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Débat démocrate à Las Vegas : faites vos jeux

La nouveauté de ce neuvième débat des primaires démocrates est évidemment la présence de Michael Bloomberg. Pourquoi cette apparition soudaine alors que les règles pour y participer semblaient inscrites dans le marbre combinant un financement provenant d’un nombre minimal de personnes et un seuil minimal dans les sondages ?

Tout ça est parti en éclat et le parti démocrate explique seulement que « The rules have been changed for the Nevada debate with the donor requirements being lifted leaving only polling thresholds for candidates to meet ».  Espérons que les petits arrangements auxquels ont avait assisté en 2016 pour favoriser Hillary Clinton ne se reproduiront pas. Ils avaient peut-être coûté la victoire du camp démocrate en raison d’un mauvais report des voix des supporters de Bernie Sanders.

Cette immixtion d’un nouveau candidat dans le débat démocrate allait-il modifier la dynamique et va-t-il changer le cours des primaires. On peut répondre à la première question sans trop de difficultés, on ne saura répondre à la seconde qu’à la fin des primaires. Et encore, pour avoir des certitudes, il faudrait pouvoir effectuer deux primaires en laboratoire, une avec Bloomberg et une sans.

Ce neuvième débat a été très tendu faisant presque oublier que l’opposant principal est Donald Trump. Les 6 candidats en lice pensent sans doute qu’il faut régler le compte des cinq opposants démocrates avant de s’attaquer à l’adversaire républicain. Mais c’est peut-être un mauvais calcul, car le candidat choisi par ce processus de sélection d’un autre temps aura besoin du soutien de toutes les composantes, les progressistes, les centristes, voire les socialistes. Un mauvais report pourrait s’avérer désastreux, l’élection de 2016 devrait le rappeler furieusement aux démocrates. Bernie Sanders s’était fait voler la nomination par les responsables du parti, ses soutiens ne l’ont pas digéré. Sur le terrain de l’agressivité, Elisabeth Warren n’a pas été en reste attaquant son voisin de droite dès le début du débat : « So I’d like to talk about who we’re running against, a billionaire who calls women “fat broads” and “horse-faced lesbians.” And, no, I’m not talking about Donald Trump. I’m talking about Mayor Bloomberg. Democrats are not going to win if we have a nominee who has a history of hiding his tax returns, of harassing women, and of supporting racist polls like redlining and stop and frisk. Look, I’ll support whoever the Democratic nominee is. But understand this: Democrats take a huge risk if we just substitute one arrogant billionaire for another ».

Sans chercher à déterminer qui est les vainqueurs du débat, un exercice toujours très périlleux, on peut affirmer deux points sans trop de crainte d’être démenti : Depuis le début de ces primaires, Joe Biden ne brille pas et ne suscite pas l’enthousiasme. Au débat du Nevada, il n’aura pas marqué les esprits par sa présence, son éloquence, ses idées… Concernant Michael Bloomberg, on pourrait dire à peu près la même chose. On se demande même pourquoi il a tant voulu en être tant il donnait l’impression de se sentir différent des autres et ne vouloir entrer en relation avec ceux qui pourraient ses futurs électeurs. Il donnait plutôt l’impression d’un technocrate froid, sans empathie. A l’autre bout du spectre de la vitalité et de l’énergie, Elisabeth Warren et Bernie Sanders obtiennent sans difficulté les premiers prix.

Débat ou pas débat, Bernie Sanders va gagner assez largement le scrutin du Nevada et donc se placer comme le favori même si en nombre de délégués rien n’est fait et tout peut se jouer ? L’échéance du Super Tuesday du 3 mars avec des primaires dans 14 états représentant 40 % des délégués sera une étape déterminante. Alors Bernie Sanders, qui n’hésite pas à se présenter comme socialiste, est-il le mieux placé pour battre Trump ? Personne ne le sait même si tout le monde a un avis. C’est d’ailleurs la question que lui pose Lester Holt : « Senator Sanders, our latest NBC News-Wall Street Journal poll released yesterday, two-thirds of all voters said they were uncomfortable with a socialist candidate for president. What do you say to those voters, sir? »

