Lors de sa campagne 2024, Donald Trump s’est présenté comme le faiseur de paix. Il allait régler le conflit entre la Russie et l’Ukraine en 24 heures, la guerre au Moyen-Orient. On le sait, il ne supporte toujours pas le fait que Barack Obama ait reçu le prix Nobel de la paix et pas lui. Et aussi de répéter à l’envi que pendant son premier mandat, il n’y avait pas eu de guerre – Vladimir n’aurait jamais osé s’attaquer à l’Ukraine pendant qu’il était dans le Bureau ovale. Message repris en boucle par les soutiens du président.
Une attitude qui détonne avec son aptitude à invectiver et critiquer tous ceux qui osent le critiquer.
Mais le voilà au pied du mur face à un Iran récalcitrant. Mais quant à percevoir une quelconque stratégie dans 47e président, c’est sans doute aller trop. D’abord, il a été incapable de maîtriser Benyamin Netanyahou dans son attaque aérienne contre l’Iran.
En 2018, il est sorti de l’accord de l’accord JCPOA au motif qu’il ne menait nulle part. Pour reprendre des négociations au début de son second mandat pour trouver un nouvel accord. Mais l’Iran traîne des pieds pour renoncer définitivement à l’arme nucléaire. Maintenant qu’Israël a connu quelques succès, Donald Trump hésite à se joindre à son allié de toujours pour « finir le travail » et récolter les fruits de la victoire.
S’il engageait à nouveau les États-Unis dans une nouvelle guerre, ce serait un virage à 180° par rapport à son discours de toujours et qui ne plairait pas trop à sa base MAGA. Chez les républicains, la ligne de fracture ressurgit entre les faucons de toujours et les colombes MAGA. L’interview entre Tucker Carlson, l’un des porte-drapeaux du mouvement MAGA, et Ted Cruz, est significative de ce fossé qui pourrait se creuser.
Some Republicans are giving Trump the green light.
– “A single bombing run, historically, has not been understood to require congressional authorization,” Sen. Ten Cruz said.
– Asked if the president needs congressional approval to launch strikes on Iran, Sen. Lindsey Graham (R-S.C.) told Axios, simply: “No.”
(Source : Axios)
Depuis le 13 juin 2025, Israël a lancé une offensive massive baptisée « Opération Rising Lion », visant plus de 100 sites militaires et nucléaires en Iran (notamment Natanz et Téhéran) selon des sources internationales. La frappe aurait fait un millier de tués et blessés en grande majorité des civils. Israël revendique également l’élimination ciblée de hauts gradés iraniens : notamment le général Ali Shadmani, chef d’état-major de guerre, tué en représailles.
L’Iran a répliqué avec des missiles balistiques et hypersoniques, visant Israël et activant les sirènes à Tel-Aviv – interceptés pour la plupart par le Dôme de fer. Malgré l’intensité, le pays fait face à un épuisement des stocks de missiles : des experts signalent une baisse notable des représailles iraniennes. L’Iran menace de se retirer du TNP (Traité sur la non-prolifération nucléaire) en réponse aux bombardements israéliens.
Donald Trump exige la “reddition inconditionnelle” de l’Iran, menaçant notamment le guide suprême Khamenei, tout en soulignant le soutien militaire américain et l’envoi de renforcements dans la région. Un exode massif des civils iraniens est en cours, notamment à partir de Téhéran vers les provinces du nord, avec plus de 100 000 déplacés internes signalés, ralentis par embouteillages et restrictions Internet. Les infrastructures (réseau mobile, banques, énergie, hôpitaux) sont gravement perturbées, déclenchant des crises sanitaires et humanitaires.
Donald Trump a quitté précipitamment le G7 pour s’occuper de cette question iranienne. Peut-être, mais il se trouve qu’il est parti juste avant l’arrivée de Volodymyr Zelensky qui venait demander de nouvelles aides. Et dans la politique spectacle qui caractérise Donald Trump, la réunion dans la « Situation Room » a fait l’objet d’une large publicité alors qu’elle devrait plutôt être tenue secrète.
Conflit Israël-Iran: l’interview en intégralité de l’ambassadeur d’Iran en France
Avant de dégainer, Donald Trump est dans la posture du « retenez-moi où je fais un malheur » comme le dit Gilles Kepel. Mais il ne voudrait pas se présenter comme un président trop faible, il pourrait bien se décider à agir. Il trouvera bien une justification pour calmer sa base MAGA.

En attendant, les États-Unis déploient ses forces dans la région. Côté porte‑avions, l’USS Nimitz (Nimitz‑class) est en route vers le Golfe, avec son Carrier Strike Group (CSG‑11) comprenant notamment des F‑35C et F/A‑18 Super Hornets. Autre porte‑avions repositionné : le USS Carl Vinson, présent dans la région est prêt à protéger les intérêts américains et l’USS Abraham Lincoln est redéployé à toute vitesse. Il a été aussi décidé le déploiement de chasseurs F‑16, F‑22, F‑35, ainsi que d’avions ravitailleurs et transport tactique, disséminés dans plusieurs bases du CENTCOM et d’Europe pour soutenir les opérations. Plusieurs destroyers (USS Arleigh Burke, USS The Sullivans…) sont déployés en Méditerranée orientale, assurant défense antimissile et patrouilles. Est-ce que tout ceci fera plier les Mollahs ? Rien n’est moins sûr.