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Empereur Caligula : “Le peuple m’adore, même les barbares veulent m’imiter”

« Dans mon précédent discours, je comparais le nouveau gouvernement américain à la cour de Néron. Je me trompais. C’est la cour de Caligula, qui avait un jour nommé son cheval Consul. Mais au moins son cheval ne faisait de mal à personne ».
Claude Malhuret, Président du Groupe Les Indépendants au Sénat, Sénateur de l’Allier.
Cent jours depuis le retour de Donald Trump à la Maison Blanche.

Ça tombe bien, il se trouve que l’on a exhumé une interview exclusive de l’Empereur Caligula au faîte de son pouvoir.

Par un scribe de la Domus Publica, autorisé exceptionnellement à s’entretenir avec l’Imperator Caïus Julius Caesar Augustus Germanicus, dit Caligula.

Scribe : Empereur, vos détracteurs disent que l’Empire est en crise. Que répondez-vous ?

Caligula : C’est faux, complètement faux. L’Empire n’a jamais été aussi fort. Vous savez, quand je suis arrivé au pouvoir, tout était en ruine. Les sénateurs ? Des incapables. Vous parlez de ces sénateurs qui passent plus de temps à se goinfrer de figues qu’à défendre Rome ? Ce sont des faibles. Rome a besoin de force, de clarté, d’un chef. Pas de débats sans fin entre vieillards séniles. Le Sénat ? Une illusion. C’est moi, maintenant, qui décide. Et le peuple adore ça.

Les provinces ? Un chaos. J’ai rétabli l’ordre, j’ai fait de Rome un exemple pour le monde. Les gens oublient, mais j’ai augmenté les taxes là où il le fallait, j’ai triplé la productivité des esclaves. Même les barbares veulent être romains maintenant.

Scribe : Parlons justement des barbares. Certains gouverneurs s’inquiètent de l’afflux de tribus aux frontières. Certains accusent votre politique d’immigration d’être brutale, injuste…

Caligula : Nous avons la meilleure politique. J’ai fait construire un fossé de flammes entre Rome et les barbares. Un vrai fossé. Des Germains ? Des Scythes ? Qu’ils restent là où ils sont. Ils viennent ici, ils apportent leurs dieux, leurs maladies, leurs cabanes puantes, ils volent nos amphores, violent nos lois, s’installent dans nos villes. Et après, ils veulent des droits ! Rome, c’est pour les Romains. Moi, je veux des Romains qui aiment Rome. Pas des traîtres qui mangent avec les mains. J’ai dit que je réduirais l’invasion, et je l’ai fait. Personne n’a été aussi ferme que moi.

Scribe : Certains sénateurs estiment que vos décisions contournent le droit. Ils évoquent la fin de l’État de droit…

Caligula : Le Sénat ? C’est une blague. Ces gens sont là depuis cent ans, ils n’ont rien fait. Je vous le dis, si je les remplaçais tous par des chevaux, Rome fonctionnerait mieux. En fait, j’y pense sérieusement. Mon cheval Incitatus est plus intelligent que la moitié du Sénat. Je suis la loi. Le droit romain ? Il existe parce que je le tolère. Regardez ceux qui m’ont critiqué : ils sont exilés, ou morts. Moi, je rends la justice à ma manière. Rapide, efficace. Et les gens se sentent en sécurité. Avant moi, on avait quoi ? Des avocats, des délais, des acquittements… Moi, je tranche. Et croyez-moi, ça coupe net. Le droit ? C’est moi qui le fais. Je suis l’Empereur, non ?

Scribe : Et la justice ?

Caligula : La justice, c’est simple. Si tu es loyal envers moi, tu vis bien. Si tu complotes, tu disparais. C’est juste. C’est même très juste. Et ça fonctionne. Il n’y a jamais eu autant de sécurité dans les rues de Rome.

Scribe : Parlons finances. Certains temples se plaignent de ponctions fiscales excessives. Comment allez-vous financer l’Empire ?

Caligula : J’ai des idées brillantes. J’ai réquisitionné les coffres des Vestales, elles avaient trop d’or. Et je vais taxer les bains publics. Vous vous lavez ? Vous payez. Et j’ai trouvé de nouvelles sources de revenus : taxer l’urine, par exemple. Très rentable. Et les gladiateurs ? On vend des places deux fois plus chères, avec des sièges en marbre. C’est du luxe, du pur luxe romain. Le peuple adore ça. J’ai injecté des talents dans les arènes, multiplié les spectacles, relancé les loteries impériales. Et puis j’annexe. Quand je prends la Maurétanie, c’est du marbre et de l’or qui arrivent. L’argent revient. C’est magnifique. On n’a jamais eu autant de victoires.

Scribe : Sur l’esclavage, vous avez dit vouloir le “rendre plus rentable”. Que signifie cela ?

Caligula : Les esclaves doivent produire. Certains se croient en vacances ! J’ai instauré des quotas. S’ils ne sont pas rentables, on les vend. Ou on les envoie creuser des canaux en Égypte. Et j’ai lancé un programme pour que les citoyens puissent parrainer des esclaves. Comme des chiens. Les gens aiment ça.

Scribe : Il y a eu une épidémie de peste dans les docks d’Ostie. Des morts par centaines. Quelle est votre réponse sanitaire ?