Avec son sens de la réplique et sans se démonter, Bernie Sanders lui demande de dire qui est le mieux placé de ce sondage ? (« What was the result of that poll? Who was winning? »). Embarrassé, un peu comme l’arroseur arrosé, le journaliste précise que c’est lui qui pose les questions. Bernie Sanders prend la perche qui lui est tendue pour faire une réponse tout à appropriée: Au socialisme des riches qui caractérisent les Etats-Unis d’aujourd’hui, il entend substituer le socialisme des travailleurs : « The question was that I was winning, and I think by a fairly comfortable margin. Might mention that. But here is the point. Let’s talk about democratic socialism. Not communism, Mr. Bloomberg. That’s a cheap shot. Let’s talk about — let’s talk about what goes on in countries like Denmark, where Pete correctly pointed out they have a much higher quality of life in many respects than we do. What are we talking about?

We are living in many ways in a socialist society right now. The problem is, as Dr. Martin Luther King reminded us, we have socialism for the very rich, rugged individualism for the poor.

When Donald Trump gets $800 million in tax breaks and subsidies to build luxury condominiums, that’s socialism for the rich.

When Walmart — we have to subsidize Walmart’s workers who are on Medicaid and food stamps because the wealthiest family in America pays starvation wages, that’s socialism for the rich.

I believe in democratic socialism for working people, not billionaires, health care for all, educational opportunities for all.

On connaît des formules similaires : « Socialisation des pertes et privatisation des profits » avec son équivalent américain : « Too big to fail ».

Est-ce grave pour Michael Bloomberg de ne pas être un très bon débatteur ? Sans doute pas parce que dans le meilleur des cas, ces débats sont suivis par vingt millions d’Américains là où ses clips vidéo sont vus par un nombre beaucoup plus élevé et en plus beaucoup mieux ciblés. Sans compter, les centaines de militants-salariés (bien payés) qui s’activent à promouvoir le candidat : appels téléphoniques, porte-à-porte, réseaux sociaux…. Dans des temps normaux, Bloomberg n’aurait sans doute pas beaucoup de chances d’être sélectionné, mais nous ne sommes plus dans des temps normaux. Et ici, l’argent, qui comme l’on sait est le nerf de la guerre, est ici un élément de poids qui pourra bien être décisif. Ce qui pose évidemment un très problème et pourrait donner des idées à d’autres milliardaires : Bill Gates, Mark Zuckerberg, Elon Musk et tant d’autres. On s’était à juste titre ému de l’arrêt de la Cour Suprême citizens united v. federal election commission qui permettait aux entreprises et autres groupes d’intérêt à mettre autant d’argent qu’elles le souhaitent pour soutenir un candidat à condition que ce ne soit pas fait en coopération, en consultation ou en concert avec ou à la demande ou à la suggestion d’un candidat, d’un comité autorisé par le candidat ou d’un parti politique (independent expenditures). On est passé à un niveau au-dessus puisque le candidat finance lui-même sa campagne. Les Super PAC deviennent donc inutiles.

A l’issue du Super Tuesday, Nate Silver, le champion des statistiques politiques, prévoit toujours un podium Sanders-Biden-Bloomberg avec Sanders sur la plus haute marche. Mais étant donné la faible dynamique de la candidature Joe Biden, un match Sanders-Bloomberg apparaît de plus en plus plausible. Deux questions se posent alors pour tout électeur américain : Quel candidat je préfère ? Quel est le meilleur candidat pour Donald Trump ?

 

Projection du site 538 après le Super Tuesday

Projected delegate averages and those delegate totals as a percentage of delegates awarded through Super Tuesday, according to FiveThirtyEight’s forecast as of Feb. 20

Projected delegates after Super Tuesday
Candidate Average Pct. Low Pct High Pct.
Sanders 590 39% 313 21% 856 57%
Biden 296 20 15 1 584 39
Bloomberg 287 19 56 4 521 35
Buttigieg 138 9 27 2 324 22
Warren 115 8 9 1 292 19
Klobuchar 59 4 10 1 118 8
Steyer 14 1 0 0 29 2
Gabbard 0 0 0 0 0 0

“Average” reflects the mean of 10,000 simulations. The “low” and “high” columns reflect the 10th and 90th percentile outcomes for each candidate, respectively.

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