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Si j’avais été président ?

Si j’étais Président de la République
J’écrirais mes discours en vers et en musique
Et les jours de conseil, on irait en pique-nique
On f’rait des trucs marrants, si j’étais Président
Je recevrais, la nuit, le corps diplomatique
Dans une super disco à l’ambiance atomique
On se ferait la guerre à grands coups de rythmique
Rien ne serait comme avant, si j’étais président
Au bord des fontaines, coulerait de l’orangeade
Coluche notre ministre de la rigolade
Imposerait des manèges sur toutes les esplanades
On s’éclaterait vraiment, si j’étais président

Gérard Lenorman, 1980

Si j’avais été président en 2022, il n’y aurait jamais eu de guerre et les Russes n’auraient jamais osé attaquer l’Ukraine, affirme régulièrement Donald Trump en qualifiant cette guerre de “Biden’s War”. Affirmation totalement gratuite qui ne peut évidemment être vérifiée et qui est souvent accompagner par l’assertion selon laquelle pendant les quatre ans où Donald Trump il n’y avait pas de guerre dans le monde.

Mais il faut bien faire avec et pendant la campagne, Donald Trump a répété à l’envi qu’il réglerait la question en 24 heures, qu’il connaissait bien Vladimir Poutine d’un côté et Volodymyr Zelensky de l’autre, qu’il les ferait se rencontrer et qu’il ferait tout arrêter. Là encore, une fanfaronnade totalement gratuite du style “I alone can fix it”. Finalement rien de très surprenant, puisqu’il n’est pas gêné par le mensonge, pourquoi le serait-il par des affirmations gratuites invérifiables. Serait-il un adepte de Kurt Godel et de son théorème d’incomplétude selon lequel « il existe des énoncés indécidables, c’est-à-dire des énoncés pour lesquels on ne peut ni prouver ni réfuter leur vérité à partir des axiomes du système » ?

Et la guerre continue, toujours plus sanglante, sans pour autant donner un avantage significatif pour un camp comme pour l’autre. Une situation qui donne le sentiment qu’elle peut durer indéfiniment, transformant l’Ukraine en un champ de ruine et remplissant les cimetières du pays.

Mais, comme le fait remarquer Will Saletan dans un article du TheBulwark (The Myth of Trumpian Deterrence), à chaque fois qu’il fait une déclaration de ce type, Poutine envoie une nouvelle volée de « bois vert » sous forme de drones et de missiles sur l’Ukraine.

En mars, Trump a proposé un cessez-le-feu de 30 jours. L’Ukraine a accepté la proposition, mais la Russie ne l’a pas mis en œuvre. Les forces russes ont pénétré dans l’est de l’Ukraine et, le 13 avril, la Russie a tiré des missiles sur Soumy, une ville ukrainienne, tuant au moins 34 civils et en blessant plus de 100.

Peu après, Donald Trump sur la frappe de missile, il  l’a excusée comme étant « une erreur » et a déclaré que la guerre avait commencé uniquement parce que Vladimir Poutine « avait si peu de respect pour [Joe] Biden ». « Si j’étais président », a déclaré Trump, « cette guerre n’aurait jamais commencé. »

Le lendemain, Trump a affirmé qu’au cours de son premier mandat, il avait dissuadé Poutine d’envahir l’Ukraine. « Je lui ai dit : ‘Ne le fais pas’ », avait déclaré Donald Trump. Mais maintenant que Trump était de retour au pouvoir, Poutine semblait étrangement inébranlable. Alors que Trump vantait sa capacité magique à maîtriser Poutine, le ministre russe des Affaires étrangères, Sergueï Lavrov, a répété que la Russie n’accepterait pas le plan de cessez-le-feu de Trump. Pendant ce temps, le long du front, les troupes russes poursuivent leurs assauts contre l’Ukraine.

Le 17 avril, Trump s’est de nouveau vanté d’avoir dissuadé la Russie lors de son premier mandat. « J’en ai beaucoup parlé au président Poutine », a déclaré Trump. « Il n’y a aucune chance qu’il soit entré si j’étais président. »

Le lendemain, la Russie a tiré des missiles sur Kharkiv, tuant un civil et en blessant plus de 100 autres. Le président ukrainien Volodymyr Zelensky a proposé un moratoire sur les frappes contre des cibles civiles. Poutine  l’a rejeté.

