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Make Intel Great Again

Ce n’est plus Intel Inside mais Governement Inside Intel. Au pays de la libre concurrence et de l’économie de marché, bienvenue au capitalisme d’État. Avec sa politique de droits de douanes sélectives, Donald Trump prenait un certain contrôle de l’économie. Il avait ensuite décidé d’instaurer une taxe de 15 % sur les puces à destination de la Chine. Une sorte de droit de douane inversé. Aujourd’hui, il fait un pas supplémentaire en prendre une participation dans une grande entreprise américaine.

Il y a trois semaines, Donald Trump publiait un message sur le fil de son réseau social indiquant que le CEO d’Intel devait démissionner. Le gouvernement américain vient de prendre 10 % dans le capital de l’entreprise qui fut il n’y a pas si longtemps numéro Un des semiconducteurs.

C’est la plus importante prise de participation dans une entreprise depuis la crise financière de 2008. A l’époque, Barack Obama avait décidé de nationaliser temporairement General Motors.

On peut penser qu’à court terme, le premier effet de cette initiative sera d’exiger le départ du CEO actuel.

Dans un communiqué publié le 22 août (U.S. Government to make $8.9 billion investment in Intel common stock as company builds upon its more than $100 billion expansion of resilient semiconductor supply chain), Intel rappelle qu’elle est la seule entreprise à mener à la fois de la R&D et de la production de semi-conducteurs de pointe sur le sol américain. L’accord est présenté comme une manière de garantir que les technologies les plus avancées resteront fabriquées aux États-Unis, contribuant à la sécurité économique et nationale. Un argument qui ne manquera pas de plaire à Donald Trump. Il semblerait que l’investissement dans Intel en fait ce qui avait été voté dans le cadre du CHIPS act sous l’administration Biden.

L’investissement de 8,9 milliards $ est présenté comme une preuve de confiance du gouvernement dans la capacité d’Intel à servir des priorités nationales. Intel se félicite de l’arrivée des États-Unis comme actionnaire de long terme, soulignant que cela permettra aux contribuables américains de bénéficier de la réussite future du groupe. Depuis que les entreprises américaines s’intéressent aux contribuables ? Le gouvernement achète 433,3 millions d’actions à 20,47 $, soit un prix inférieur au marché, garantissant une décote favorable aux contribuables. En plus, il obtient un warrant de 5 ans pour acquérir 5 % supplémentaires si Intel perd le contrôle de son activité de fonderie.

Intel met en avant son rôle clé dans le programme Secure Enclave, destiné à fournir des semi-conducteurs sécurisés et de confiance au Département de la Défense. L’accord est vu comme un moyen de consolider la souveraineté numérique et la sécurité des infrastructures critiques.

Intel rappelle avoir investi 108 milliards $ en capital et 79 milliards $ en R&D sur 5 ans, plus de 100 milliards $ dans son expansion industrielle américaine (Arizona, Ohio, Nouveau-Mexique, Oregon).

Depuis son arrivée en mars 2025, Lip-Bu Tan insiste sur une nouvelle discipline financière, le retour à une culture d’ingénierie, et une stratégie renforcée en intelligence artificielle. L’accord avec Washington est présenté comme un levier de stabilisation et de croissance, soutenant cette transformation interne.

Comme l’écrit Heather Cox Richardson dans sa newsletter du 23 août : “It is wild to see Republicans cheering on a president who publicly threatened a CEO and stated openly that he shook the man down for a major share in his company.

It is even wilder to see Republicans, who since 1980 have held so fervently to the idea of free markets that they have denounced even the most basic regulations as socialism, celebrate the government takeover of a private company.

The story of that shift is a larger story about how the Republicans came to put party over country and, now, how they have put power over everything.

It was not always this way”.

Cette prise de participation marque un virage par rapport à l’approche de l’administration Biden, accusée par Trump d’avoir distribué des subventions sans contrepartie. Le gouvernement justifie son intervention par le rôle crucial des semiconducteurs, omniprésents dans les technologies civiles et militaires, et par les difficultés d’Intel, dépassé par des concurrents comme Nvidia dans l’intelligence artificielle.

Cependant, des incertitudes juridiques demeurent : certains experts estiment que la loi CHIPS n’autorise pas la conversion de subventions en prises de participation. De plus, l’État actionnaire pourrait renforcer l’idée qu’Intel est « trop gros pour faire faillite » et soulever des questions sur de possibles pressions politiques pour favoriser ses ventes.

Intel, fragilisé par ses retards technologiques, mise sur le plan de redressement de Lip-Bu Tan (réduction des effectifs, stratégie IA, nouveaux clients).

L’administration Trump semble prendre un rôle direct dans la gestion de l’économie et des entreprises.: le Département de la Défense devient actionnaire majoritaire avec un investissement de 400 millions $ dans ce producteur américain de terres rares MP Materials

Elle a obtenu d’une « golden share » d’US Steel, un droit de veto sur des décisions clés – dans le cadre de l’accord avec Nippon Steel. Elle a imposé une taxe à l’export de 15 % des revenus issus des ventes de puces vendues par Nvidia et AMD à la Chine

Ces interventions constituent une rupture importante avec la tradition libérale des républicains, s’approchant d’une forme de capitalisme d’État. L’approche vise à renforcer la sécurité nationale, la résilience des chaînes d’approvisionnement stratégiques et à faire valoir un retour financier pour les contribuables. Cependant, ces décisions suscitent des critiques, notamment autour des risques de distorsion des marchés, d’ingérence politique dans la gouvernance des entreprises, et d’un précédent potentiellement dangereux pour l’économie américaine.

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