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Mamdani : une embarrassante victoire pour les démocrates

Alors que le conseil d’administration de Tesla vient d’attribuer un package (obscène) de 1000 milliards de dollars sous certaines conditions d’objectifs, Zohram Mandani a été élu à la Mairie de New York. Une victoire fondée sur la notion d’affordability (reprise immédiatement par Donald Trump). La ville de New York, capitale du capitalisme financier totalement désinhibé, est, avec San Francisco, la ville où le coût de la vie est le plus cher des États-Unis. Une ville où les classes moyennes qui y travaillent sont obligées de se retirer dans les banlieues lointaines pour trouver un logement décent et abordable.

Zohram Mandani s’est donc engagé sur des mesures relativement simples destinées à répondre aux besoins de la grande majorité des habitants de la ville : blocage des loyers, crèches gratuites, transports gratuits, etc.

Du coup, cette victoire est source d’embarras pour les démocrates. Doivent-ils la prendre en compte dans leurs messages à venir pour les prochaines midterms ou faut-il toujours rester au centre.

Déjà, avant la campagne, les soutiens des centristes n’ont pas déferlé. Certains d’entre eux ont apporté un soutien de dernière minute du bout des lèvres (la gouverneure de l’état de New York Kathy Hochul, le chef de la minorité démocrate de la chambre des représentants Hakeem Jeffries). Mais les deux sénateurs de l’état de New York, Barack Obama, Hillary Clinton n’ont pas répondu présents.

Selon Robert Reich, les oligarques de la ville ont dépensé 55 millions de dollars pour faire élire Andew Cuomo, l’ancien gouverneur démocrate de l’État qui s’est présenté sous l’étiquette indépendant après avoir été battu par Mamdani dans les primaires démocrates. Zohran Mamdani aurait bénéficié d’un pactole de 15 millions de dollars.

La question pour les démocrates n’est pas nouvelle. Ils l’avaient réglé lors de la campagne de 2016 en éliminant Bernie Sanders – une sorte de Mamdani Sénior – au bénéfice d’Hillary Clinton, la représentante des démocrates centristes.

Elle va donc se reposer pour les midterms de 2026 et surtout pour la présidentielle de 2028. Le Think Tank Third Way, qui représente clairement la voie centriste, celle de Bill Clinton, Tony Blair au Royaume-Uni ou Gerhard Schröder en Allemagne, a clairement choisi son camp.

L’article ”Ten Reasons Why Mamdani Politics Won’t Win Outside of NYC“, qu’il vient de publier, analyse la victoire du maire new-yorkais Zohran Mamdani, figure des Democratic Socialists of America (DSA), et explique pourquoi sa ligne politique serait inexportable hors du contexte très progressiste de New York City.  


Third Way reconnaît l’habileté politique du candidat — campagne moderne, proximité avec les jeunes, messages clairs — mais estime que son « programme socialiste » et son appartenance au DSA constituent un handicap majeur pour les démocrates des États « rouges » ou « violets ».
L’objectif du mémo est d’alerter le Parti démocrate contre la tentation d’imiter Mamdani dans les États clés et d’expliquer pourquoi son modèle ne peut pas servir de référence pour reconquérir le Congrès ou la Maison-Blanche.

Les dix arguments principaux

1. New York est une exception électorale :
La ville est massivement démocrate (+40 points d’avance sur les républicains), et Mamdani y reste néanmoins impopulaire à l’échelle nationale (−14 de cote nette). Ce succès ne saurait donc être transposé ailleurs.

2. Sous-performance électorale :
Mamdani n’a obtenu que 50 % des voix, soit 18 points de moins que Kamala Harris lors de la présidentielle, preuve que sa politique n’élargit pas la base démocrate.

3. Le programme du DSA est politiquement suicidaire :
Third Way cite des éléments radicaux du manifeste DSA — abolition des prisons, désarmement de la police, suppression du Sénat, nationalisation d’entreprises — jugés « un rêve pour les publicitaires républicains ». Les républicains exploitent déjà l’image de Mamdani comme symbole du « danger socialiste ». (ce n’est pas la position de Zohran Mandani)

4. Mamdani lui-même s’est éloigné du DSA :
Bien qu’il s’en réclame, il a renoncé à plusieurs positions extrêmes : refus du slogan « defund the police », maintien du niveau des effectifs du NYPD, rejet des propositions non inscrites sur son programme. Même à New York, il a donc dû se recentrer.

5. Une base électorale limitée à l’élite éduquée :
Mamdani a gagné 55 % des diplômés mais seulement 38 % des classes populaires. Or, selon Third Way, les démocrates perdent depuis des années les électeurs ouvriers, majoritairement hostiles à une ligne jugée « trop à gauche ».

