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Santos pardonné, Comey, James et Bolton inculpés

« L’État c’est moi » avait déclaré Louis XIV, « Je suis la loi » semble dire chaque jour de plus en fort un Donald Trump qui use et abuse de son pouvoir, en pardonnant ceux qu’il considère comme ses amis et demandant à sa ministre de la Justice de mettre en examen ceux qu’il estime être ses ennemis. Ils sont nombreux, de plus en plus nombreux.

Dès le premier jour de son investiture, le 47e président des États-Unis avait signé un Executive Order (GRANTING PARDONS AND COMMUTATION OF SENTENCES FOR CERTAIN OFFENSES RELATING TO THE EVENTS AT OR NEAR THE UNITED STATES CAPITOL ON JANUARY 6, 2021) pardonnant à tous ceux qui avaient été condamnés en participant à l’assaut du Capitole du 6 janvier 2021. On savait à quoi il fallait s’attendre. La liste s’est ensuite longuement étoffée. Parmi les actions les plus critiquables, on peut citer Ross Ulbright, condamné à la prison à vie pour avoir fondé le site darknet « Silk Road » (vente de drogues en ligne). Aujourd’hui, il bombarde des embarcations vénézuéliennes dans les eaux iternationnales au seul motif qu’elles peuvent acheminer de la drogue sur les cotes américaines. Également, John Rowland, ancien gouverneur du Connecticut condamné pour des faits de corruption. Le dernier en date, George Santos, n’est pas des moindres. Rappelons que l’intéressé avait lui-même plaidé coupable sur deux chefs principaux : fraude électronique (wire fraud) et vol d’identité aggravé (aggravated identity theft). George Santos avait déjà été expulsé de la Chambre des représentants avant cette condamnation, en raison d’un rapport du comité d’éthique qui l’accusait de mensonges à grande échelle sur son parcours personnel et professionnel.

Comme le note Jeffrey Toobin, dans une Tribune au New York Times (The Santos Commutation Is No Joke), “In recent years, Republican members of the House of Representatives have had a crime rate that seems comparable to that of the most perilous of American neighborhoods”. Il dresse ensuite la liste de ces élus républicains condamnés à des titres divers… qui ensuite bénéficient du pardon du président. On qualifie parfois la Justice de justice politique (Cf l’affaire Sarkory en France), mais il faudra ici parler de pardons politiques. Et Donald Trump, comme à son habitude, ne s’en cache pas en écrivant sur le fil de son réseau social : « “Santos had the Courage, Conviction, and Intelligence to ALWAYS VOTE REPUBLICAN!”

Pour le dire simplement, Donald Trump envoie la troupe dans les villes démocrates et accorde son pardon aux délinquants républicains. Rod Blagojevich, l’ancien gouverneur démocrate de l’Illinois, figure parmi les rares exceptions.

Dans le même temps, Donald Trump utilise le ministère de la Justice comme un instrument de vengeance personnelle. Et il ne s’embarrasse pas de camoufler ses demandes d’inculpation, il les énumère sur le fil de son réseau social, tout simplement. Le ministère répond à ses demandes le doigt sur la couture du pantalon. Quoi de plus naturel, puisque le numéro un et le numéro deux du ministère, Pam Bondi et Todd Blanche, sont des anciens avocats personnels du citoyen Donald Trump. Une vision patrimoniale selon laquelle l’intéressé ne fait pas la différence entre ses affaires privées et les affaires de l’État

Pam Bondi est une ancienne procureure générale de l’État de Floride (de 2011 à 2019).

Elle a rejoint l’équipe de défense de Donald Trump lors du premier impeachment en 2020. Alors qu’elle était procureure générale de Floride, Donald Trump ou sa fondation lui avait fait un don de 25 000 $ alors qu’elle étudiait la possibilité d’une enquête sur sa société « Trump University ».

En novembre 2024, Trump a annoncé qu’il la nommerait ministre de la Justice (« Attorney General » des États-Unis). Elle a aussi été appelée à « recentrer » le ministère de la Justice sous Trump sur la « lutte contre la criminalité violente » et à mettre fin à ce qu’elle appelle la weaponisation du ministère.

De son côté Todd Blanche est un avocat américain, ancien procureur, a représenté Donald Trump dans son procès pénal de 2024 à New York (dans l’affaire des hush money / paiements dissimulés).

En novembre 2024, Trump a annoncé son intention de le nommer adjoint du ministre de la Justice (Deputy Attorney General) et le Sénat l’a confirmé en mars 2025. En juillet 2025, il est intervenu pour interroger Ghislaine Maxwell dans le cadre de l’affaire Jeffrey Epstein — alors qu’il était déjà en poste au ministère de la Justice après avoir été l’avocat de Trump. Une initiative sans précédent.

La 21 septembre dernier, Donald Trump a demandé à ses anciens « prestataires » la tête de James Comey, Letica James et Adam Schiff. Les deux premiers ont été mis en examen. On attend donc l’inculpation de la troisième personne ciblée. Il avait également demandé au DoJ de s’intéresser à John Bolton. C’est fait. Il a également demandé celle de James Bolton, son ancien conseiller à la sécurité nationale.

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