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Ronald Reagan : « Le Parti républicain a troqué la liberté contre la peur »

Il est de coutume que les présidents en vie ne fassent pas de commentaires sur leurs successeurs. Mais rien n’empêche ceux qui ne le sont plus de donner leur opinion sur le président actuel. Après avoir George Washington et Andrew Jackson, un journaliste du magazine The Atlantic a pu obtenir une interview exclusive de Ronald Reagan, 40e président des États-Unis, et obtenir son opinion sur la situation actuelle des États-Unis et sur son successeur. En particulier, sur la transformation radicale qu’il a imposé sur le parti républicain.

The Atlantic : Monsieur le Président, sous Donald Trump, le Parti républicain a abandonné le libre-échange au profit du protectionnisme et des droits de douane massifs. Vous qui faisiez de la mondialisation un outil de paix, quel regard portez-vous sur ce revirement ?

Ronald Reagan : Ah ! Si mes amis du Congrès des années 80 voyaient cela… Nous nous étions battus pour abattre les barrières, non pour les dresser1. Trump a transformé le commerce en une guerre de tranchées, oubliant qu’un consommateur américain est aussi une victime des taxes qu’il impose. J’ai toujours dit : « Le libre-échange est un pont, pas un mur »2. Aujourd’hui, ce pont est miné, et c’est nous qui avons posé les explosifs.

The Atlantic : Vous aviez signé en 1986 une loi qui régularisait des millions d’immigrés. Que penseriez-vous des expulsions massives et de la criminalisation des migrants, devenues la marque du parti MAGA ?

Ronald Reagan : Je serais révolté. Nous étions la nation des bras ouverts. Nous savions que derrière chaque visage venu d’ailleurs, il y avait un rêve américain en germe. Trump, lui, a transformé ce rêve en cauchemar bureaucratique. Il faudrait lui rappeler ce que je disais à la Statue de la Liberté lors de son centenaire : « Elle éclaire le monde, elle n’éclaire pas des clôtures barbelées »3. L’Amérique n’a pas de raison de fermer ses portes, à moins d’avoir peur de son propre avenir.

The Atlantic : L’administration Trump a multiplié les interventions économiques : subventions, tarifs, décrets. Vous qui prôniez un État minimal…

Ronald Reagan : L’État ne doit pas être un distributeur de privilèges, encore moins un marchand d’influences. C’est un serviteur, pas un marchand de tapis4. Ce « capitalisme à la Trump » — mélange d’arbitraire et de clientélisme — n’a rien à voir avec l’Amérique de la libre entreprise que j’ai défendue. Il ressemble davantage aux planifications des bureaucrates soviétiques que j’ai combattus.

The Atlantic : Vous aviez fait de la lutte contre les autocraties votre combat. Que penseriez-vous du ton conciliant de Trump envers Poutine, Kim Jong-un ou Orban ?

Ronald Reagan : Courtiser les tyrans, c’est insulter les peuples libres. Lorsque j’ai dit à Gorbatchev : « Démolissez ce mur ! »5, je parlais pour Berlin, pour Varsovie, pour Prague. L’Amérique doit être la voix des opprimés, non le complice des oppresseurs. Les autocrates ne respectent que la force et la droiture. Les flatter, c’est leur donner la permission de nuire.

The Atlantic : La guerre en Ukraine… que feriez-vous ?

Ronald Reagan: J’aurais fait ce que commande notre honneur : armer, aider, soutenir sans faillir. Poutine comprend le langage de la force, pas celui des ambiguïtés. Quand un peuple lutte pour sa liberté, il n’y a pas de place pour les hésitations : il faut être à ses côtés. Trump croit qu’un slogan suffit à arrêter des tanks ; moi je sais qu’il faut du courage et des actes.

The Atlantic : Trump présente le MAGA comme le plus grand mouvement populaire depuis Lincoln.

Ronald Reagan : Lincoln rassemblait. Trump divise. Le MAGA n’est pas un mouvement : c’est une fracture, une colère mal dirigée, une vengeance érigée en programme6. La grandeur de l’Amérique ne se mesure pas au nombre de chapeaux rouges vendus, mais à sa capacité à unir des millions de destins divers en un même projet.

À mes amis républicains, je dirais ceci : souvenez-vous que le parti de Lincoln ne vit pas de haines passagères, mais d’idéaux immortels. La peur est un piètre conseiller. Le ressentiment est un piètre programme. Notre force, c’est la liberté ; notre arme, c’est l’exemple ; notre avenir, c’est l’unité.

