Donald Trump avait prévenu lors de son discours d’investiture :
“…And by invoking the Alien Enemies Act of 1798, I will direct our government to use the full and immense power of federal and state law enforcement to eliminate the presence of all foreign gangs and criminal networks bringing devastating crime to U.S. soil, including our cities and inner cities.
As commander in chief, I have no higher responsibility than to defend our country from threats and invasions, and that is exactly what I am going to do. We will do it at a level that nobody has ever seen before”.
Depuis le 20 janvier, l’agence de police douanière et de contrôle des frontières du département de la Sécurité intérieure des États-Unis – l’United States Immigration and Customs Enforcement (ICE) – s’est montrée particulièrement active.
L’évènement le plus controversé à ce jour est l’expulsion de Kilmar Abrego Garcia expulsé par erreur au Salvador, une erreur reconnue par le Department d’État. Malgré une injonction de la Cour Suprême à le ramener aux États-Unis pour bénéficier d’un procès équitable, l’administration fait la sourde oreille.
Le 25 mars 2025, Rümeysa Öztürk, doctorante turque à l’université de Tufts, a été arrêtée en pleine rue à Somerville par des agents de l’ICE en civil et masqués. Son arrestation a été filmée par des caméras de surveillance, suscitant une large indignation. Elle est actuellement détenue en Louisiane, et des élus démocrates ont dénoncé une détention motivée par ses prises de position critiques envers Israël dans un article universitaire.
Mahmoud Khalil, résident permanent légal et étudiant diplômé à Columbia, a été arrêté sans mandat en mars 2025. Connu pour son activisme propalestinien, il a été détenu en Louisiane, manquant la naissance de son premier enfant après que l’ICE a refusé sa libération temporaire. Les autorités ont invoqué des préoccupations de sécurité nationale, tandis que ses avocats dénoncent une détention politiquement motivée.
En avril 2025, l’ICE a expulsé plusieurs enfants citoyens américains vers le Honduras avec leurs mères sans respecter les procédures légales. Parmi eux, une fillette de 2 ans, citoyenne américaine, expulsée avec sa mère enceinte, malgré des preuves de sa nationalité, un garçon de 4 ans atteint d’un cancer en phase terminale, expulsé sans accès à ses traitements médicaux. Ces cas ont suscité une vive indignation et des actions en justice pour violation des droits constitutionnels.
Toujours en avril, Heidy Sánchez, originaire de Cuba et mère d’un enfant américain souffrant de crises d’épilepsie, a été arrêtée lors d’un contrôle de routine en Floride et expulsée sans possibilité de recours légal, laissant son enfant sans soins maternels.
Un couple vénézuélien, bénéficiaire du statut de protection temporaire, a été détenu sous la loi des “ennemis étrangers”, la fameuse loi de la fin du 18e siècle invoquée par Donald Trump. Le juge fédéral David Briones a ordonné leur libération, dénonçant l’absence de preuves et des procédures inappropriées, notamment la fourniture de documents uniquement en anglais.
Ces exemples, qui n’ont pas grand-chose à voir avec l’éradication des foreign gangs and criminal networks, témoignent plutôt de la volonté de créer une atmosphère d’anxiété, voire de peur, parmi les migrants en situation irrégulière, même ceux qui ont obtenu des papiers de résidence temporaire. Pourquoi Donald Trump cible-t-il principalement les gangs étrangers ? Seraient-ils plus dangereux que les gangs américains qui pourraient bénéficier d’une certaine clémence.
Une chose est sûre, ces opérations coup de poing sont toutes caractérisées par la vitesse d’exécution, ce qui permet de se délester des obligations légales qui y seraient attachées. Et d’accuser des personnes sans la moindre preuve et sur la base d’indices plutôt folklorique comme le port de tatouages (Deux tattoos, deux mesures).
“One theme that runs through all the Trump administration’s immigration actions this term is its attempt to rush people out of the country without due process or oversight by the courts,” explique Lee Gelernt, a lawyer for the American Civil Liberties Union, cité dans un article de NBC News (Trump’s deportation campaign is capitalizing on a key hallmark: Speed). Démonstration de force et absence totale d’empathie semblent être les deux caractéristiques de cette administration. “You’re not going to get an ounce of sympathy from this administration or President Trump,” Stephen Miller, Trump’s deputy chief of staff.
Ces actions coup de poing masquent en fait un recul dans les expulsions. Entre le 20 janvier et le 11 mars 2025, l’ICE (Immigration and Customs Enforcement) a procédé à un peu moins de 20 000 expulsions, soit environ 4 000 par semaine. Cette cadence est inférieure à l’objectif de l’administration, qui visait un million d’expulsions sur l’année.
D’ailleurs, malgré ses déclarations tonitruantes, les résultats sont beaucoup moins probants. Selon les statistiques officielles, Barack Obama a fait expulser un peu plus de 3 millions de personnes en huit ans, Trump I, à peu le même nombre, mais en quatre ans, Joe Biden 4,5 millions en quatre ans.