Imaginer que le ciel américain soit géré par des ordinateurs datant d’avant l’an 2000. Ce n’est pas de la science-fiction, mais la réalité du contrôle aérien aux États-Unis. Un système vital pour la sécurité de millions de passagers, encore basé sur des technologies d’un autre âge : PC sous Windows 95, disquettes, bandes papier, et vieux radars à ventilateurs.
Face à cette situation pour le moins inquiétante, l’administration américaine de l’aviation (FAA) a décidé de passer à l’action (FAA to eliminate floppy disks used in air traffic control systems – Windows 95 also being phased out). Son objectif ? Moderniser entièrement les infrastructures qui régulent l’un des espaces aériens les plus fréquentés du monde. Ce vaste chantier, prévu sur quatre ans, vise à tourner définitivement la page de l’informatique d’un autre temps.
« L’heure est venue de dire au revoir aux disquettes et aux bandes papier », déclarait Chris Rocheleau, responsable intérimaire de la FAA, devant le Congrès américain. À ses côtés, le secrétaire d’État aux Transports, Sean Duffy, insiste : « C’est le projet d’infrastructure le plus important de ces dernières décennies. Il fait l’unanimité, au-delà des clivages politiques. »
Aujourd’hui encore, de nombreuses tours de contrôle américaines utilisent des bandelettes papier pour suivre les vols, des disquettes pour transférer des données, et des ordinateurs sous Windows 95 pour faire tourner des logiciels critiques. En Alaska, certains outils de planification des vols semblent tout droit sortis d’un autre siècle. Fonctionner sur Windows 95 (qui date de 1995 comme son appellation le suggère) est une performance. Le système n’est même plus répertorié par le cabinet Statcounter.

Un rapport du ministère des Transports liste de nombreux points noirs : réseaux en cuivre à remplacer par de la fibre optique, communication radio archaïque, serveurs radar refroidis par de simples ventilateurs, et logiciels fragmentés qui mériteraient une refonte complète. L’objectif est clair : tout centraliser, tout moderniser.
Ce retard technologique n’est pas sans conséquences. Les pannes sont plus fréquentes, les risques de cyberattaques explosent, et les coûts de maintenance s’envolent. L’État dépense actuellement près de 3 milliards de dollars par an pour maintenir ces infrastructures vieillissantes en fonctionnement 24h/24. Un appel à projets a été lancé auprès des entreprises technologiques pour imaginer un nouveau système plus fiable, plus sûr, et enfin en phase avec les standards actuels.
Mais si la volonté politique est là, les experts restent sceptiques. Quatre ans pour moderniser un système aussi vaste ? Un pari ambitieux, d’autant plus que les tensions budgétaires risquent de ralentir les travaux. Malgré tout, les signaux sont au vert : l’aviation américaine semble enfin prête à quitter les années 1990 pour de bon.