“It does not take a smart person to know if you’re being lied to”, c’est ainsi que la représentante de l’État de New York à caractériser le projet de loi qui vient d’être voté par le Congrès et signé par Donald Trump le 4 juillet comme il l’avait souhaité. Une grande victoire politique, mais un désastre social et une débâcle budgétaire à venir. Baisse de taxes sous la forme d’un transfert des classes populaires et moyennes vers les plus riches, réduction du budget du programme de santé (Medicaid) et d’aide alimentaire (Snap), suppression des crédits d’impôt favorisant la transition écologique. Un projet de loi regressif comme il en a été rarement voté.
De quelque 887 pages, la législation est une collection tentaculaire d’allégements fiscaux, de réductions de dépenses et d’autres priorités républicaines, y compris de nouveaux fonds pour la défense nationale et les expulsions. Le président Donald Trump a exhorté les républicains, qui détiennent le pouvoir majoritaire à la Chambre et au Sénat, à sauter leurs vacances et à présenter le projet de loi d’ici le 4 juillet.
AOC Unleashes On Trump, GOP For ‘Lying To The American People’ About Big Beautiful Bill
Dépenses et économies sur dix ans
La législation prolonge les réductions d’impôts promulguées en 2017 qui devaient expirer à la fin de l’année, tout en ajoutant de nouvelles que Donald Trump a promis pendant cette campagne, sur quelques pourboires et la rémunération des heures supplémentaires, pour un coût total estimé par le CBO de 4500 milliards de dollars sur les dix prochaines années. Il augmente également le financement de la défense et de la sécurité des frontières et réduit de près de 1 000 milliards de dollars le programme de santé Medicaid, avec davantage de réductions de l’aide alimentaire pour les pauvres et d’autres aides gouvernementales. Et il élimine progressivement les crédits d’impôt pour l’énergie renouvelable adoptés sous l’ancien président Joe Biden que Donald Trump et les républicains conservateurs dénoncent depuis longtemps.
Il comprend également une augmentation de 5 000 milliards de dollars de la limite de la dette, une mesure que les républicains ne sont généralement pas disposés à soutenir, mais qui était nécessaire pour éviter un défaut de paiement fédéral plus tard cette année.
Comme toujours, les républicains font miroiter un effet dopant sur l’économie grâce à cette loi. Curieusement, seul le The White House Council of Economic Advisers prévoit un tel effet sur l’économie, les autres instituts l’ont chiffré de manière beaucoup plus modeste, voire quasi négligeable.
L’adoption finale du projet de loi a été une victoire majeure pour les républicains du Congrès et pour Donald Trump, qui a célébré dans un discours jeudi soir à Des Moines, dans l’Iowa, destiné à donner le coup d’envoi d’une année de célébration du 250e anniversaire de la fondation du pays. « Avec ce projet de loi », a déclaré Donald Trump, « chaque promesse majeure que j’ai faite au peuple de l’Iowa en 2024 est devenue une promesse tenue. »
Les sondages montrent que le projet de loi est profondément impopulaire, et les démocrates l’ont vivement dénoncé comme une manœuvre visant à réduire les programmes gouvernementaux essentiels pour financer des allégements fiscaux pour les Américains les plus riches. Ils ont accusé à plusieurs reprises les républicains d’être tellement sous l’emprise de Donald Trump qu’ils ont adopté un projet de loi qui nuirait à leurs propres électeurs, avec des coupes dans les programmes que le président avait promis de protéger.
Dans un discours de clôture passionné à la Chambre qui a duré plus de huit heures et demie, battant le record de la chambre et retardant un vote final jusque tard dans l’après-midi (à ne pas confondre avec le filibuster de Gary Booker), le représentant Hakeem Jeffries, démocrate de New York et chef de la minorité, a qualifié la mesure d’«abomination dégoûtante ».
Hakeem Jeffries a passé une grande partie de son temps à lire des témoignages d’Américains qui ont déclaré qu’ils comptaient sur Medicaid, le programme d’assistance nutritionnelle supplémentaire et d’autres aides gouvernementales et craignaient que les coupes ne bouleversent leur vie. Il a tenu à souligner que plusieurs des lettres provenaient de personnes qui vivent dans des districts républicains du Congrès qui sont parmi les principales cibles des démocrates pour les élections de mi-mandat.
La loi en quelques infographies (Sources diverses, publié par le New York Times)
