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La guerre du soja a bien lieu

Les producteurs de soja, variables d’ajustement d’America First

La Chine a cessé d’acheter le soja américain en représailles aux droits de douane imposés par Washington. Pour compenser, le président prépare un nouveau plan de sauvetage des agriculteurs financé… par les recettes de ces mêmes tarifs. Paradoxalement, il promet aussi une aide à l’Argentine sous la forme d’une aide d’urgence de 20 milliards (preuve que le plan Millei à la tronçonneuse ne fonctionne pas si bien), qui profite de ces mesures pour vendre davantage à Pékin.

Cette incohérence illustre la logique de pouvoir de Trump : il voit la vie en général, et le commerce en particulier comme un jeu à somme nulle où, dans chaque transaction, il y a forcément un gagnant et un perdant. Les tariffs n’ont pas ramené d’usines aux États-Unis ; ils ont renchéri les matières premières, suscité des représailles étrangères et fait grimper les prix à la consommation. Mais ils offrent au président un levier politique : récompenser ses alliés — comme les producteurs de pétrole ou Apple — et punir ses adversaires.

Les fermiers, pourtant pilier électoral du trumpisme, sont parmi les plus touchés : privés de leur principal débouché chinois, ils reçoivent des milliards de dollars d’aides publiques. Sous le slogan Farmers First, l’administration Trump étend encore ces subventions via des mandats de biodiesel à base de soja, malgré leurs effets pervers sur les prix alimentaires et l’environnement.

C’est là ce que le chroniqueur Michael Grunwald qualifie de « capitalisme de connivence et de socialisme agricole » : une politique où les crises créées par la Maison-Blanche justifient toujours de nouveaux sauvetages financés par les contribuables.

Dans un communiqué du 24 septembre, l’American Soybean Association par la voix de son président Caleb Ragland résume clairement la situation : “U.S. soybean farmers have been clear for months: the administration needs to secure a trade deal with China. China is the world’s largest soybean customer and typically our top export market. The U.S. has made zero sales to China in this new crop marketing year due to 20% retaliatory tariffs imposed by China in response to U.S. tariffs. This has allowed other exporters, Brazil and now Argentina, to capture our market at the direct expense of U.S. farmers. The frustration is overwhelming. U.S. soybean prices are falling, harvest is underway, and farmers read headlines not about securing a trade agreement with China, but that the U.S. government is extending $20 billion in economic support to Argentina while that country drops its soybean export taxes to sell 20 shiploads of Argentine soybeans to China in just two days”. En regrettant l’annulation du sommet entre Trump et son homologue chinois, l’ASA poursuit dans un autre communiqué : “Trade wars are harmful to everyone, and these latest developments are deeply disappointing at a moment when soybean farmers are facing an ever-growing financial crisis.”

Petit retour sur la situation du soja aux États-Unis.

Les États-Unis sont l’un des principaux producteurs mondiaux de soja avec 28 % de la production mondiale derrière le Brésil (40 %) et devant l’Argentine (12%). La guerre commerciale ouverte à partir de 2018 (qui a inclus des droits de douane chinois sur le soja US — 25 % à l’époque) a provoqué un effondrement des ventes américainesvers la Chine, un glissement des achats chinois vers le Brésil et une pression à la baisse sur les prix US, nécessitant des mesures d’aide publique.

Depuis 2024–2025, les tensions commerciales persistent et la Chine a réduit ses achats de soja US, rendant l’accès au principal débouché volatil et renforçant la concurrence sud-américaine. Des mesures tarifaires et taxes additionnelles portent aujourd’hui le fardeau tarifaire effectif sur le soja US à des taux beaucoup plus élevés dans certains scénarios (estimations et déclarations d’acteurs).

La Chine a historiquement été le principal acheteur — avant la guerre commerciale, la Chine représentait la majorité des exportations US ; en 2017 la relation était très concentrée, puis s’est profondément modifiée après 2018.

En 2018, suite à la guerre commerciale engagée par Donald Trump, la Chine impose des droits de douane (≈25 %) sur une large part des produits agricoles US, dont le soja, provoquant une chute des exportations US vers la Chine (valeur exportée vers la Chine est passée très fortement à la baisse en 2018). Les importateurs chinois se sont rabattus massivement sur le soja sud-américain (Brésil en tête). Cette substitution a provoqué en 2018–2019 une baisse marquée des prix domestiques US (ex. chute de ~20 % des prix observés après l’annonce des tarifs).

En guise de réponse, le gouvernement américain propose des aides et programmes de soutien aux agriculteurs (paiements directs, aides aux exportations, programmes de stockage/déstockage selon les périodes) pour compenser la perte de débouchés. (Bilan des aides massives distribuées à l’époque). Mais il est hautement probable que les fermiers n’attendent pas de subventions de leur gouvernement, mais plutôt des débouchés pour leur production.

Les producteurs américains de soja
Les fermiers américains producteurs de soja sont principalement concentrés dans le Midwest, souvent surnommé le « Corn Belt » élargi lorsqu’on inclut le soja, car ces deux cultures cohabitent souvent dans les rotations agricoles. Voici la répartition clé :
1. Principaux États producteurs
– Iowa : souvent n°1 ou n°2 en production de soja aux États-Unis.
– Illinois : très grande production, sols fertiles et infrastructure de transport développée.
– Minnesota : culture importante dans le centre nord, climats adaptés.
Indiana et Ohio : production significative de soja pour l’export et le marché intérieur.
– Nebraska et Missouri : plus de soja en rotation avec le maïs et le blé.
– Dakota du Sud : émergence récente comme producteur important grâce à des variétés résistantes au froid.
2. Caractéristiques géographiques
Ces États sont choisis pour leur sol limoneux et fertile, leur climat tempéré avec pluies suffisantes en été, et leur proximité des infrastructures logistiques (ports du Mississippi, chemins de fer pour l’export vers la Chine et l’Europe).
3. Production et exploitation
– La majorité des fermes sont des exploitations familiales de taille moyenne à grande (souvent 200–1000 hectares pour le soja).
– Rotation fréquente avec le maïs : souvent un cycle maïs/soja pour améliorer la fertilité du sol et la gestion des maladies.

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