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Coup de tabac dans la campagne Trump

En 2016, le candidat Donald Trump ne souhaitait pas vraiment gagner les élections et puis il y a été élu. Contre toutes attentes. En 2020, le président ne pense qu’à une chose, être réélu, et il va sans doute perdre les élections.

Après trois mois de crise, d’abord sanitaire, puis économique puis raciale, qui secoue le pays en profondeur, Donald Trump est dans une passe très difficile. Mais une chose semble de plus en plus claire. S’il gagne les élections, ce sera un véritable landslide, peu importe les chiffres, il sera suffisamment imaginatif pour trouver un moyen de les présenter à son avantage. S’il les perd, ce n’est pas parce qu’il les a perdues, mais bien parce qu’elles étaient rigged. Et les raisons seront nombreuses : le vote par correspondance, les Fake News qui se sont acharné contre lui, Joe Biden et Barack Obama qui auront manipulé je ne sais quoi, la Russie et la Chine qui auront favorisé Joe Biden…

Mais si le résultat est serré en sa défaveur, que pourrait-il se passer ? Donald Trump sera-t-il prêt à concéder sa défaite et transférer le pouvoir ou contestera-t-il les résultats et provoquera une crise constitutionnelle. La question peut paraître totalement incongrue et inimaginable en temps normal, mais avec Donald Trump nous ne sommes pas en temps normal. Dans une interview récente, Joe Biden explique que sa plus grande préoccupation est que Donald Trump « vole » cette élection, mais qu’il a confiance dans les militaires pour l’escorter à quitter la Maison-Blanche.

 

Pour l’heure, les deux dernières semaines ont été très difficiles pour le président. Il a dû affronter deux camouflets de la Cour Suprême qui l’a déjugé sur les Dreamers et l’arrêt sur le LGBT. Et pourtant dans cette Cour Suprême, il a nommé deux juges et il pensait sans doute qu’il voterait en fonction de ses intérêts à lui et non au regard de la loi. C’est ce qui l’a conduit à critiquer vertement son ex-ministre de la justice qui, à ses yeux, ne la pas soutenu assez dans l’affaire du rapport Mueller. Il y a eu ensuite, les réseaux sociaux : Facebook et surtout Twitter qui ont osé corriger » ses messages. Puis la sortie du livre de John Bolton, l’ancien conseiller à la Sécurité nationale que Donald Trump a bien essayé d’empêcher, en vain. Il y a eu aussi et surtout le calamiteux meeting de Tulsa dans l’Oklahoma. Que ne nous avait-on annoncé ? Plus d’un million d’inscrits. Il était prévu de remplir la grande salle de sport BOK (19 000) et d’organiser une deuxième scène pouvant accueillir plus de 40 000 personnes. Finalement, 6 000 personnes se sont déplacées en prenant les risques que l’on sait et en signant une décharge stipulant que s’ils contractaient le Coronavirus, ils ne pourraient en tenir les organisateurs pour responsables.

Alors la question à mille dollars est : Donald Trump peut-il être réélu en novembre. On verra bien en novembre pourrait-on répondre un peu trivialement. Mais c’est là une pulsion toujours forte de vouloir savoir, avant de savoir. Tous les sondeurs le disent[i], si l’élection avait lieu aujourd’hui, Joe Biden serait élu assez facilement. Plusieurs sondages au niveau national lui donnaient un avantage de 10, voire même 14 %. Oui, mais rétorqueront les spécialistes, les sondages nationaux n’ont signifient rien. Sans doute. A noter néanmoins qu’Hillary Clinton n’a jamais eu un tel avantage. Et dans les états où l’élection va se jouer (Wisconsin, Michigan, Pennsylvanie, Arizona, Floride, Caroline du Nord…), Joe Biden est également bien placé.

Les trois derniers mois ont été assez catastrophiques pour l’administration Trump, le déni de l’épidémie, la gestion pour le moins chaotique, la sortie prématurée, la première vague qui n’en finit pas et atteint désormais les Etats du Sud et de l’Ouest, la crise économique, puis la contestation sociale sous fond de crise raciale… Et même si Trump a essayé de se défausser de l’échec de la gestion de la crise sur les gouverneurs, les Américains ne s’y trompent pas. Résultat, le taux de popularité a chuté en l’espace de quelques semaines de manière très significative. En le 22 février et le 4 juin, le taux d’approbation du président a perdu 10 points passant de 49 % à 39%.

Et que pourrait-il bien se passer d’ici novembre qui puisse la situation et donne une certaine réalité à son nouveau slogan : Transition to Greatness. Qui va en fait être compris par : on touche le fond et on n’est pas prêts de s’en sortir. L’épidémie est repartie à la hausse dans des proportions inquiétantes, le taux de chômage va rester élever et pourrait au mieux tomber à 8 ou 9 % au moment de l’élection, et l’opposition raciale semble s’installer dans la durée. Et que fait Donald Trump pendant ce temps ? Il signe un décret pour protéger les statues, il demande à la Cour Suprême d’abolir  Obamacare à un moment où des millions d’Américains n’ont plus d’assurance médicale car ils ont perdu leur travail, il organise des meetings créant ainsi des foyers potentiels pour accélérer la diffusion du virus, il bataille contre la publication de livres qui lui sont défavorables (il vient de perdre sur la publication du livre de sa nièce Mary Trump), il s’échine à trouver des moyens pour empêcher le vote par correspondance qui, de ses propres mots, lui seront défavorables.

Et plus la situation lui est défavorable, puis il devient erratique et irrationnel.

 

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[i]
Contrairement à ce qu’on dit, ils ne s’étaient pas réellement trompés en 2016 donnant en permanence un avantage à Hillary Clinton ; qu’elle a bien eu à l’élection avec près de 3 millions de voix de plus que Donald Trump. C’est la complexité du système électoral américain qui a donné la victoire à Donald Trump. D’ailleurs dans les pronostics pour 2020, les sondeurs indiquent que Donald Trump pourrait encore gagner avec un déficit de voix encore plus important de 3 à 4 %.

 

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