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L’impeachment, et après ?

Comment fonctionner avec un président acquitté par le sénat dans une procédure de destitution et qui pourrait bien être réélu ? Telle est l’intéressante question posée dans un article publié par le magazine Politico (Democrats face post-impeachment dilemma: What if Trump offends again?).

L’impeachment « raté » pourrait agir un peu comme un vaccin qui immunise celui qui le reçoit. Et donc laisser le champ libre à un président qui pourrait agir ainsi sans aucune limite.

L’issue réelle de l’impeachment est claire. La Chambre des représentants va voter la mise en accusation, les démocrates y sont majoritaires, le sénat va acquitter le président, les républicains y sont majoritaires. Fin Janvier, Donald Trump sera donc un président libre de toute action contre lui. Les actions juridiques en cours ne l’inquiéteront pas. Et il n’aura toujours pas publié ses déclarations de revenus. Quelles armes les démocrates auront-ils pour contenir un président qui n’a aucune limite ? Où seront alors les Checks and Balances dont s’enorgueillissent les Américains et qui est présenté comme l’un des piliers de leur démocratie. Ce système de poids et contrepoids a déjà été largement dévalué depuis l’arrivée de Donald Trump car le Sénat a perdu tout sens critique et est devenu une simple chambre d’enregistrement des caprices et des agissements de leur président-parrain. Ce phénomène est d’autant plus difficile à comprendre qu’il touche également les élus qui ne représenteront pas et n’ont donc pas à craindre des représailles du chef.

L’Impeachment doit être compris dans une démarche bipartisane ou non partisane répètent à l’envi les républicains. Sans doute, mais ils refusent absolument les faits et ne font qu’épouser les dires de Donald Trump sans aucune réserve.

Richard Nixon avait pris la seule décision possible en annonçant sa démission le 8 août 1974. Quelques jours plus tôt, la publication des bandes surnommées « The Smoking Gun Tape », allusion à la preuve flagrante que constitue un pistolet fumant sur les lieux d’un crime, avait porté le coup de grâce à un président qui avait un certain sens du bien et du mal. Même si dans une adresse télévisuelle à la nation le 17 novembre 1793, la phrase qui restera est : « I am not a crook ». Face aux preuves accablantes des bandes, les républicains s’étaient désolidarisés. La veille de la démission de Nixon, les sénateurs Barry Goldwater et Hugh Scott et le représentant John Rhodes, étaient venus dire au président qu’il n’avait plus le soutien d’une majorité des républicains.

Mais Donald Trump n’est pas Richard Nixon, il n’a aucun surmoi, aucun remords, aucune partie de lui qui pourrait le guider dans le maquis du bien et du mal. Et l’environnement politique n’est pas le même. Les républicains le soutiennent comme un seul homme. Par crainte ou par aveuglement. Leur soutien inconditionnel montre bien que le parti républicain est devenu le parti de Trump. Difficile à comprendre quand on se souvient de leur défiance inconditionnelle encore quelques semaines avant les élections où le mot d’ordre était le « Tout Sauf Trump ».

A l’issue des deux jours de débats houleux de la commission des affaires judiciaires pour finaliser la mise en acquisition, le vote est sans appel et facile à interpréter : 23 – 17. Tous les démocrates ont voté yea, tous les républicains ont voté nay. Et le vote en session plénière de mercredi prochain devrait être du même tonneau.

Quand la procédure sera achevée, qui sera le gagnant sur le plan politique : des démocrates qui auront engagé une procédure en raison de principes, des républicains qui crient à la chasse aux sorcières ? La fin de la procédure coïncidera avec les premières primaires démocrates : en février, le caucus de l’Iowa et les primaires du New Hampshire, le caucus du Nevada et les primaires de la Caroline du Sud. La campagne reprendra (peut-être) un rythme plus normal.

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