À mi-chemin entre deux recensements, le congrès du Texas à majorité républicain MAGA, s’est engagé dans une procédure de redécoupage des circonscriptions en vue des élections de mid-terms (La guerre du gerrymandering aura-t-elle lieu ?). L’objectif – ils ne s’en cachent pas – est de définir une nouvelle carte électorale qui leur donne la possibilité de gagner cinq sièges. Ce qui dans la situation actuelle ne se ra pas superflu pour réduire le risque de perdre la majorité à la chambre des représentants. POur Donald Trump, c’est leur droit : “Republicans are ‘entitled’ to more seats in Congress”
Petit rappel. À la suite du recensement décennal, la majorité républicaine au congrès du texas a proposé une nouvelle carte électorale accusée de favoriser de manière disproportionnée les républicains. Les nouveaux découpages des circonscriptions affaiblissent le poids électoral des minorités (Afro-Américains, Latinos) pourtant en forte croissance. Une initiative basée sur la couleur politique et non sur l’évolution de la population.
Face à cette menace, les démocrates – en minorité mais suffisante pour faire capoter le quorum – les représentants démocrates à la Chambre du Texas ont pris une mesure exceptionnelle : En quittant l’État et en s’envolant pour Washington D.C., ils ont empêché l’assemblée d’atteindre le quorum nécessaire à tout vote, et ce jusqu’à la fin de la session, le 19 août. Leur objectif : gagner du temps, attirer l’attention nationale, et faire pression sur le Congrès fédéral pour qu’il adopte une législation protégeant le droit de vote.
Le gouverneur républicain Greg Abbott, un soutien inconditionnel de Donald Trump, a dénoncé une « fuite irresponsable » et menacé de faire arrêter les élus démocrates dès leur retour au Texas. Il a également convoqué une session législative extraordinaire pour continuer à pousser la loi. Le conflit a dégénéré en crise institutionnelle : lutte pour le contrôle du processus démocratique, mobilisation de la police d’État, pressions juridiques.
Greg Abott a même demandé que le FBI l’aide à retrouver les élus démocrates qui sont allés dans d’autres états pour les obliger à revenir au Texas. Donald Trump ne semble pas opposé à cette idée.
Le quorum
Le quorum désigne le nombre minimum de membres d’une assemblée qui doivent être présents physiquement pour que celle-ci puisse délibérer légalement. Au Texas, la Constitution impose un quorum de 2/3 des 150 membres de la Chambre des représentants, soit 100 élus présents.
Lorsque la majorité tente de faire passer une loi controversée, la minorité peut faire échouer le quorum en quittant l’assemblée. Tant qu’ils restent sur le sol texan, les absents peuvent être arrêtés et contraints de revenir voter. En quittant le Texas, les élus fuient la juridiction des forces de l’ordre locales. Ainsi, la session législative ne peut pas se tenir, faute de quorum.
Cette affaire illustre un conflit plus large aux États-Unis entre républicains et démocrates autour de : L’accès au vote (restrictions vs. Facilitation), le redécoupage partisan et le rôle du gouvernement fédéral dans la garantie des droits électoraux. Elle a ravivé les débats sur la nécessité de réformer le filibuster au Sénat américain pour faire passer des lois comme le John Lewis Voting Rights Act.
La situation au Texas est un exemple spectaculaire de l’intensification des luttes partisanes autour de la démocratie électorale. Entre tentative de gerrymandering par la majorité républicaine et obstruction politique inédite par les démocrates, le conflit reflète une polarisation extrême et une fragilité croissante des institutions démocratiques américaines.