Qu’est-ce qu’il leur prend aux élus MAGA ? La semaine dernière, les républicains d’une commission de la Chambre des représentants ont voté pour renommer l’opéra du John F. Kennedy Memorial Center for the Performing Arts (couramment appelé Kennedy Center) en l’honneur de la première dame Melania Trump. Maintenant, le représentant du Missouri, Bob Onder, a proposé de renommer l’ensemble centre culturel en l’honneur du président Donald Trump.
Une matière pour écrire un opéra en trois actes : Make Entertainment Great Again (MEGA).
Acte I : La petite revanche des grands incompris
Dans un élan d’inspiration inégalée, le représentant Bob Onder, visiblement saisi par l’esprit de Broadway (ou celui de Mar-a-Lago), a proposé de renommer l’intégralité du Kennedy Center en l’honneur de Donald Trump, ce “géant de la culture américaine” – célèbre, entre autres, pour avoir dit “You’re fired!” à la télévision et pour son apparition fugace dans Le Prince de Bel-Air. Oui, ce prince. Pas le genre de noblesse que JFK incarnait, mais une autre dynastie, celle des caddies dorés et des steaks certifiés.
Acte II : Melania, muse de l’opéra
Et parce que le kitsch n’a pas de limite quand il est conjugué à la petite revanche idéologique, l’opéra house — ce temple du Verdi, du Mozart, et parfois même du Hamilton (quand ce n’est pas trop woke) — serait rebaptisé en l’honneur de Melania Trump. Oui, parce que rien ne dit “sublime transcendance artistique” comme un Be Best brodé sur une robe haute couture lors d’un gala entre milliardaires.
Acte III : Du sang Kennedy sur le rideau
Face à ce chef-d’œuvre de réécriture historique, Maria Shriver, nièce de JFK, n’a pas hésité à qualifier le projet de “ridicule”, “insensé”, et “petit d’esprit”. Quant à Jack Schlossberg, petit-fils de Kennedy, il a osé s’en prendre au narcissisme de Trump. Quelle surprise ! Comme si un homme qui se proclame “roi de l’audimat” en s’invitant à sa propre cérémonie de remise de prix ne cherchait pas un peu de reconnaissance. ,
Bonus Track : Adieu la programmation “woke”, bonjour les marionnettes MAGA
Trump, désormais autoproclamé Chairman du Kennedy Center (évidemment, le poste lui allait trop bien pour le refuser), a purgé le conseil d’administration et nommé une équipe à sa mesure : loyale, bruyante, et probablement adepte du karaoké patriotique. Fini les ballets “subversifs” et les pièces “progressistes” : place aux monologues en chapeau de cow-boy, aux hommages à Andrew Jackson en hologramme, et à La Bohème revisitée en ode à la baisse des impôts sur les milliardaires.
Épilogue : Make Monumental Delusion Great Again
Rappelons que le Kennedy Center fut inauguré en 1971 pour honorer la mémoire d’un président assassiné. Mais l’Histoire, apparemment, n’a plus sa place dans le script MAGA.
Car pourquoi se contenter d’un hommage sobre et solennel à un président tombé pour son pays, quand on peut ériger une cathédrale du divertissement autocélébratif au roi des Trump Tower ?
L’Amérique mérite sans doute mieux. Ou peut-être mérite-t-elle exactement ce qu’on lui joue.
Rideau. (Doré, bien entendu.)