impose visa restrictions on agents of the global censorship-industrial complex who, as a result, will be generally barred from entering the United States. Further, based on the foreign policy determination, the Department of Homeland Security can initiate removal proceedings against certain individuals pursuant to INA section 237(a)(4)(C), which renders such individuals deportable.    
President Trump has been clear that his America First foreign policy rejects violations of American sovereignty. Extraterritorial overreach by foreign censors targeting American speech is no exception. The State Department stands ready and willing to expand today’s list if other foreign actors do not reverse course.
These actions are pursuant to Section 212(a)(3)(C) of the Immigration and Nationality Act, which renders inadmissible any alien whose entry into the Unites States the Secretary of State determines “would have potentially serious adverse foreign policy consequences for the United States.” Certain family members may also be covered by these restrictions.  In addition, Section 237(a)(4)(C) of the Immigration and Nationality Act renders an alien deportable from the United States if the Secretary of State has reasonable grounds to believe the alien’s presence or activities in the United States would have potentially serious adverse foreign policy consequences.

L’annonce des personnalités a été faite en deux temps. D’abord, le courageux secrétaire d’État qui annonce par la voie d’un communiqué que cinq personnalités sont désormais interdites de séjour aux États-Unis. Puis, dans un second, la sous-secrétaire d’État Sarah Rogers qui doit faire le sale boulot de désigner les personnalités concernées.

Marco Rubio confirme l’information sur son compte X

Sarah Rogers annonce les personnalités concernées.

L’instrument utilisé [(INA §212(a)(3)(C)] est la clause la plus dangereuse du droit américain. Elle interdit l’entrée de toute personne dont la présence pourrait avoir « des conséquences négatives graves pour la politique étrangère des États-Unis ».

C’est une décision politique, non judiciaire et dont la motivation est non publique. Il n’y aucune voie de recours possible et c’est une mesure qui est applicable à des personnes nommément désignées.

Lorsqu’un État interdit de séjour des individus nommément identifiés, sans infraction pénale caractérisée, en raison de leurs idées, de leurs décisions ou de leurs fonctions et en s’appuyant sur un droit d’exception administratif,

Dans l’histoire américaine, ces pratiques obéissent à une constante : elles émergent dans les phases de peur et de crispation politique, s’évanouissent avec le retour à un ordre constitutionnel apaisé, et sont presque toujours reconnues, a posteriori, comme des erreurs.

Parmi les personnalités visées par cette mesure d’exception on peut citer Yasser Arafat (années 1980), le président du Sinn Gerry Adams (1988–1994), Fidel Castro (de facto, pendant des décennies), Hugo Chávez, le président iranien Mahmoud Ahmadinejad, Tariq Ramadan et Gabriel Garcia Marquez. Si ce n’est pour ce dernier, Thierry Breton devrait se sentir flatté d’être en si bonne compagnie.

Jusqu’ici, l’INA §212(a)(3)(C) visait des leaders de mouvements armés ou révolutionnaires, des chefs d’État adverses et des intellectuels critiques. Les personnalités n’ont commis aucune infraction pénale. Mais cette décision constitue clairement une rupture historique. Lorsque cette clause est utilisée contre des responsables institutionnels d’États alliés (ou qui l’étaient jusqu’à il n’y a pas si longtemps), pour leurs fonctions réglementaires exercées légalement, on franchit un seuil. Le gouvernement américain ne sanctionne plus un opposant, ne dissuade plus un acteur armé, mais entend intimider une fonction publique étrangère, voire une nation tout entière.  C’est sans précédent clair dans l’histoire récente des États-Unis.

Quand on pense que Vladimir a eu un red carpet treatment lorsqu’il a mis le pied sur le sol américain (lors de son voyage en Alaska) et que Thierry Breton est interdit.

La réponse de Thierry Breton

et de Jean-Noël Barrot

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