The Atlantic : Monsieur le Président, pensez-vous que le Trumpisme survivra à Donald Trump ? Et si oui, sous quelle forme ? L’Amérique restera-t-elle une démocratie ?

Ronald Reagan : Le Trumpisme, voyez-vous, n’est pas une idéologie : c’est une fièvre. Une fièvre de colère, de ressentiment, d’illusions perdues. Et comme toutes les fièvres, elle peut bien survivre au patient qui l’a portée. Car ce que Trump a réveillé, ce ne sont pas des idées durables, ce sont des instincts : la peur de l’autre, le refus du compromis, la tentation de la force brutale.

Sans Trump, ce qui reste, c’est un appareil politique transformé : un parti qui s’est habitué à flatter les bas instincts, qui a appris à prospérer sur la division et le mensonge. Ce Trumpisme orphelin pourrait bien chercher un nouveau chef, un nouveau tribun, plus habile, peut-être plus dangereux encore — car sans les outrances caricaturales de Trump, le poison passera plus facilement dans les veines de la République.

Quant à savoir si l’Amérique restera une démocratie… Cela dépendra de son peuple. Une démocratie ne meurt pas sous les coups des tyrans : elle s’effondre sous le poids de l’indifférence, lorsque ses citoyens cessent de défendre ses principes. Si l’Amérique continue de s’abandonner à la haine, au mensonge, au mépris des institutions, alors elle connaîtra ce que tant de républiques avant elle ont connu : la lente glissade vers l’autoritarisme, masqué de slogans et de drapeaux.

Mais si elle retrouve la foi dans sa Constitution, dans la dignité de chaque homme et femme, alors elle pourra guérir de cette fièvre. Le choix, comme toujours, appartient au peuple. La démocratie est un combat de chaque génération. Ceux qui croient qu’elle est acquise n’ont rien compris à l’Histoire.

The Atlantic : pour garantir l’avenir de la démocratie, que devraient faire les citoyens américains ?

Ronald Reagan : Ce que devraient faire les Américains ? Ils devraient commencer par se regarder dans la glace et se demander : « Est-ce bien cette nation que nous voulons laisser à nos enfants ? » Parce qu’une république ne tient pas sur les discours des présidents ni sur les promesses des partis. Elle tient sur la vertu de son peuple.

Les Américains doivent désapprendre la haine qu’on leur a inculquée. Cesser de croire que leur voisin est leur ennemi. Cesser de voir dans le compromis une trahison. Cesser de confondre la force d’une nation avec le vacarme des foules en colère ou les injures lancées sur les réseaux.

Ils doivent défendre leurs institutions, pas les piétiner sous prétexte qu’elles les contrarient un jour. Ils doivent élire des serviteurs du bien commun, pas des marchands de slogans ou des entrepreneurs de colère. Ils doivent lire à nouveau leur Constitution, ce contrat sacré entre eux et leur liberté, et s’en souvenir à chaque bulletin glissé dans l’urne.

Et surtout, ils doivent retrouver ce que j’appelais l’Amérique de l’espoir : une nation qui croit en ses possibilités plutôt qu’en ses ennemis, qui bâtit des ponts au lieu de creuser des fossés. Ce pays ne sera sauvé ni par un homme providentiel, ni par un parti. Il sera sauvé par des citoyens libres qui choisiront la liberté et la dignité plutôt que la peur et la rancune.

Car je vous le dis : le jour où l’Amérique oubliera qu’elle est une idée avant d’être un territoire, ce jour-là elle cessera d’être une démocratie.

Notes fictives :

  1. Discours de Ronald Reagan devant le Conseil des entreprises américaines, 12 mars 1983, Washington (non publié).
  2. Lettre de Reagan à Margaret Thatcher, 14 avril 1984, archives de la Reagan Library.
  3. Allocution pour le centenaire de la Statue de la Liberté, 4 juillet 1986.
  4. Extrait apocryphe des « Carnets personnels » de Ronald Reagan (1987), fondation Reagan.
  5. Discours de la porte de Brandebourg, Berlin, 12 juin 1987.
  6. Citation apocryphe attribuée à Reagan par son conseiller Ken Duberstein, dans Reagan et la fin du XXe siècle, éd. fictive, 1994. Questo

(Interview rédigé avec l’aide de ChatGPT)

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