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Donald Trump déclare la guerre à… Chicago

L’avantage avec Donald Trump, qui ne suppose aucun surmoi, est qu’il annonce souvent ce qu’il va faire. Après Los Angeles et Washington D.C., il fait assez peu de doute qu’il allait décider de déployer la troupe dans la ville de Chicago. Non pour régler quelques problèmes que ce soit – dont Chicago n’est pas exempte – mais pour montrer qu’il détient le pouvoir et qu’il peut en user à sa guise. Je fais ce que je veux a-t-il récemment déclaré, car je suis président des États-Unis.

En attendant, Le Department of Homeland Security (DHS) annonce l’opération « Midway Blitz » de l’United States Immigration and Customs Enforcement (ICE) à Chicago. « Le DHS lance l’opération Midway Blitz en l’honneur de Katie Abraham, tuée dans un accident de voiture avec délit de fuite causé par l’‘alien’ illégal criminel Julio Cucul-Bol dans l’Illinois », a écrit le DHS sur le réseau social X.

https://twitter.com/DHSgov/status/1965082306177122404

« Cette opération de l’ICE ciblera les ‘aliens’ illégaux criminels qui ont afflué à Chicago et dans l’Illinois parce qu’ils savaient que le gouverneur Pritzker et ses politiques de sanctuaire les protégeraient et leur permettraient d’errer librement dans les rues américaines », a ajouté le DHS, en référence au gouverneur démocrate de l’Illinois, JB Pritzker.

Le gouverneur JB Pritzker n’a pas attendu pour répondre aux envies de Donald Trump d’envoyer la troupe.  

https://twitter.com/JBPritzker/status/1965070504106377344

Après avoir été pape, Jésus, roi – transformation rendue possible par l’intelligence artificielle – Donald Trump s’est donc muté en lieutenant-colonel Bill Kilgore qui est prêt à envoyer l’armée dans la Windy City. Il accompagne sa photo d’une phrase « I love the smell of deportations in the morning. » qui ne peut que laisser perplexe.

Ces mots résonnent comme une obscénité. Non pas seulement parce qu’ils banalisent l’exil forcé, la séparation des familles, le déracinement brutal d’êtres humains ; mais parce qu’ils le transforment en spectacle, en odeur agréable, en plaisir matinal. Là où devraient s’élever la gravité, la retenue, voire la honte, s’installe la jouissance cynique du pouvoir d’expulser.

On ne parle plus de vies arrachées à leurs repères, de travailleurs invisibles qui quittent en larmes le pays qu’ils ont servi, d’enfants qui découvrent l’absence comme héritage : on parle d’une senteur, d’un parfum. Comme si la détresse humaine avait un fumet agréable, comme si le malheur de l’autre nourrissait la volupté de celui qui commande.

Cette phrase, d’une cruauté presque théâtrale, recycle le cynisme guerrier – « l’odeur du napalm » – pour l’appliquer à l’administration de l’inhumanité. Elle ne décrit pas seulement une politique : elle exhibe un goût. Un goût de fer, de poussière et de sueur, travesti en plaisir. Un goût qui n’est pas celui de la justice ni de la loi, mais celui de la brutalité impunie. Ce qui inspire le dégoût, ce n’est pas seulement le fond — la célébration de l’expulsion — mais la forme : l’indifférence goguenarde à la souffrance, la métaphore frivole jetée comme une plaisanterie, la transformation de la douleur en accessoire rhétorique. Tout cela révèle une logique implacable : déshumaniser pour mieux mépriser, mépriser pour mieux frapper

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