Le 6 mars 2025, le président Donald Trump a signé un décret exécutif ciblant spécifiquement le cabinet d’avocats Perkins Coie (Addressing Risks from Perkins Coie LLP) qui commence ainsi : “The dishonest and dangerous activity of the law firm Perkins Coie LLP (“Perkins Coie”) has affected this country for decades”. Ce décret interdit au gouvernement fédéral de recourir aux services de Perkins Coie, suspend les habilitations de sécurité de ses avocats, leur interdit l’accès aux bâtiments fédéraux et ordonne des examens visant à mettre fin aux contrats gouvernementaux avec les clients de ce cabinet. Le décret accuse Perkins Coie d’activités “malhonnêtes et dangereuses” et de discrimination raciale en raison de leurs politiques de diversité.
Qu’a fait le cabinet d’avocats Perkins Coie pour susciter un tel courroux de la part du président des Etats-Unis ?
Perkins Coie a joué un rôle clé dans le financement du fameux dossier Steele, un rapport contenant des allégations contre Donald Trump sur ses liens présumés avec la Russie en 2016. Le cabinet, par l’intermédiaire de l’avocat Marc Elias, avait engagé Fusion GPS, qui a ensuite recruté l’ancien espion britannique Christopher Steele pour enquêter sur Donald Trump. Ce dossier a été utilisé pour justifier certaines enquêtes du FBI sur l’équipe de campagne de Trump.
Perkins Coie a longtemps travaillé avec le Comité national démocrate (DNC) et travaillé avec l’équipe de campagne d’Hillary Clinton. On se souvient qu’il avait répété à l’envi lock her up.
L’administration Trump considère que ce cabinet a abusé du système judiciaire pour nuire à ses intérêts et protéger ses adversaires politiques.
Le décret signé par Donald Trump (Judge temporarily blocks Trump order punishing law firm tied to Clinton)mentionne également que Perkins Coie aurait appliqué des politiques de diversité jugées discriminatoires, notamment dans ses embauches et promotions, ce qui s’inscrit dans la croisade de Trump contre les politiques dites de DEI (Diversity, Equity and Inclusion) dans les grandes entreprises et institutions. Enfin, Perkins Coie représente plusieurs clients opposés à Donald Trump, notamment des figures impliquées dans les enquêtes judiciaires le visant.
Cette action s’inscrit dans une campagne plus large de l’administration Trump visant à intimider, voire sanctionner les cabinets d’avocats ayant travaillé pour ses adversaires politiques, notamment Covington & Burling, qui représente le procureur spécial Jack Smith, et Perkins Coie, associé à Hillary Clinton lors de l’élection de 2016. Voire tous les cabinets d’avocats, quelle que soit leur activité.
Ces mesures ont suscité des inquiétudes quant à l’indépendance judiciaire et pourraient dissuader les cabinets d’avocats de représenter des clients s’opposant à l’administration Trump, remettant en question le principe selon lequel chacun devrait avoir accès à une représentation légale.
Pour l’heure, c’est le système judiciaire qui constitue le rempart le plus actif de défense de l’état de droit. A ce jour, plus de 120 initiatives judiciaires ont été engagées contre le pouvoir exécutif. Les médias, les démocrates, les associations, l’opinion publique ne semblent pas se mobiliser vraiment contre l’attaque de Donald Trump contre la démocratie. Faut-il rappeler que Kamala Harris avait mis en garde contre ce danger. On voit combien elle avait vu juste mais les électeurs en ont jugé autrement.
Dans une interview sur la chaîne MSNBC, l’ancien juge fédéral Michael Luttig, conservateur faut-il le préciser, est attéré sur cette évolution qu’il qualifie de war on the rule of law.