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Première vague bleue ?

Une hirondelle ne fait pas le printemps dit-on couramment. Mais si plusieurs hirondelles apparaissent dans le ciel, c’est peut-être le signe quelque chose se passe. C’est plutôt rassurant pour les démocrates dans la perspective des élections de midterms de novembre 2026.

De la Virginie à la Californie, les démocrates ont balayé la carte électorale américaine lors d’une journée marquée par une mobilisation record.

Après un an d’impuissance et d’immobilisme face à un président Trump triomphant, les démocrates ont retrouvé quelques leviers concrets de pouvoir. Ils remportent les scrutins majeurs en Virginie, New Jersey, Californie et Pennsylvanie, et s’adjugent plusieurs sièges clés en Géorgie. En Virginie, ils s’apprêtent à contrôler près des deux tiers de la Chambre des délégués, un basculement spectaculaire dans un État symbole des fractures américaines.

Les rassemblements “No Kings”, les marathons parlementaires et les slogans anti-autoritarisme ont enfin trouvé leur traduction électorale.

Partout, les candidats démocrates ont construit leur campagne autour d’un seul adversaire : Donald Trump et sur les effets néfastes de sa politique.

– En Virginie, Abigail Spanberger a remporté la course au poste de gouverneur en dénonçant les licenciements fédéraux massifs décidés par la Maison-Blanche.

– Au New Jersey, Mikie Sherrill a mobilisé autour du projet de tunnel sous l’Hudson, annulé par Trump, symbole d’un président coupé des réalités locales.

– En Californie, un référendum a validé le redécoupage des circonscriptions au profit des démocrates. Sur son réseau social, Donald Trump a immédiatement qualifié cette initiative inconstitutionnelle. Il est vrai qu’en termes de constitutionnalité, il s’y connaît.

– À New York, la défaite d’Andrew Cuomo, pourtant soutenu par Donald Trump, a illustré la toxicité croissante du label républicain dans les métropoles.

Sans être sur aucun des bulletins, Donald Trump a pourtant dominé tous les débats d’abord parce qu’il joue cette carte depuis le début mais aussi parce qu’il s’est engagé sur tous les fronts.

À 34 ans, Zohran Mamdani incarne la relève d’un Parti démocrate en quête de sens.
Fils d’immigrés, musulman pratiquant et ancien militant communautaire, le nouveau maire de New York a fait campagne sur les prix du logement, la justice sociale et la fierté urbaine. Sa victoire éclatante sur Andrew Cuomo redéfinit le paysage démocrate : plus jeune, plus urbain, plus à gauche. Il devient ainsi le plus jeune maire de l’histoire de New York, le premier socialiste revendiqué et le premier musulman.

Son style direct, sa maîtrise du numérique et sa proximité avec les influenceurs font de Mamdani un modèle pour les candidats de 2026. A ceci près que New York n’est pas l’Amérique et ce qui vaut pour Big Apple n’est pas transposable sur l’ensemble du pays.

Les républicains tenteront de le caricaturer en radical musulman ; Donald Trump s’est déjà empressé de la qualifier de communiste. Dans un message publié le jour de l’élection, il a réussi à le traiter de communiste à quatre reprises avec des références historiques toujours appéciées : “His principles (i.e. Comunism) have been tested for over a thousand of years”. On apprend avec intérêt que l’idée du communisme remonte vers les années mille. Un peu comme pour 3000 ans, les parties avaient essayé de signer la paix sans y parvenir entre Israël et Gaza et que lui seul, Donald Trump, y été parvenu. Le président a également joué la carte communautaire en expliquant qu’un juin newyorkais qui vote Mamdani est stupide. Selon une enquête au sortir des urnes, Mamdani n’a recueilli qu’une voix sur trois de Newyorkais de confession juive.

Même lesté de polémiques, le démocrate Jay Jones a remporté l’élection d’attorney general en Virginie, malgré des messages violents révélés en fin de campagne. Cette indulgence électorale marque la fin d’un certain moralisme : pour une base galvanisée par le rejet de Trump, l’essentiel n’est plus la vertu, mais la victoire. La politique américaine est-elle entrée dans l’ère post-honte ?

Depuis 2017, le schéma se répète : lorsque Donald Trump n’est pas sur le bulletin, les républicains se démobilisent. Les démocrates, eux, transforment chaque élection locale en référendum contre lui. Résultat : une surenchère de participation démocrate dans tous les États clés, du Wisconsin à la Virginie. Cette tendance, désormais structurelle, redéfinit le cycle électoral : Trump fait gagner les républicains quand il se présente, mais les fait perdre quand il n’est pas là. Une constatation qui laisse à penser qu’il est le seul à perpertuer le trumpisme et qu’il ne laissera qu’un champ de ruines après son départ. A voir ! D’ailleurs, n’est-ce pas l’une des raisons pour laquelle il entretient l’idée de Trump 2028. Sauf que, au-delà des difficultés constutionnelles, il va être rattrappé par la patrouille des années, il aura 82 ans. Etant donné la dégradation observée, on a de gros doutes sur ses capacités à trois ans d’aujourd’hui.

En Californie, le gouverneur Gavin Newsom a mené une campagne méthodique pour rééquilibrer les circonscriptions en faveur des démocrates. Le référendum, approuvé à deux contre un, pourrait inspirer d’autres États bleus — du Colorado au Maryland — à adopter des réformes similaires avant 2026. Gavin Newsom consolide ainsi son statut de bête politique nationale, capable d’articuler stratégie institutionnelle et leadership partisan. Il s’impose comme l’un des rares élus démocrates à avoir réellement affaibli Trump sur le terrain structurel. Il prend ainsi une option pour 2028.

Cette vague électorale de 2025 transforme le climat politique américain.
Les démocrates ont désormais :
– un récit (la défense des institutions face à la dérive autoritaire) ;
– des figures émergentes (Mamdani, Spanberger, Sherrill) ;
( et une méthode (mobiliser sur Trump, même sans Trump).
À un an des élections de mi-mandat, la gauche américaine retrouve confiance et cohésion.
Le message est limpide : Le backlash démocrate est arrivé. Et cette fois, il pourrait bien durer.

The Sleeping Giant Awakens
The point is that Americans are speaking up — loudly and clearly.
The sleeping giant of America is up and roaring.
On October 18, over 7 million of us demonstrated against tyranny. Today, we stood up for democracy.
Will today make Trump and his Republican sycophants even more determined to hold on to power in next year’s midterms at any cost? Or will they see the writing on the wall and moderate their assault on democracy and the rule of law? I hope for the latter. I fear the former.
Robert Reich

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