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De l’immigration, de la science et des technologies

Donald Trump s’est principalement fait élire sur le thème de l’immigration, ou plutôt de l’arrêt de l’immigration. Certes, le sujet a été complètement évacué par l’administration Biden, mais un tel revirement sur ce sujet est assez spectaculaire. Mais de l’idée de réguler l’entrée massive de migrants sur le sol américain, principalement illégalement, via la frontière avec le Mexique, au discours actuellement qui mêle allégrement l’anti-immigration et la xénophobie et des actions d’expulsion massive, il y a un abîme qu’à facilement franchi Donald Trump. Tous les pays d’Afrique sont devenus des shithole countries sauf l’Afrique du Sud ou plutôt la partie des Blancs de l’Afrique du Sud. Le Nigéria a même fait l’objet de frappes massives au motif de massacres réalisés sur les populations chrétiennes. Quant aux pays de l’Amérique du Sud, ils ont qu’à bien se tenir et surtout garder tous les migrants chez eux.

Mais au-delà du fait que les États-Unis sont le pays qui s’est constitué à partir de l’immigration, parfois avec de grandes difficultés, il suffit de rappeler comment étaient décrits les Irlandais lors de la grande vague durant du 19e siècle.

Mais l’avance scientifique et la domination numérique des États-Unis se sont construites sur l’afflux massif de cerveaux venant de tous les pays du monde.

Concernant le premier point, il suffit d’examiner des récipiendaires du prix Nobel. La National Foundation for American Policy (NFAP) (1901–2025), les prix Nobel de physique, chimie, et médecine (physiologie ou médecine) remportés par des Américains, ainsi que la part de ceux d’origine étrangère donne les chiffres suivants. Sur la période considérée, 118 prix Nobel ont été remportés par des Américains en physique, 88 en chimie et 123 en médecine. Il faut rappeler que très souvent le prix est partagé par deux ou trois scientifiques. La part des prix remportés par des scientifiques d’origine étrangères est de 38 % en physique, 38 % en chimie et 33 % en médecine. C’est donc là une contribution loin d’être marginale.

Si l’on combine les assauts de l’administration contre les étrangers, scientifiques ou non, et contre la science en général, les Américains pourraient être préoccupés.

Nombre et pourcentage de lauréats américains d’origine étrangère (1901–2025)

DisciplineLauréats américains immigrésEn % des lauréats américains
Physique4538
Chimie3338
Médecine4033
Total immigrants (physique + chimie + médecine)11836

Sur le second point, les technologies numériques, la domination étrangère est encore plus accentuée (Source : 2023 SILICON VALLEY INDEX, The Spokesman-Review . On le sait, le poumon technologique des États-Unis se situe dans la région de la Silicon Valley. Selon les données les plus récentes, près de la moitié des travailleurs employés dans la Silicon Valley sont nés à l’étranger. Dans le secteur technologique, qui inclut les emplois en informatique, ingénierie…, les deux-tiers des travailleurs de la tech sont nés à l’étranger. L’Inde est assez largement représentée avec la plus grande cohorte (23 %) devant la Chine (18%).

Les dirigeants économiques soulignent que la Silicon Valley est un phénomène international, bâti par l’apport de talents venus du monde entier. Les travailleurs étrangers apportent diversité, compétences de haut niveau, capacités de résolution de problèmes et connaissance des marchés mondiaux, des atouts jugés essentiels aussi bien pour les startups que pour les grandes entreprises.

L’attractivité du territoire repose sur plusieurs facteurs : sa réputation mondiale, la présence de grandes universités (Stanford, UC Berkeley), un réseau dense d’incubateurs et d’accélérateurs, la mobilité interne des multinationales, et un capital-risque abondant (69 milliards de dollars investis en 2024). Malgré une forte hausse des diplômes scientifiques délivrés localement depuis 2002, l’offre de diplômés reste insuffisante face aux besoins du secteur.

Les immigrés jouent également un rôle clé dans l’entrepreneuriat : 45 % des startups tech de la région sont fondées par des personnes nées à l’étranger, et plus de la moitié des plus grandes entreprises technologiques américaines ont été créées par des immigrés ou leurs enfants.

Le visa H-1B facilite cette immigration qualifiée, mais il fait l’objet de controverses : les entreprises plaident pour son extension, tandis que des critiques dénoncent des abus et contestent l’idée d’une pénurie de talents locaux. Le débat sur l’existence réelle de cette pénurie reste ouvert. (cf notre article en janvier 2023 sur les CEO et la tech américaine : Immigration et la tech américaine).

En conclusion, pour les acteurs de l’écosystème, les talents étrangers ne remplacent pas les travailleurs américains, mais les complètent : les deux sont indispensables pour maintenir la Silicon Valley comme pôle mondial d’innovation, notamment dans des domaines très spécialisés comme l’IA, la cybersécurité ou le logiciel avancé.

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