Le Bureau of Labor Statistics publie de mauvais chiffres sur l’emploi. Deux solutions :
– réfléchir pour savoir si les politiques en matière d’emploi sont favorables à la croissance de l’économie
– Démissionner le patron du BLS
La première solution est compliquée, demande pour d’introspection, de réflexion. La seconde est beaucoup plus simple surtout si elle est complétée par la nomination d’un nouveau responsable loyal qui sera prêt à trafiquer un peu les chiffres.
Que pensez-vous que Donald Trump a choisi ?



Quelques jours plus tard, il a donc nommé E.J. Antoni qui, à défaut des compétences requises, saura fourni les chiffres HONEST and ACCURATE dont le président a besoin. C’est un peu comme les élections dans les dictatures. Les autocrates en ont besoin pour justifier leur pouvoir alors que tout le monde sait pertinemment qu’elles sont truquées.

L’histoire du BLS commence en 1884, en pleine période d’industrialisation rapide des États-Unis. La montée en puissance des usines, les conflits sociaux, les luttes syndicales et les premières régulations du travail poussent le gouvernement fédéral à mieux comprendre les conditions économiques et sociales du pays. Cette année-là, le Bureau of Labor est créé au sein du Department of the Interior avec pour objectif initial de collecter des données sur l’emploi, les salaires, les heures de travail, les conflits sociaux, les conditions de travail.
Quatre ans plus tard, le Bureau devient une entité indépendante, puis est intégré en 1903 au nouveau Department of Commerce and Labor.
En 1913, Woodrow Wilson crée le Department of Labor. Le Bureau of Labor Statistics devient officiellement une division de ce département.
À mesure que l’économie américaine se complexifie, le BLS élargit ses missions et affine ses méthodes statistiques. Il devient une référence internationale en matière de rigueur et de transparence. Dans les années 1910–1930, il crée des indices des prix à la consommation (CPI), collecte de données sur la productivité et les coûts salariaux. Il réalise aussi des enquêtes de terrain à la suite des grèves dans les secteurs de la sidérurgie du chemin de fer.
Le BLS joue un rôle clé pour documenter le chômage massif durant la Grande Dépression. Il est mobilisé pour fournir des données à l’administration Roosevelt sur l’impact du New Deal. Pendant la guerre, il fournit des statistiques essentielles à l’économie de guerre (salaires, production, pénuries).
Après guerre, le BLS perfectionne ses modèles économiques, introduit l’analyse de la productivité sectorielle, du temps de travail, du coût du travail, etc. Le CPI devient un outil central pour ajuster les salaires, les loyers, les pensions et les politiques monétaires (très suivi par la Fed).
En 1971, le BLS commence à publier des données mensuelles sur le taux de chômage via l’enquête CPS (Current Population Survey), en coopération avec le Census Bureau. Celui-là même qu’E.J. Antoni a proposé de supprimer pour le remplacer par un indice trimestriel. Car selon les experts, truquer les chiffres qui sont le résultat du travail de quelque 2000 économistes n’est pas aussi simple qu’il n’y paraît. Il est beaucoup plus simple de supprimer l’indice mensuel. Ce qui limite les points d’accroche pour les observateurs.
À partir des années 1980, le BLS s’adapte à la mondialisation et à la montée des services et publie de nouvelles séries sur les secteurs émergents, les professions de la tech, la santé, et les effets de la robotisation. L’introduction de l’informatique permet une publication plus rapide et plus détaillée des statistiques.
Parmi les enjeux récents, la mesure de l’impact des gig economy et plateformes numériques, Évolution du travail à distance qui a pris un essor rapide au moment du Covid.
Le BLS fournit des indicateurs clés, dont :
- CPI (Consumer Price Index) : indice des prix à la consommation.
- PPI (Producer Price Index) : indice des prix à la production.
- Employment Situation Report : incluant le taux de chômage.
- Job Openings and Labor Turnover Survey (JOLTS).
- Occupational Outlook Handbook : prévisions par métier.
- Productivity and Costs : mesure de la productivité du travail.
Il fonctionne (fonctionnait ?) de manière indépendante, malgré son rattachement au Département du Travail, afin de garantir la neutralité des données, quelles que soient les administrations en place.