Caligula : Faux. Mensonges. D’abord, ce n’était pas une “peste”, c’était une “grande fièvre”. Les marchands l’ont exagérée. Moi, j’ai immédiatement fermé les ports, brûlé les entrepôts, sacrifié dix taureaux à Apollon. Que fallait-il de plus ? Ceux qui sont morts étaient faibles. J’ai dit aux prêtres de faire plus de sacrifices. Mars veut du sang ? Il aura du sang. Et j’ai mis le feu aux entrepôts infectés. Fini. Problème réglé.  Moi, je tombe jamais malade. Vous savez pourquoi ? Je suis béni par les dieux. J’ai même pensé à me faire temple vivant. Les gens veulent prier Caligula.

Scribe : L’annexion de la Maurétanie a été violente. Est-ce que vous avez des plans pour de nouvelles conquêtes ?

Caligula : Évidemment. La Britannia, c’est une honte. On les laisse vivre comme des animaux.

Des forêts, des mines d’étain, des druides qui courent nus. C’est à nous. J’ai déjà préparé une statue de moi pour leur place centrale. Et vous verrez : ils vont m’aimer. Tous les peuples finissent par m’aimer. Ou par se taire. Moi je vais civiliser tout ça. On va leur amener les thermes, les routes, les bordels. Et puis Dacie, Sarmatie, tout ça, c’est pour nous. Je pense grand. L’Empire sera aussi vaste que l’océan.

Scribe : Vous imposez aussi un culte impérial très personnel…

Caligula : Pas un culte. Une évidence. Regardez-moi. Qui a ce port ? Ce regard ? Cette chevelure ? J’ai dit qu’on me construirait des autels, et les fidèles affluent. Certains se prosternent devant mes sandales ! Ce n’est pas moi qui le demande. C’est le destin. Le peuple veut un dieu vivant. Moi, je lui donne ça. Et plus encore.

Scribe : Les prêtres vous accusent de vous prendre pour un dieu…

Caligula : Je ne me prends pas pour un dieu. Je suis un dieu. J’ai ordonné qu’on m’adore, et les gens adorent ça. Ils viennent de partout, m’apportent des offrandes. Une femme m’a donné son enfant ! Il est maintenant dans mes cuisines. Moi je dis : si les dieux n’ont pas voulu que je sois divin, pourquoi m’ont-ils donné cette chevelure magnifique ? (il rit)

Scribe : Dernière question. Craignez-vous une conjuration ?

Caligula : Non. J’ai les gardes prétoriens, j’ai les dieux, j’ai le peuple. Et même si on m’expatrie, je reviendrai. Comme Jupiter. Plus fort. Plus grand. Et je ferai exiler tous ceux qui doutaient de moi. Rome, c’est moi. Sans moi, c’est juste un tas de pierres.

Fin de l’entretien. L’empereur se lève. Derrière lui, une statue le représente en Jupiter tonnant. Sur le socle, une devise gravée :

“Roma ego sum.”

(Interview réalisée avec l’aide de ChatGPT)

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Le tyran n’est pas nouveau. Déjà, dans le palais de Tibère, l’héritier du trône jouait avec les serpents du pouvoir comme un enfant cruel avec les amphores sacrées. Caligula, de son vrai nom Gaius, entrait dans Rome non comme un homme d’État, mais comme un Dieu autoproclamé, exigeant que son cheval soit nommé consul. Aujourd’hui, c’est dans une limousine bardée de drapeaux qu’un autre se pavane, décrétant que la démocratie est faillible dès lors qu’elle ne le couronne pas.

Caligula, ne gouverne pas : il règne. Il ne négocie pas : il impose. Il ne s’adresse pas à la nation : il s’adresse à sa cour — un peuple transfiguré en plèbe hystérique, galvanisée par la peur de l’autre, la haine des élites et la nostalgie d’un empire mythifié.

Caligula exige la déification vivante et réclame la soumission affective : l’adoration d’un mythe qu’il a lui-même façonné — celui de l’homme providentiel, du sauveur persécuté par les sénateurs corrompus, les journalistes menteurs et les juges partiaux. Il se place au-dessus des lois, méprisant les institutions conçues pour les contenir : Sénat, Congrès, Cour suprême… tous deviennent à leurs yeux des instruments à domestiquer ou des ennemis à abattre.

Quand Caligula fait de la folie un art politique et en fait un spectacle permanent : provocations xénophobes, mensonges assumés, décrets impulsifs, promesses délirantes — construire un mur comme on érige un temple au narcissisme, bannir les étrangers comme on purifie un culte, confondre leadership et domination. Il proclame vouloir « sauver » Rome, mais ne parle que de lui. Il dit aimer le peuple, mais ne flatte que ses propres chimères.

L’économie ? Une illusion de prospérité fondée sur le crédit et la spéculation, comme les jeux du cirque offerts par Caligula pour mieux cacher la ruine de Rome. La foi ? Instrumentalisée comme une torche dans la nuit, pour éclairer ses accès d’autoritarisme et rallier les plus crédules à sa croisade morale. Le droit ? Subordonné à ses caprices, qu’il s’agisse de défier la Cour suprême ou de promettre des représailles contre ses juges.

Caligula n’aime pas le pouvoir pour ce qu’il permet, mais pour ce qu’il inspire : la crainte, l’obéissance, l’hystérie collective. Il ne cherche pas à diriger un pays, mais à régner sur des esprits. À défaut d’un empire, il bâtit une secte ; à défaut d’une dynastie, il impose une loyauté clanique — jusqu’à ce que les institutions cèdent ou se vengent.

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