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No Kings : conversation entre James Madison et Thomas Jefferson

Monticello, par un soir d’octobre. Les collines de Virginie se teintent d’ocre. Deux hommes conversent à la lueur d’une lampe à huile. Les mots qu’ils échangent semblent résonner jusqu’à nous, dans cette Amérique qui redoute à nouveau les fastes d’un trône invisible.

Thomas Jefferson : James, te souviens-tu de ce que nous voulions éviter avant tout ? Non pas la faiblesse d’un peuple, mais la majesté d’un seul homme. Nous avons rompu avec un roi pour ne jamais en ressusciter l’ombre — fût-elle coiffée d’un chapeau de président.

James Madison : Je m’en souviens, Thomas. La Convention de Philadelphie n’a pas accouché d’une monarchie, mais d’une machine de contrôle mutuel. Nous avons construit un gouvernement où chaque pouvoir est un frein à l’autre. Et pourtant, je vois aujourd’hui des citoyens qui acclament le chef, qui réclament un sauveur comme s’ils réclamaient un miracle.

Thomas Jefferson : L’histoire se répète. Les hommes aiment la simplicité d’un seul visage. Gouverner par les lois leur semble fastidieux ; obéir à une volonté paraît plus commode. Mais la commodité, c’est le marchepied de la tyrannie.

James Madison : Et la peur en est la complice. Peur des crises, peur des autres, peur de l’avenir. Chaque fois qu’un peuple craint, il se choisit un roi. Je l’avais écrit : le plus grand danger pour la liberté n’est pas l’étranger, mais l’usurpation silencieuse du pouvoir sous prétexte de sécurité.

Thomas Jefferson : Tu étais le mécanicien de la République, moi son jardinier. Je rêvais d’un peuple cultivé dans l’esprit civique, capable de veiller sur son gouvernement comme sur une vigne fragile. Les réseaux (sociaux) qui relient aujourd’hui les esprits propagent moins la raison que la ferveur. Un clic devient un cri, et un cri devient un drapeau.

James Madison : Les factions… elles sont plus virulentes encore que celles que je redoutais dans The Federalist n°10. Autrefois, elles se formaient autour d’intérêts ; aujourd’hui, elles s’agrègent autour d’idoles. La politique a pris les traits de la dévotion.

Thomas Jefferson : Et c’est pourquoi cette “journée No King” me réjouit. Les citoyens se souviennent que la République est un exercice, non une récompense. Ils rappellent à tous — y compris au plus haut fonctionnaire — qu’aucun trône n’est réservé sous le dôme du Capitole.

James Madison : Mais la vigilance doit s’accompagner d’intelligence. On ne détruit pas un autocrate potentiel en ruinant les institutions qui le contiennent. Si la colère se substitue à la raison, le peuple renversera un tyran pour en appeler à un autre.

Thomas Jefferson : C’est là le cœur du problème : maintenir la tension entre liberté et ordre, entre le peuple et ses mandataires. La Constitution est un instrument ; elle ne joue pas seule. Il faut des mains éclairées pour la faire vibrer.

James Madison : Et des cœurs modérés pour l’écouter. Quand j’ai plaidé pour la séparation des pouvoirs, ce n’était pas par méfiance envers les hommes, mais par lucidité sur leur nature. Aucun homme ne devrait concentrer tous les leviers — pas même au nom du peuple. Surtout pas au nom du peuple.

Thomas Jefferson : Oui. Car le peuple, s’il abdique sa vigilance, devient lui-même la source du despotisme. Une foule qui crie “No King” doit savoir ce que cela signifie : non seulement rejeter le monarque, mais s’interdire d’en façonner un par ses applaudissements.

James Madison : Alors que devons-nous dire à ces citoyens qui marchent aujourd’hui, pancartes en main, contre la tentation du roi ?

Thomas Jefferson : Dis-leur ceci, « La République n’est pas un trône vide, c’est un équilibre vivant. Quiconque cherche un roi en trouvera un — en lui-même. Quiconque cherche un citoyen doit le devenir. »

James Madison : Et j’ajouterai, « La Constitution ne garantit rien sans l’esprit qui l’anime. Si le peuple cesse de veiller, le papier deviendra sceptre. »

(Silence. La lampe vacille. Les voix s’éteignent, mais leurs mots demeurent — gravés dans la pierre fragile de la liberté.)

Cette journée No King n’est pas seulement une protestation ; c’est une prière civique.
Elle rappelle que le véritable patriotisme ne consiste pas à idolâtrer un chef, mais à préserver la République contre ses propres penchants monarchiques.
La Constitution américaine fut écrite par des hommes qui avaient connu l’arbitraire — et qui savaient que la démocratie ne meurt pas sous le bruit des bottes, mais sous le silence des consciences.

(Rédigé avec l’aide de ChatGPT)

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