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De l’autocratie à la gérontocratie ?

Joe Biden devrait annoncer sa candidature à la primaire démocrate en vue des élections présidentielles de 2020. C’est le 19ème candidat, le nombre le plus important jamais constaté dans une élection présidentielle. C’est plus qu’aux élections de 2016 ou 17 candidats républicains s’étaient présentés. C’est clairement le signe que beaucoup pensent avoir leur chance l’année prochaine. Mais finalement, la question n’est pas tant de savoir qui va gagner la primaire démocrate mais bien qui sera capable de battre Donald Trump qui aura des arguments à faire valoir pour sa réélection. L’économie qui va plutôt même si certains indicateurs peuvent être préoccupants. Jamais Donald Trump n’aura rendu grâce à son prédécesseur de lui avoir donné une situation plutôt favorable qui ne demandait qu’à se prolonger. Alors que Barack Obama avait hérité de la plus grande crise depuis 1929 « gentiment légué » par George W. Bush. Et la difficulté pour l’élu démocrate sera de se battre à armes inégales face à un candidat républicain prêt à tous les mauvais coups et tous les mensonges pour prolonger son séjour à la Maison-Blanche.

Au moment de l’élection de 2020, Joe Biden aura presque 78 ans (il est né le 20 novembre 1942), un an après Pearl Harbor ! S’il était élu, il serait le plus vieux président des Etats-Unis avec la possibilité de finir (théoriquement) ses deux mandats à 86 ans. Le plus dirigeant actuel sur la planète est Béji Caïd Essebsi, président de la Tunisie. Donc Joe Biden n’est encore qu’un jeunot ! Plus sérieusement, la question n’est pas tant l’âge physiologique mais plutôt l’âge mental et psychologique. Sur ce point, Bernie Sanders a montré que l’on pouvait être avancé en âge et très en symbiose avec la jeunesse de son pays. Beaucoup plus que sa concurrente, Hillary Clinton. Et à l’heure du Transhumanisme où la durée de vie normale de l’homme est fixée à 120 ans, ce ne devrait pas être un problème. Tant que l’élu à, à la fois la santé physique et mentale, le problème ne se pose pas. L’emploi du temps de l’hôte actuel de la Maison-Blanche montre qu’il peut y avoir des aménagements. Le second argument est plus préoccupant tant la possibilité d’une sénescence accélérée n’est pas à exclure.

En tous cas, Joe Biden est opiniâtre et persévérant puisque ce sera sa troisième candidature officielle à la primaire démocrate. La première fois, c’était en 1988. Il faisait alors partie des huit prétendants. Mais sa candidature « se termine de manière calamiteuse après les révélations faisant état de son plagiat d’un discours de Neil Kinnock, le chef du Parti travailliste britannique » (source : Wikipedia) [quelle idée d’aller copier le discours d’un élu travailliste !]. A noter qu’un des autres candidats – Gary Hart – avait dû aussi stopper sa candidature à la suite d’une affaire de mœurs. A l’aune de cette affaire, Donald Trump aurait dû arrêter cent fois sa candidature. O tempora, o mores disaient déjà les anciens.


« Le sénateur du Colorado devient le protagoniste involontaire d’un moment de bascule aux Etats-Unis : désormais, le journalisme politique, dans son expression majoritaire, ne consiste plus à analyser le programme d’un candidat mais à interroger sa personnalité et, au bout du chemin, à dévoiler ce qu’elle pourrait dissimuler » (1987, l’année où le sexe est entré en politique). C’est ce qu’écrivait le journal Le Monde en 1987. Sur ce plan, les choses ont totalement basculé.


Il retente sa chance vingt ans plus tard. Il est à nouveau face à huit candidats mais se retire assez rapidement de la course après avoir fini 5e de la primaire de l’Iowa. S’il n’est pas particulièrement tendre vis-à-vis de Barack Obama[1], ce dernier ne lui en tiendra pas rigueur puisqu’il le choisira comme colistier. Un choix durable puisqu’il restera huit ans vice-président.

Finalement, face à Donald Trump, le critère de l’âge ne sera pas déterminant puisque les deux protagonistes n’auraient que 4 ans d’écarts. Donald Trump est un géronte autocrate, Joe Biden sera un géronte démocrate. Et s’il est le seul candidat capable de battre Donald Trump, les démocrates ne devraient pas hésiter une seconde. Sauf que personne ne peut le savoir tant que cela n’a pas été testé.

La campagne sera donc pleine de surprise et de rebondissements. Une chose est sûre. Les candidats démocrates ne devront certainement pas retenir leurs coups contre un opposant sans aucune éthique, sans foi ni loi, mais ils devront se concentrer principalement sur l’explication de leur programme et de leur vision pour l’Amérique en 2020. A un moment où le monde n’est plus celui qu’il était vingt ans, voire dix ans plus tôt.

 

Sur l’âge, la meilleure réplique est certainement celle de Ronald Reagan (un président sympathique d’une politique antipathique) qui oblige même son opposant, Walter Mondale, a en rire.

[1] il s’en prend notamment à la faible capacité de jugement du sénateur Barack Obama en matière de politique étrangère, affirme alors que ce dernier n’est pas prêt à être président et raille son style à l’emporte-pièce déclarant qu’il « est le premier (candidat) afro-américain qui s’exprime bien, soit brillant, propre sur lui et beau garçon » (Source : Wikipedia)

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