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Elections du maire de Paris vs élections présidentielles américaines

On dit souvent que les élections du président des Etats-Unis sont compliquées. Petit rappel. Ce sont des élections indirectes qui se gagnent état par état. Pour être élu le 6 novembre 2012 dernier, le candidat devait recueillir la majorité des voix des 538 grands électeurs, soit 270 voix (Le nombre de 538 grands électeurs correspond au nombre des sénateurs (100) et des membres de la Chambre des représentants (438). Ils sont répartis entre les 50 États en fonction de leur population. Le calcul est renouvelé tous les dix ans à l’issue du recensement). Certains États votent toujours républicains, d’autres sont toujours acquis aux démocrates. Une dizaine d’États appelés swing states (ou bien battleground states, voire purple states) sont plus fluctuants : ils votent parfois républicain, parfois démocrate.

Quinze jours avant l’élection de 2012, selon les prévisions du New York Times, Barack Obama avait une quasi-certitude de recueillir 237 voix contre 206 pour Mitt Romney. Il restait la dizaine des États indécis représentant 95 voix de grands électeurs, dont celles de l’Ohio. Et dans chaque état, il y a des régions qui sont bleus ou rouges et d’autres également fluctuantes. Ce qui fait que les candidats portent tous leurs efforts sur les zones indéterminés des etats indéterminés. Ce qui n’empêche des actions des partis à plus long long terme pour faire basculer un Etat. Par exemple, le Texas qui est très fortement républicain pourrait, à terme, avec la montée en puissance des hispaniques, devenir démocrate.

En termes de complexité Les élections municipales parisiennes n’ont rien à envier aux élections du président des Etats-Unis. Ce sont également des élections indirectes qui se gagnent arrondissement par arrondissement. Depuis la loi du 31 décembre 1982 relative à l’organisation administrative de Paris, Marseille, Lyon (loi PML), ces villes disposent d’un scrutin particulier pour les élections municipales. L’élection se fait par secteurs constitués chacun d’un arrondissement à Paris et à Lyon et de deux arrondissements à Marseille.

Paris1

Parmi les différences entre les deux modes de scrutin : les élections présidentielles américaines n’ont qu’un tour alors que les élections municipales (comme les autres élections françaises) se font à deux tours. Les premières pour une durée de quatre ans, les secondes de six. Alors qu’un président américain ne peut se présenter que pour deux mandats (depuis Franklin Roosevelt qui pendant des conditions exceptionnelles  la grande crise, puis la 2e guerre mondiale – fut élu quatre fois), rien n’empêche un maire de se présenter autant de fois qu’il le souhaite (cf Jean-Claude Gaudin qui se présente pour la quatrième fois à Marseille). On attend avec impatience la loi sur le cumul des mandats dans le temps. Autre différence, le candidat aux élections présidentielles américaines ne se présente qu’à ce seul mandat alors que le candidat à la mairie de Paris est également candidat dans un des arrondissements. De telle sorte qu’un maire peut être élu alors qu’il n’a pas la majorité des voix (comme aux Etats-Unis) et qu’il est battu dans son arrondissement.

Il y a les conseillers d’arrondissements et les les conseillers de Paris. Comme leur nom l’indique, les premiers siègent au Conseil de leur arrondissement et les seconds au Conseil de Paris. Suite à la loi du 5 août 2013, si le nombre de Conseillers de Paris reste inchangé[1] (163), celui de Conseillers d’arrondissement passera de 354 à 364.

Chaque parti présente vingt listes, une par arrondissement. Chaque liste comprend autant de candidats qu’il y a à pourvoir de sièges de conseillers de Paris et de sièges de conseillers d’arrondissement. Les sièges sont attribués dans l’ordre de présentation des candidats sur les listes. Les sièges de conseillers de Paris sont attribués en premier, ceux de conseillers d’arrondissement ensuite.

Et ça se complique encore pour en faire un scrutin relativement obscur aux yeux des parisiens eux-mêmes. Voici les grandes lignes (on ne rentrera pas dans les détails).

Majorité absolue dès le premier tour

La liste qui, au premier tour, obtient la majorité absolue des suffrages exprimés se voit attribuer la moitié des sièges à pourvoir. Les autres sièges sont répartis entre toutes les listes ayant obtenu au moins 5 % des suffrages exprimés, à la représentation proportionnelle selon la règle de la plus forte moyenne.

Passage en deuxième semaine

Si aucune liste n’a recueilli la majorité des suffrages exprimés, il est procédé à un second tour. Seules peuvent se présenter au second tour les listes ayant obtenu au premier tour un nombre de suffrages au moins égal à 10 % des suffrages exprimés.

A l’issue du second tour, la moitié des sièges à pourvoir est attribuée à la liste qui a obtenu le plus grand nombre de voix. Le reste des sièges est réparti entre toutes les listes ayant obtenu au moins 5 % des suffrages exprimés, à la représentation proportionnelle selon la règle de la plus forte moyenne.

A l’issue du scrutin, les conseillers d’arrondissements et les conseillers de Paris désignent le maire d’arrondissement et les conseillers de Paris élisent le maire de Paris.

Paris2

Pour les présentes élections du maire de Paris, les sondages qui sont distillés dans la presse sont trompeurs car ils sont le plus souvent exprimés en pourcentage de la population parisienne alors que nous de voir que le scrutin était beaucoup plus complexe.  « La plupart des politologues estiment qu’il faudrait à NKM obtenir environ 53 % des votes au second tour pour s’installer dans le fauteuil de maire, en raison du mode de scrutin, même si ces projections sont à prendre avec précautions » rappelle le jour Le Monde (A Paris, une dynamique et un mode de scrutin favorables à Anne Hidalgo).

un quiz – le maire et la commune : testez vos connaissances avant les municipales !


[1] La loi du 5 août 2013 modifie la répartition des 163 sièges de conseiller de Paris, restée inchangée depuis la loi du 31 décembre 1982. La loi retire deux conseillers au Ier arrondissement et un aux IIe, IVe, VIIe et XVIIe arrondissements. Le XIXe en gagne deux, les Xe, XVe, XVIIIe et XXe un chacun

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