Le 22 avril, dans une interview accordée au Time, Trump a été interrogé sur une promesse qu’il avait faite lors de sa campagne de 2024. « Vous avez dit que vous mettriez fin à la guerre en Ukraine dès le premier jour »,  lui a rappelé l’intervieweur. Trump a rejeté la citation. « J’ai dit cela comme une exagération », s’est-il moqué. « Évidemment, les gens savent que quand j’ai dit ça, c’était pour plaisanter. » Mais il a répété que la guerre « n’aurait jamais eu lieu si j’avais été président ».

Encore une fois, Poutine l’a défié. Un jour après l’interview du Time , la Russie a lancé un barrage de missiles et de drones contre Kiev, frappant cinq quartiers et tuant une douzaine de personnes.

Trump, en réponse, a essayé de faire ce qu’il prétendait avoir fait lors de son premier mandat : dissuader Poutine de toute nouvelle agression. « Vladimir, STOP ! », a-t-il écrit sur Truth Social. « Faisons en sorte que l’accord de paix soit conclu ! » Malgré les bombardements persistants de la Russie, Trump a insisté sur le fait que Poutine voulait la paix. On connaît la suite.

Dans une interview le 29 avril, Trump a assuré à Terry Moran d’ABC :

DT : « À cause de moi, je crois qu’il [Poutine] est prêt à arrêter les combats. »

Terry Moran: « Vous pensez que Vladimir Poutine veut la paix ? »

DT : « Je pense qu’il le fait, oui. Je pense que oui.

Le 2 mai, Trump a déclaré à Kristen Welker de NBC que son alchimie magique avec Poutine fonctionnait déjà. « Si je ne m’impliquais pas, ils [la Russie] se battraient en ce moment même pour toute l’Ukraine », a déclaré Trump. « Si ce n’était pas moi, ils continueraient. »

Mais la Russie a continué. D’une ville à l’ autre, ses troupes ne cessent d’ avancer.

Le 6 mai, un journaliste a demandé à Trump « quel type de progrès » ses ouvertures à Poutine avaient réalisé. « Beaucoup », a déclaré Trump. « Je pense que la Russie voulait prendre toute l’Ukraine, et ils ont arrêté. »

Donald Trump a refusé de punir la Russie. Le 12 mai, un journaliste lui a demandé s’il imposerait « des sanctions à la Russie si Poutine n’était pas d’accord avec le cessez-le-feu de 30 jours ». Trump a réaffirmé sa foi dans le régime de Poutine : « J’ai le sentiment qu’ils vont être d’accord. Oui. J’ai un sentiment.

Le 16 mai, l’animateur de Fox News, Bret Baier, a rappelé à  Trump : « Vous avez dit : ‘Arrêtez les bombardements’. Il [Poutine] n’a pas arrêté de bombarder. Il n’est pas à la table. Mais Trump – avec la même confiance délirante qu’il exprime régulièrement à propos de la fraude massive lors des élections de 2020 – a insisté : « Il est à la table. » Tout au long de l’interview, Trump a tenté de rejeter la faute sur Zelensky.

Le lendemain, la Russie a lancé sa plus grande attaque de drones de la guerre de trois ans.

Le 19 mai, Trump a eu un appel téléphonique de deux heures avec Poutine. « Le ton et l’esprit de la conversation étaient excellents », a déclaré Trump  sur Truth Social. En conséquence, il a promis que « la Russie et l’Ukraine entameront immédiatement des négociations en vue d’un cessez-le-feu ».

Le cessez-le-feu n’a pas eu lieu. Au lieu de cela, la semaine dernière, la Russie a lancé plus de 300 drones et missiles sur l’Ukraine, tuant davantage de civils.

À ce stade, il était clair que les vantardises de Trump sur la dissuasion de Poutine étaient vides. « Il ne semble pas disposé à faire tout ce que vous voulez qu’il fasse », a déclaré un journaliste à Trump. « Croyez-vous toujours qu’il n’aurait pas déclenché la guerre ? »

Trump s’est accroché à ses mythes entrelacés : « Si j’étais président, si les élections n’avaient pas été truquées, vous n’auriez pas eu la guerre. »

Le dernier épisode dans ces échanges est la conversation téléphonique du 4 juin entre les deux chefs d’État à l’issue de laquelle Donald Trump s’est juste contenté de jouer le porte-voix de Vladimir Poutine.

Pour détourner l’attention et masquer ce nouvel épisode qui montre son impuissance, Donald Trump a publié plusieurs Executive Orders : nouvelle attaque contre Harvard, Travel Ban sur 12 pays, lancement d’une investigation contre les actions engagées pour masquer la démence intellectuelle de Joe Biden…

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