On se souvient du Dîner des correspondants médias de 2011 à l’occasion duquel Barack Obama s’était moqué de Donald Trump à la sauce aigre-douce. Il est vrai qu’il avait du faire face à l’attaque des Birthers dont Donald Trump avait été un des animateurs les plus actifs expliquant au monde que Barack Obama n’était pas légitime, car non né aux États-Unis et qu’il devait publier son certificat de naissance.
Cette ironie avait été si affûtée que certains commentateurs politiques expliquent qu’elle aurait été une puissante motivation pour décider Donald Trump à se présenter aux élections présidentielles pour prendre sa revanche… Qu’il est en train de prendre lors de son deuxième mandat avec détermination sans précédent.
Quant à la réfection de la Maison-Blanche à l’image de Donald Trump, Barack Obama avait vu juste. Pendant un temps, le site de Mar-a-Lago (de la mer au lac) avait été désigné comme la Maison-Blanche d’hiver. Aujourd’hui, Donald Trump transforme la Maison-Blanche pour qu’elle ressemble à Mar-a-Lago.
D’abord, les dorures. Elles sont partout, clinquantes, étalant avec talent et succès le mauvais du maître des lieux. En haut, en bas, dans le cadre des tableaux, sur les cheminées… jusque dans les presse-papiers. Tel Midas, Donald Trump transforme tout en or.






Ensuite, il y a le changement du fameux Rose Garden transformé en terrasse de cloud house, où le gazon a laissé place à une surface en dur, et paré de tables, chaises et parasols.

Enfin, le dernier projet, le plus fou, où le locataire des lieux veut ajouter du côté de l’Est Wing un immense ballroom de 90 000 square feet. L’annonce officielle a été faite sur le site Web de la Maison-Blanche : The White House Announces White House Ballroom Construction to Begin. La salle permettra d’accueillir 650 personnes au lieu de 200 dans l’East Room et devrait coûter 200 millions. Au-delà du coût, elle ne manquera pas de poser des problèmes énormes aux architectes, notamment en matière de sécurité.



Le Bureau ovale reflète toujours la personnalité du président en place. Sous Ronald Reagan, il se parait de rouges chaleureux ; avec Barack Obama, il adoptait des tons terre ; avec Joe Biden, un tapis bleu profond dominait. Dans le second mandat de Donald Trump, il subit la transformation visuelle la plus radicale depuis des décennies : moulures dorées, cadres massifs, décorations clinquantes, rappelant l’esthétique de ses années d’immobilier à New York.
L’architecte d’intérieur Tommy Landen, dans une vidéo virale, juge ce style excessif : l’or peut être élégant, mais ici il est surchargé, donnant un effet « baroque » proche d’un palais européen ou d’une salle de réception russe, en contradiction avec le style néoclassique sobre du bâtiment. Le tapis bleu de Biden a cédé la place à celui de Reagan, et des drapeaux militaires encadrent désormais le Resolute Desk. Le plafond et le sceau présidentiel sont peints en or, et les murs couverts de portraits dans des cadres ouvragés.
On peut associer à cette transformation à la récente visite de Tim Cook à la Maison-Blanche. En plus de s’engager sur 100 milliards de dollars d’investissements supplémentaires aux États-Unis, le patron d’Apple a offert au président américain un disque de verre fabriqué dans l’État du Kentucky gravé au nom du président, sur un socle en or massif venu d’Utah. De l’or 24 carats a-t-il tenu à préciser.

Le message voulu semble être celui de la puissance et de la richesse ; l’effet, selon les critiques, est plutôt celui du kitsch ostentatoire. Cette logique s’étend aux extérieurs : la pelouse du jardin des Roses a été remplacée par un dallage clair, jugé plus fonctionnel par Donald Trump, mais perçu comme froid et dépourvu du charme historique du lieu. En gros, cette transformation de la Maison-Blanche est à l’image de son hôte : clinquant, tape-à-l’œil et pacotille.