En 2018, Donald Trump se retirait du programme JCPOA[i] qui visait à trouver un accord entre le groupe des 5 et l’Iran pour que ce dernier ne poursuive pas son programme de développement de l’arme nucléaire. Pourquoi ? Parce que ces discussions avaient été engagées par Barack Obama, ou parce que le président américain ne croit pas au multilatéralisme et ne veut pas être lié par aucun accord. Toujours est-il que depuis la rupture de cet accord, l’Iran a repris son programme. Et à peine élu, Donald Trump a repris seul les négociations avec l’Iran pour atteindre le même objectif.
Pendant ce temps, Israël faisait de plus en plus cavalier seul et n’entendait plus se soumettre aux diktats des États-Unis. Après le 7 octobre, il a repris une offensive pour éliminer le Hamas pour ensuite se lancer dans une opération de destruction complète de Gaza. Avec au passage une attaque contre le Hezbollah.
Non satisfait de la négociation entre Donald Trump et l’Iran, Israël est donc passé à l’offensive contre l’Iran en informant les États-Unis, mais sans sa bénédiction. Les premières frappes ont été spectaculaires avec un total contrôle de l’espace aérien iranien qui lui permet d’intervenir un peu à sa guise.
Du coup, Donald Trump qui ne fait que tergiverser depuis le début est pris en plusieurs feux. Paraître faible par rapport à un Netahyanu à l’offensive et qui engrange des victoires n’est pas une option. Il est donc tentant de prendre le train en marche et de revendiquer ce qui pourrait être une large victoire contre l’Iran. Il en a bien besoin tant ses promesses en politique étrangère se sont effondrées. Mais s’engager dans cette voie, c’est renoncer à la promesse faite à son électorat de renoncer à de nouvelles aventures guerrières. Il en va de même dans le parti républicain/MAGA divisé entre les républicains traditionnels qui soutiennent plutôt une intervention et les MAGA qui sont franchement contre. Des soutiens inconditionnels comme Steve Bannon, Marjorie Taylor Greene ou Tucker Carlson semblent prêts à rompre avec leur mentor (The MAGA Fight Over the Iran Fight).
Certes la moitié des Américains considèrent l’Iran comme un ennemi des États-Unis ; 25 % dis-le que c’est hostile et 5 % dis-le qu’il s’agit d’un allié ou d’un amical. Mais seulement 16 % des Américains pensent que l’armée américaine (devrait s’impliquer dans le conflit entre Israël et l’Iran, 60 % considèrent que non et 24 % sont indéterminés. C’est ce qu’indique un tout récent sondage réalisé par YouGov (Trump approval falls, Israel-Iran conflict, anti-ICE protests, and vaccines: June 13-16, 2025 Economist/YouGov Poll). Et cette opposition est assez largement partagée selon l’appartenance partisane. La majorité des démocrates (65 %), des indépendants (61 %) et des républicains (53 %) s’opposent à l’intervention militaire américaine en Iran.

61 % des Américains considèrent le programme nucléaire de l’Iran comme une menace immédiate et sérieuse pour les États-Unis (24 %) ou une menace assez sérieuse (37 %). Beaucoup plus d’Américains déclarent que les États-Unis devraient s’engager dans des négociations avec l’Iran sur son programme nucléaire (56 % contre 18 %).

Il y a dix ans, peu après que les États-Unis et cinq pays aient conclu un accord avec l’Iran sur son programme nucléaire, une plus grande proportion d’Américains (32 %) étaient opposés à ce que les États-Unis négocient avec l’Iran sur son programme nucléaire qu’aujourd’hui (18 %).
En 2015, avec le démocrate Barack Obama à la Maison-Blanche, les républicains étaient beaucoup plus nombreux que les démocrates à s’opposer aux négociations (52 % contre 18 %). Mais c’est là un phénomène assez classique selon lequel l’opinion change en fonction du président qui réside à la Maison-Blanche.
Quelles stratégies les Américains pensent-ils que les États-Unis devraient employer pour amener l’Iran à limiter son programme nucléaire, lorsqu’ils choisissent une option dans une liste qu’ils jugent digne d’être poursuivie ?
Aucune stratégie n’a le soutien de la majorité, parmi les Américains en général, démocrates ou républicains. La plus grande partie des Américains sont favorables à menacer l’Iran de sanctions économiques plus sévères (28 %), à inciter l’Iran à reprendre ses relations diplomatiques (26 %) et à encourager l’Iran à assouplir les sanctions économiques (24 %). Les républicains sont les plus susceptibles d’être favorables à la menace de sanctions économiques plus sévères (38 %) ou à l’utilisation de la force militaire (29 %)
Les démocrates sont les plus susceptibles d’encourager l’Iran avec la reprise des relations diplomatiques (33 %) ou l’assouplissement des sanctions économiques (31 %).
[i] (JCPOA = Joint Comprehensive Plan of Action, l’accord de 2015 visant à encadrer le programme nucléaire de l’Iran en échange d’une levée des sanctions.)
Les pays participants étaient : Iran, États-Unis (s’en sont retirés en 2018 sous Trump), France, Royaume-Uni, Allemagne, Russie, Chine, (+ l’Union européenne comme coordinateur)