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Prétexte pour contre-attaquer et assaut au free speech

Non seulement Donald Trump s’est précipité sur son réseau social Truth Social pour annoncer l’assassinat de Charlie Kirk mais il a, sans aucune preuve, affirmé que la faute en incombait aux radical lefts. En suivant le conseil de Wiston Churchill selon lequel « il ne faut jamais gaspiller un bonne crire », le président va utiliser tout ce qui est en son pouvoir en utilisant ce prétexte pour s’attaquer à tous ses nombreux opposants. 

L’assassinat de Charlie Kirk, figure médiatique et idéologue du mouvement MAGA, a bouleversé la scène politique américaine. Mais au lieu de favoriser un moment de recueillement et d’appel à l’unité, ce que l’on était en droit d’attendre d’un président, il est rapidement devenu un catalyseur d’escalade partisane (Les mots pour panser les maux). Donald Trump et les républicains ont immédiatement saisi l’occasion pour transformer ce drame en arme politique contre leurs ennemis.

Dès les jours qui ont suivi le meurtre, Trump a multiplié les déclarations présentant la gauche américaine comme une menace organisée. Bien que les autorités aient précisé que le suspect avait agi seul, sans preuve d’un réseau ou d’un complot – il a même grandi dans un environnement familial républicain – Donald Trump a fait de l’affaire Kirk un symbole d’un prétendu « complot violent » mené par les démocrates, les progressistes et les fondations philanthropiques qui leur sont proches. À ses yeux, la mort de Charlie Kirk justifie une répression généralisée contre l’opposition politique.

Concrètement, la Maison-Blanche et ses alliés ont déjà annoncé une série de mesures :

Répression des fondations jugées progressistes : George Soros et la Ford Foundation sont publiquement désignés comme complices d’un climat de violence, et menacés de perdre leur statut fiscal. Toucher au portefeuille est souvent efficace. Donald Trump et JD Vance ont même évoqué la possibilité de les classer comme « organisations terroristes », une désignation qui, en pratique, permettrait de les priver immédiatement de leurs avantages financiers et de couper leurs réseaux de financement.

– Surveillance et sanctions individuelles : le gouvernement a promis de révoquer les visas de ceux qui auraient « célébré » la mort de Charlie Kirk, d’ouvrir des enquêtes pour « discours de haine » et d’encourager les citoyens à dénoncer leurs collègues ou voisins exprimant une opinion jugée hostile. J.D. Vance a ainsi appelé les Américains à signaler directement aux employeurs toute personne suspectée de s’être réjouie de l’assassinat.

Le Congrès républicain, de son côté, a emboîté le pas. Plusieurs élus ont lancé une véritable campagne punitive. Des projets de loi en cours chercheraient à couper les financements fédéraux d’institutions où des fonctionnaires ou des enseignants auraient tenu des propos jugés irrespectueux envers Charlie Kirk. Depuis quand le respect était une obligation prévu dans la Constitution ? Une trentaine de républicains réclament la création d’une commission d’enquête sur « l’assaut radical de la gauche contre l’Amérique et l’État de droit », liant le meurtre de Charlie Kirk à d’autres crimes commis par des individus sans rapport direct.

Parallèlement, une campagne de dénonciation publique s’est installée dans la société civile. Des militants conservateurs ont poussé des employeurs à licencier des salariés ayant critiqué Kirk, des élus ont encouragé la surveillance des réseaux sociaux et certains, comme Clay Higgins, ont même appelé à bannir à vie des plateformes numériques quiconque aurait exprimé une satisfaction devant la mort du leader conservateur.

Le free speech qui est pourtant une pièce centrale de la démocratie américaine et défendu par le Premier Amendement en prend un rude coup. Les élus républicains ont attaqué certains élus démocrates comme Ilhan Omar, représentante du Minnesota, pour avoir exprimé des critiques sur l’héritage politique de Charlie Kirk. Elle fait l’objet de résolutions visant à la censurer et à l’exclure de ses commissions parlementaires. La ministre de la Justice Pam Bondi a indiqué que le ministère de la Justice élargissait le champ des investigations, au point d’inclure non seulement l’auteur du meurtre mais aussi des groupes et des individus accusés de promouvoir une « idéologie violente » – une notion suffisamment floue pour englober de nombreuses voix critiques du trumpisme.

Cette réaction traduit une rupture profonde. Les républicains, longtemps défenseurs de la liberté d’expression et critiques de la « cancel culture », en reprennent désormais les méthodes pour les appliquer contre leurs opposants. Avec la différence majeure qu’ils détiennent les clés du pouvoir et qu’ils sont prêts à les utiliser sans retenue aucune.

Des experts en droit constitutionnel alertent déjà : l’utilisation du pouvoir de l’État pour punir un discours protégé menace directement le Premier Amendement. Mais dans l’ambiance d’indignation entretenue par Donald Trump et ses alliés, ces mises en garde sont marginalisées.

Ainsi, loin de constituer un moment d’union nationale, l’assassinat de Charlie Kirk est instrumentalisé comme un levier pour radicaliser la lutte partisane. Le deuil se transforme en arme politique. Trump et le Parti républicain cherchent à en tirer profit pour justifier un durcissement sans précédent contre les démocrates, les fondations progressistes, les médias critiques et, plus largement, tout citoyen suspecté de manquer de révérence à l’égard de Charlie Kirk.

 On est donc entré dans ce que l’historien Timothy Snyder qualifie de “Me Speech” qui n’a aucun rapport avec le Free Speech (Free Speech and Me Speech, A helpful distinction).

“Me speech” is a common practice among rich and influential Americans. Practitioners of “me speech” use the phrase “free speech” quite a bit. But what they mean is free speech for themselves. They want a monopoly on it.

Hate speech

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