6. Les modérés gagnent, les socialistes non :
Les victoires d’Abigail Spanberger (Virginie) et Mikie Sherrill (New Jersey) démontrent qu’un discours centriste axé sur l’abordabilité et la stabilité sociale est plus efficace que la rhétorique DSA.

7. La gauche radicale ne conquiert pas de territoires :
Depuis 2018, aucun candidat d’extrême gauche n’a retourné de circonscription républicaine, alors que les modérés (« NewDems ») ont renversé 50 sièges.

8. Les électeurs démocrates ne sont pas socialistes :
Seuls 5 % des électeurs des primaires démocrates se disent socialistes. La majorité (61 %) préfère « réformer le capitalisme » plutôt que l’abolir, et 84 % rejettent les mesures collectivistes.

9. Les électeurs privilégient la victoire à la pureté idéologique :
Les électeurs démocrates choisissent les candidats « capables de gagner » plutôt que les plus progressistes, contrairement à la droite où la logique identitaire prime.

10. La base démocrate veut un recentrage :
45 % des démocrates et indépendants souhaitent que le parti devienne plus modéré (en hausse de 11 points depuis 2021), contre 29 % seulement voulant un virage plus libéral.

Les deux premiers arguments ne sont pas décisifs. D’abord, tout le monde sait que New York, qui vote à 90 % démocrate, n’est pas l’Amérique. Le second n’est pas crédible. Zohran Mandani n’a pas gagné avec la même marge qu’Hillary Clinton, tout simplement parce qu’il était opposé à un ancien démocrate (Andrew Cuomo) et à un républicain. S’il n’avait eu qu’un républicain face à lui, il aurait certainement fait mieux.

Third Way rappelle les deux projets possibles au sein du Parti démocrate :

– celui de la gauche radicale (Sanders, AOC, Mamdani), visant à « rendre les États bleus plus bleus » ;

– celui du centre gauche, qui cherche à gagner les États disputés pour freiner la droite trumpiste.

Et il affirme que seule cette seconde stratégie est viable pour défendre la démocratie américaine. L’idéologie socialiste, même adoucie, affaiblit la coalition démocrate nationale et donne des armes à la droite. Third Way essaie d’agiter autant qu’il peut l’épouvantail « socialiste ».

Les premières nominations semblent indiquer qu’il est conscient de ce dilemme. Dans l’argument 4, Thrid Way explique que « même à New York, il a donc dû se recentrer ». Preuve s’il en était besoin qu’il défend des convictions tout en étant pragmatique. Il vient d’annoncer ses deux premières nominations clés :

– Dean Fuleihan, 74 ans, ancien premier adjoint de Bill de Blasio et vétéran des gouvernements municipaux et d’Albany, devient premier adjoint au maire ;

– Elle Bisgaard-Church, 34 ans, son ancienne directrice de cabinet à l’Assemblée de l’État et proche collaboratrice, sera cheffe de cabinet.

Ces choix traduisent la volonté de Mamdani de mixer jeunesse militante et expérience institutionnelle, afin de concilier ses ambitions progressistes (bus gratuits, gel des loyers, garde d’enfants financée par la ville) avec la réalité budgétaire et politique d’un appareil municipal de 300 000 employés et 115 milliards de dollars.

Dean Fuleihan, fin connaisseur des rouages d’Albany (la capitale de l’état), est vu comme un atout stratégique pour négocier avec la gouverneure Hochul et obtenir les fonds nécessaires. Zohran Mamdani a présenté son équipe au Roosevelt House, en écho symbolique au New Deal, soulignant son ambition de réforme sociale.

Les nominations interviennent tôt dans la transition et marquent un ton à la fois idéologique et pragmatique : Elle Bisgaard-Church incarne la fibre militante et la loyauté politique, tandis que Dean Fuleihan apporte la crédibilité technocratique et l’expérience du pouvoir. Tous deux insistent sur une gouvernance ouverte, réaliste et tournée vers les services publics concrets, pour rassurer les électeurs inquiets d’un virage trop à gauche.

Zohran Won. Now Comes The Hard Part. (My conversation with Mamdani’s First Deputy Mayor Dean Fuleihan)

Musk’s trillion-dollar pay package is so grotesque as to make a mockery of the most ardent free-market capitalists. Although his board is stuffed with cronies and relatives, he still had to hold it hostage to get his trillion — threatening that if he didn’t, his attention would wander elsewhere. Other Tesla shareholders got shafted.
Musk and Mamdani: The End of Harsh Capitalism?
Robert Reich

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